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"La Guerre du Kippour", de Frédéric Chouraki : un Grand Pardon voué au désastre

Le romancier élabore une comédie burlesque qui mixe querelles familiales, sexualité débridée et mystique juive.

Par Emilie Grangeray

Publié le 10 juin 2010 à 17h24, modifié le 10 juin 2010 à 17h24

Temps de Lecture 2 min.

De Frédéric Chouraki, on sait peu de chose. Qu'il est né à Paris en 1972. Qu'il est féru de tennis féminin et de mystique juive. Qu'il a surtout le don de nous embarquer (depuis Ces corps vides, Le Dilettante, 1999) dans des histoires hautement rocambolesques et terriblement drôles. Que ses protagonistes sont, le plus souvent, juifs et bisexuels. Mais l'on pourrait ajouter irrésistibles et insupportables, doués et flegmatiques, abusant de façon éhontée de leur charme et de leur rhétorique talmudique pour se faire aimer.

En cela, le narrateur de son dernier et cinquième roman ne fait pas exception. Fred Bronstein, nègre pour des romans homos à l'eau de rose ("le Marc Levy des backrooms"), a longtemps navigué en eaux troubles - garçons musclés et putes africaines - avant que Popeline ne l'ensorcelle. Elevée dans une bourgade des Landes, cette rousse démoniaque est aussi sensuelle que peu casher. Raison pour laquelle notre "Solal au petit pied" est décidé à la présenter à ses pratiquants de parents ("J'ai bien l'intention de régler mon compte (...) avec une ascendance étouffante"). Et qu'il choisit, entre toutes, la plus importante des fêtes juives : Yom Kippour - "Petit rappel pour les profanes, athées, goyim et autres béotiens de la res judaica : étymologiquement "jour du Grand Pardon", où les juifs du monde entier jeûnent une pleine journée pour expier leurs péchés de l'année".

Popeline, quant à elle, n'accomplit pas ce pèlerinage spirituel par amour pour lui, encore moins pour Yahvé, mais pour perdre quelques kilos et parce qu'elle a longtemps rêvé de ce Yalta avec la mère de son cher circoncis : "J'espère de tout mon coeur qu'elle va me détester." Burlesque, loufoque, voué au désastre, leur amour qui oscille entre orgasmes et engueulades va ici trouver son meilleur terrain de jeu. Coincés entre une mère "égocentrée" et un père très à cheval sur les conventions - il souhaite que son fils épouse une agrégée de lettres ashkénaze -, nos deux tourtereaux se livrent à des joutes oratoires de haut vol. Et Frédéric Chouraki s'en donne une fois de plus à coeur joie, et ce pour notre plus grand plaisir : dialogues ciselés et mordants, valse de bons mots et mauvais esprit, La Guerre du Kippour est un roman gorgé de références cinématographiques et de mystique juive, savamment insolent et férocement iconoclaste.


LA GUERRE DU KIPPOUR

de Frédéric Chouraki. Le Dilettante, 192 p., 16 €.

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