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Négociations dans la méfiance entre la Palestine et Israël

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas , en novembre dernier. AFP

Benyamin Nétanyahou et Mahmoud Abbas débutent demain des tractations directes à Washington.

Israéliens et Palestiniens se sont envolés pour leur rencontre de Washington pleins de méfiance réciproque. Avant même d'avoir commencé, les négociations directes qui s'ouvrent demain dans la capitale fédérale américaine ne suscitent pas beaucoup d'espoir chez les parties concernées. Les efforts de la diplomatie américaine, qui a mis plus d'un an et demi à convaincre les deux parties de reprendre des pourparlers directs, n'ont pas réussi à insuffler le moindre climat de confiance.

Chaque partie semble n'aller à cette rencontre qu'à reculons et de mauvaise grâce, n'attendant que l'occasion de dénoncer la mauvaise volonté adverse et faisant d'avance porter la responsabilité d'un échec à son interlocuteur. Les Palestiniens ne font aucun crédit à un gouvernement israélien qui ne s'est rallié que du bout des lèvres à la solution d'un État palestinien. De leur côté, les Israéliens sont sceptiques quant à la capacité et la volonté de Mahmoud Abbas d'accepter un compromis comme de garantir son application.

Absence de garanties

Au-delà des questions presque insolubles en suspens, le désaccord porte sur la nature même de ces négociations. Les Palestiniens veulent qu'elles soient menées sur le principe d'un échange de «la terre contre la paix» qui a guidé toutes les initiatives diplomatiques depuis la conférence de Madrid en 1991. Mahmoud Abbas souhaiterait reprendre les discussions au point où elles se sont arrêtées avec Ehoud Olmert en 2008, sur la base de toutes les résolutions de l'ONU et plans de paix déjà acceptés au cours des années écoulées, notamment l'initiative arabe de 2002 et la feuille de route établie en 2003 par le Quartet (organe formé par l'ONU, les États-Unis, l'Union européenne et la Russie).

Nétanyahou, qui a accepté pour la première fois le principe d'un État palestinien lors de son discours à l'université de Bar-Ilan en juin 2009, l'assortissant de nombreuses réserves et limitations de souveraineté, évite cependant systématiquement toute référence aux accords passés, y compris à ceux d'Oslo de 1993, et souhaite repartir de zéro.

Les Palestiniens ont réclamé des garanties préalables sur le gel de la colonisation et sur les objectifs finaux de ce dialogue: partage de Jérusalem, re­connaissance du droit au retour des réfugiés palestiniens et retour aux frontières de 1967. Ils n'en ont obtenu aucune.

Les conditions de Nétanyahou, la reconnaissance d'Israël par les Palestiniens comme État du peuple juif, l'assurance qu'un accord marque le règlement final du conflit et l'abandon de toutes revendications ultérieures, et des garanties qu'un retrait de Cisjordanie ne sera pas suivi d'attaques à partir des zones évacuées, n'ont pas non plus été remplies.

Les deux dirigeants se sont d'avance mutuellement rejeté la responsabilité de l'échec éventuel de cette nouvelle négociation. «Je suis conscient des difficultés et ne les minimise pas», a dit Nétanyahou, qui avait assuré auparavant de son intention d'«étonner les sceptiques». «La question fondamentale est de savoir si les Palestiniens sont prêts à avancer en vue d'une paix qui réglera le conflit pour des générations.»

Questions de principe

Mahmoud Abbas a prévenu avant son départ lundi soir pour Washington qu'il n'entendait renoncer à aucun des engagements donnés par le passé aux Palestiniens par la communauté internationale. «Nous n'en abandonnerons aucun. Nous ne nous laisserons pas entraîner dans des labyrinthes ou des discussions de détails.» «Le gouvernement d'Israël assumera l'entière responsabilité du risque d'échec et d'effondrement des négociations si les activités de colonisation continuent dans l'ensemble des territoires palestiniens occupés en 1967.»

Sans même aborder les questions de principe jusqu'à présent irréconciliables, comme le partage de Jérusalem ou le droit au retour des réfugiés, la question du gel des constructions menace avant même la fin du mois de septembre de faire capoter les efforts américains. Le gel de dix mois des nouvelles constructions dans les colonies décidé par Nétanyahou à l'automne 2009 arrive à expiration le 26 septembre prochain.

Le premier ministre israélien a fait savoir qu'il n'avait pas l'intention de reconduire cette mesure. Nétanyahou a dit aussi que la proposition du ministre chargé des services de renseignements, Dan Méridor, d'envisager un demi-gel excluant les grands blocs de colonies, ne relevait que de la simple opinion personnelle de son ministre. «L'avenir des implantations sera discuté lors des discussions sur un accord final avec d'autres questions», a dit un membre de son cabinet. Il n'est pas certain que les négociations arrivent jusqu'à ce stade.

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