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Pourparlers israélo-palestiniens : les dossiers sur la table

Cinq questions de fond doivent être réglées dans l'accord final qu'Israéliens et Palestiniens sont censés trouver au terme des négociations.

Le Monde

Publié le 02 septembre 2010 à 07h26, modifié le 21 septembre 2010 à 09h39

Temps de Lecture 4 min.

Un homme escalade le mur qui sépare la Cisjordanie de Jérusalem.

Les pourparlers de paix directs entre Israéliens et Palestiniens qui ont commencé jeudi 2 septembre s'annoncent épineux. Aucune condition préalable aux négociations n'a été posée et il y a peu d'espoir de compromis autour des cinq principales questions qui doivent être résolues dans l'accord final.

  • La question des colonies

Ce sujet est le plus délicat. Mercredi, à quelques heures des négociations, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a redit qu'il n'envisageait pas de reconduire le moratoire de dix mois sur la construction de colonies de Cisjordanie, qui arrive à expiration le 26 septembre. Lundi, la radio militaire israélienne a par ailleurs indiqué que "plusieurs milliers" de logements pourraient commencer à être construits dès le 27 septembre dans 57 colonies.

Or, dès dimanche, le président palestinien, Mahmoud Abbas, avait prévenu qu'il ne négocierait plus si les constructions reprenaient et, mercredi, dans une tribune au New York Times,le président égyptien, Hosni Moubarak, partenaire des négociations, a affirmé que le "gel complet de la colonisation (...) [était] crucial pour le succès des négociations".

La seule chose qu'Israël pourrait être prêt à concéder serait le gel des colonies isolées en Cisjordanie. Mais l'Etat hébreu resterait inflexible sur la reprise des chantiers dans les grands blocs d'implantations où vivent la majorité des 300 000 colons juifs, hors Jérusalem-Est.

  • La création d'un Etat palestinien

Les Palestiniens veulent proclamer un Etat souverain sur l'ensemble des territoires palestiniens occupés par Israël en juin 1967 : Jérusalem-Est, toute la Cisjordanie et la bande de Gaza. Israël réclame la démilitarisation, le contrôle de l'espace aérien et des frontières extérieures d'un tel Etat. Pour la première fois, en juin 2009, Nétanyahou avait timidement évoqué la création d'un Etat palestinien.

Mais, de fait, la Palestine est déjà un Etat. L'Autorité palestinienne vient même d'obtenir de l'Union postale universelle, un service de l'ONU, son propre code postal – pour ne plus écrire "via Israël" sur les enveloppes. En juillet, Washington a aussi renforcé la légitimité des territoires palestiniens en octroyant à la délégation palestinienne le statut de "délégation générale".

Enfin, il y a un an, le premier ministre palestinien Salam Fayyad, a lancé un plan d'action pour établir les bases d'un Etat via la construction d'écoles et d'infrastructures afin de "mettre suffisamment de pression sur le processus politique pour pousser à la fin de l'occupation".

Mardi, il a estimé que, d'ici à 2011, "l'Autorité palestinienne à tous les niveaux – les individus, la société civile, les institutions gouvernementales, les responsables – [aura] atteint la masse critique de changement positif sur le terrain pour permettre l'émergence de l'Etat de Palestine indépendant et souverain".

  • Jérusalem comme capitale

Israël considère Jérusalem comme sa capitale "indivisible et éternelle" et veut garder le contrôle du "bassin sacré" comprenant la Vieille ville, site de certains des principaux lieux saints des trois monothéismes. L'Autorité palestinienne veut, elle, faire de Jérusalem-Est, dont l'annexion par Israël en 1967 n'a jamais été reconnue par la communauté internationale et où vivent 260 000 Palestiniens et plus de 200 000 Israéliens, la capitale de son Etat.

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Mercredi, le ministre de la défense israélien, Ehoud Barak, a laissé miroiter un espoir de compromis via un partage de Jérusalem, dans une interview au quotidien Haaretz. Mais il a rapidement été contredit par un responsable de la délégation de Nétanyahou qui a réaffirmé que "Jérusalem restera la capitale indivisible d'Israël".

  • Le droit au retour

Il y a plus de quatre millions de réfugiés palestiniens, en grande majorité des descendants des 700 000 Palestiniens ayant fui de gré ou de force à la création de l'Etat d'Israël en 1948. Les Palestiniens exigent qu'Israël reconnaisse un droit au retour des réfugiés dans ses frontières, conformément à la résolution 194 de l'Assemblée générale de l'ONU.

M. Nétanyahou veut lui d'abord que les Palestiniens reconnaissent Israël "comme l'Etat du peuple juif" afin de garantir que la question des réfugiés sera résolue dans le cadre du futur Etat palestinien. "Il faut des arrangements de sécurité concrets sur le terrain qui garantiront que ne se reproduira pas en Judée Samarie [Cisjordanie] ce qui s'est passé au Liban et à Gaza après les retraits israéliens" unilatéraux de 2000 et 2005, a-t-il déclaré dimanche, en référence aux attaques anti-israéliennes à partir de ces territoires.

  • La gestion de l'eau

Israël se réserve une grande partie des nappes phréatiques dans le sous-sol de la Cisjordanie. Les Palestiniens, qui ont l'interdiction de creuser des puits et qui sont obligés d'acheter l'eau auprès de Mekorot, la compagnie d'eau israélienne, réclament un partage équitable.

Selon Amnesty International, la consommation d'eau annuelle des Israéliens est quatre fois plus importante que celle des Palestiniens. L'organisation estime en outre que "Israël utilise plus de 80 % de l'eau provenant de l'aquifère de montagne, principale source souterraine en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, tout en limitant à seulement 20 % la consommation des Palestiniens. Or, il s'agit de l'unique source d'eau pour les Palestiniens en Cisjordanie, alors qu'Israël dispose de plusieurs sources d'approvisionnement et utilise toute l'eau disponible du Jourdain".

Hélène Bekmezian

Pour en savoir plus :

- Sur les colonies : voir la carte "La Cisjordanie occupée"

- Sur Jérusalem : voir la carte "Jérusalem au cœur du conflit"

- Sur la gestion de l'eau : le rapport complet d'Amnesty international et celui de la Banque mondiale

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