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Proche-Orient : Washington programme les négociations

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou (à gauche) serre la main du représentant de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas (à droite), devant Barack Obama le 22 septembre dernier à New York. REUTERS

Obama invite Israéliens et Palestiniens à renouer le dialogue direct le 2 septembre. Mahmoud Abbas et l'Organisation de libération de la Palestine ont donné leur accord.

Israéliens et Palestiniens ont rendez-vous le 2 septembre à Washington. Ce jour-là, Barack Obama, flanqué de Benyamin Nétanyahou et de Mahmoud Abbas, donnera officiellement le coup d'envoi de négociations directes, gelées depuis dix-neuf mois. Un succès diplomatique annoncé vendredi par Hillary Clinton, la secrétaire d'État américaine, et confirmé par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) selon l'un de ses responsables. Mais l'embellie risque de tourner court. Les difficultés rencontrées pour convaincre le président palestinien et le premier ministre israélien de s'asseoir à la même table augurent mal de l'avenir.

Un exemple : les deux parties vont répondre en fait à deux invitations. Mahmoud Abbas a accepté d'aller à Washington sur la base d'une déclaration publiée hier par le Quartette pour le Proche-Orient. Ce texte concocté laborieusement par les États-Unis, l'Union européenne, la Russie et l'ONU affirme qu'un accord de paix «peut être obtenu en un an» pour mettre fin à «l'occupation (israélienne) qui a débuté en 1967», sans toutefois exiger de façon explicite un gel de la colonisation israélienne en Cisjordanie. Malgré ces précautions de langage, des proches de Benyamin Nétanyahou ont fait savoir hier qu'il n'irait à Washington qu'en réponse à l'invitation des États-Unis, formulée sans aucune condition préalable.

L'écueil de l'ordre du jour

Bref, le climat reste à la méfiance. Les Palestiniens, qui redoutaient de faire un cadeau à Israël en acceptant de négocier directement, ont traîné les pieds. Mais Mahmoud Abbas a été soumis à de telles pressions internationales qu'il a dû céder. Pour répondre aux critiques des islamistes du Hamas qui contrôlent la bande de Gaza et obtenir le feu vert de l'OLP, il ne manque pas d'expliquer que la déclaration du Quartette, malgré ses ambiguïtés, offre des garanties - en fixant l'objectif d'une date butoir pour ces négociations, en prônant implicitement un retrait israélien de Cisjordanie et de la partie arabe de Jérusalem, ainsi qu'un gel total de la colonisation israélienne.

Benyamin Nétanyahou devrait lui aussi pouvoir calmer les «durs» de sa coalition. Sur le dossier hypersensible de la colonisation, il a refusé de prolonger le moratoire de dix mois de la construction de logements dans les colonies de Cisjordanie, qui arrive à expiration le 26 septembre. Tout au plus pourrait-il, selon plusieurs de ses proches, accepter de relancer les chantiers uniquement dans les blocs de grandes colonies qui doivent, selon lui, être annexés à Israël dans le cadre de tout accord de paix final. Les constructions dans les petites colonies isolées, qui pourraient être démantelées ou passer sous souveraineté palestinienne, continueraient en revanche à être gelées. Les commentateurs estiment qu'il ne peut pas aller plus loin, sauf à risquer l'implosion de sa coalition, formée notamment de partis ultranationalistes et religieux.

Sur d'autres fronts, Benyamin Nétanyahou ne semble en revanche pas disposé à la moindre concession pouvant constituer une «menace» pour Israël. Il exige ainsi une présence permanente de l'armée israélienne dans la vallée du Jourdain, le long de la frontière avec la Jordanie, et n'accepte pas un partage de Jérusalem, considérée comme la capitale «éternelle et indivisible» d'Israël. Le premier ministre estime en outre que les questions de sécurité devront être discutées en priorité, contrairement aux Palestiniens qui veulent évoquer d'abord le tracé des frontières. Autant dire que fixer un ordre du jour ne s'annonce pas comme une partie de plaisir.

Les Américains devront sans doute, une fois de plus, s'impliquer lourdement dans ces négociations «directes» s'ils ne veulent pas voir des mois de tractations diplomatiques aboutir rapidement à un nouveau fiasco. George Mitchell n'a pas exclu hier qu'en cas de blocage les États-Unis proposent des «compromis». Hillary Clinton s'est montrée d'un optimisme très mesuré : «Il y a eu des difficultés dans le passé, il y en aura devant nous. Je demande aux parties de persévérer.»

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