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Obama oblige Israéliens et Palestiniens à négocier

REUTERS

Pour Washington, le contexte régional se prête au dialogue direct qui est amorcé ce eudi entre Israéliens et Palestiniens. Nétanyahou est allé jusqu'à qualifier le président palestinien Mahmoud Abbas de «partenaire pour la paix».

Un jour après avoir solennellement annoncé la fin de la mission de combat de l'armée américaine en Irak depuis le Bureau ovale, Barack Obama a ouvert mercredi pour deux jours à Washington un marathon diplomatique hautement médiatisé, destiné à lancer dès jeudi des négociations de paix directes entre Israéliens et Palestiniens.

Au vu de l'attention soutenue portée par le président dans son discours de mardi à la «reconstruction» de la «maison Amérique», ce grand ballet diplomatique - qui a débuté à la Maison-Blanche par des rencontres bilatérales d'Obama avec l'Israélien Benyamin Nétanyahou, le Palestinien Mahmoud Abbas, le roi Abdallah de Jordanie et le président égyptien Hosni Moubarak - peut apparaître comme un paradoxe. Mais l'Administration américaine, qui dit vouloir donner la priorité au redressement interne du pays pour mieux assurer le maintien de son leadership mondial, voit au contraire dans ce calendrier une logique porteuse d'espoir. Elle entend en effet profiter de l'effet positif du retrait d'Irak pour capitaliser sur les deux autres casse-tête qu'elle a à gérer dans la région : l'Iran et le conflit israélo-palestinien.

À tort ou à raison, les différentes administrations américaines ont été persuadées qu'avancer sur le conflit israélo-palestinien permettrait d'apaiser les sentiments antiaméricains du monde arabe et d'amener l'Iran à la négociation. Ce fut le postulat de Bill Clinton en 2000, qui réalisa que le lien jouait malheureusement dans les deux sens et qu'un échec de la paix allait durcir la position de l'Irak de Saddam Hussein et de l'Iran des mollahs. George W. Bush avait à son tour espéré que l'avènement de la démocratie en Irak, promise après l'invasion de 2003, changerait les données du jeu moyen-oriental, suscitant un effet levier en faveur de la paix. Mais l'enlisement des GI sur le terrain irakien allait au contraire conforter l'Iran et ses pions du Hamas et du Hezbollah.

«La victoire génère la victoire»

Aujourd'hui, Washington juge le contexte susceptible de créer un cercle vertueux. «Il y a trois grosses pièces du jeu d'échecs ici, et dans chacun de ces endroits, nous sommes sur le point d'avoir un succès», a déclaré dans le New York Times le secrétaire général de la Maison-Blanche, Rahm Emanuel. «La victoire génère la victoire», parie-t-il.

L'équipe Obama estime que la stabilisation potentielle de l'Irak, le lourd régime de sanctions qu'elle a réussi à mettre en place contre l'Iran, de même que les progrès en matière de sécurité réalisés par l'Autorité palestinienne créent une donne favorable. «J'ai rencontré chacun des leaders essentiels», a estimé mercredi le vice-président Joe Biden à Bagdad, et «je suis absolument convaincu qu'ils sont proches de la formation d'un gouvernement» en Irak, s'est-il réjoui, en désaccord avec quelques Cassandre qui parient sur la guerre civile.

De son côté, après sa rencontre avec Abbas, le président Obama a affirmé que des «progrès» avaient été accomplis, tandis que Nétabyahou assurait, lui, vouloir mettre fin «une fois pour toutes» au conflit, qualifiant Abbas de «partenaire de la paix».

En contraste avec ces notes d'espoir, beaucoup d'observateurs se disent pourtant pessimistes sur les chances de succès des nouvelles négociations directes, invoquant le manque de conviction de Nétanyahou et d'Abbas. Si le président de l'Autorité palestinienne a souligné son désir d'arriver à un accord «même s'il n'y a que 1 % de chance d'y parvenir», si le premier ministre israélien dit avoir «l'intention d'étonner les sceptiques», les deux hommes sont en désaccord sur l'ordre des priorités. Nétanyahou espère se concentrer d'abord sur la sécurité, tandis qu'Abbas veut des garanties sur les frontières et la fin de la colonisation israélienne. La question la plus urgente pour les médiateurs américains sera d'ailleurs de convaincre Israël de prolonger le moratoire sur les implantations, censé expirer le 26 septembre, en soi une vraie gageure.

Gendarme crédible du monde

Beaucoup d'autres obstacles se profilent, et notamment la question de Jérusalem. La ville restera «la capitale indivisible d'Israël», a déclaré un proche de Nétanyahou mercredi, contredisant le ministre de la Défense, Ehoud Barak. L'ombre du Hamas, qui reste à l'écart du processus, pèsera aussi lourdement sur les débats, comme l'a encore montré l'attaque qui a tué quatre colons israéliens mardi en Cisjordanie. En apprenant la nouvelle à la veille de l'ouverture des pourparlers, Mahmoud Abbas aurait d'ailleurs accusé le coup lors d'une rencontre avec Hillary Clinton, condamnant aussitôt ces violences que ses forces ont échoué à prévenir.

Au bout du compte, ce qui pourrait «sauver la paix» est précisément le fait que la solution de deux États, préconisée par Obama, soit presque «sur son lit de mort», selon l'expression de l'ancien ministre jordanien Marwan Muascher dans une note de la Fondation Carnegie. Les conséquences potentiellement explosives d'un échec pourraient pousser les puissances arabes à s'impliquer, avec l'aide des Américains. Mais cela suppose d'agir vite, ajoute Muascher.

Hillary Clinton a parlé d'un délai d'un an pour arracher un accord. Mais nul ne semble savoir comment Barack Obama compte s'y prendre pour mener cette très incertaine partie avec plus de succès que ses prédécesseurs, tout en gardant l'?il rivé sur les chiffres de l'économie et les élections à venir. Il n'est pas facile, pour une Amérique qui tente d'enrayer son déclin, de rester le gendarme, crédible, du monde.

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167 commentaires
  • LOUIS 14001

    le

    je ne suis pas d'accord avec ce titre ""obama veut obliger les palestiniens et israeliens a obtenir la paix""non ilfaut enfin que les E U obligent par tous les moyens, les ISRAELIENS a ne pas faire echouer un plan de paix ,par une colonisation galopante, laisser jerusalem avec son statut actuel!!!et laisser enfin libre le peuple palestinien

  • GadVariantes

    le

    Le plan de Paix Arabe, refusé par Israel, propose un Etat sur les seuls territoires occupés de 1967, prend acte de l'appropriation des terres Palestiniennes lors de sa création qui s'est soldé par l’expulsion de 80% des indigènes possesseurs majoritaires de la terre. Les Juifs possédaient environ 6% des terres de Palestine. Il est demandé que soit reconnu le droit et l'histoire : on ne peut effacer une épuration ethnique, on ne peut que la reconnaitre et demander pardon pour tourner la page.

  • Vincent Gaire

    le

    Tout le monde comprend la peine des Amérindiens (sioux , Lakota Apaches , Cheyennes) a qui on prit la terre et mis dans des réserves. Et là pour les palestiniens peu comprennent ... Mais je suis pour la paix !!!

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