Lancement officiel des négociations entre Israéliens et Palestiniens

Après deux ans d'interruption, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a ouvert jeudi les premiers pourparlers directs Israéliens et Palestiniens depuis deux ans.Le Hamas promet de continuer ses attaquesDialogue israëlo-Palestinien : De Gucht sceptique

AP
Lancement officiel des négociations entre Israéliens et Palestiniens
©AP

Après deux ans d'interruption, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a ouvert jeudi les premiers pourparlers directs Israéliens et Palestiniens depuis deux ans.

Dans une cérémonie au département d'Etat, la cheffe de la diplomatie américaine a assuré que l'administration Obama était déterminée à trouver un accord d'ici à une année. Mais elle a souligné que les Etats-Unis "ne pouvaient pas imposer une solution" dans le conflit.

Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s'est exprimé le premier, qualifiant le président palestinien Mahmoud Abbas de partenaire pour la paix.

Après une journée entière de discussions à la Maison Blanche avec Barack Obama mercredi, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas se sont retrouvés autour d'une table jeudi vers 10h heure locale (16h heure de Paris) pour la première fois, avec l'espoir pour l'administration américaine de voir la création d'un Etat palestinien d'ici à un an.

"Cette opportunité risque ne pas se représenter", a prévenu Barack Obama mercredi soir à la Maison Blanche, se déclarant "prudemment optimiste". Sur le terrain, le Hamas a renvendiqué deux attaques meurtrières contre des Israéliens, cherchant à torpiller le processus de paix.

Il s'agit des premiers pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens depuis décembre 2008. Mais les attentes sont faibles en raison de la persistance de nombreuses divergences et de tensions entre les deux parties, notamment suite à la fusillade de mardi revendiquée par le Hamas.

Des responsables israéliens ont estimé qu'il s'agissait d'une tentative de sabotage des discussions. Mercredi, des colons juifs vivant en Cisjordanie ont affirmé qu'ils violeraient le gel imposé par le gouvernement sur les constructions dans leur communauté pour protester contre l'attaque.

Netanyahu à Abbas: reconnaissez Israël comme un Etat juif

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a demandé jeudi au président palestinien Mahmoud Abbas de reconnaître la qualité d'Etat juif d'Israël, annonçant aussi "des concessions douloureuses" des deux parties pour atteindre la paix au Proche-Orient.

"Nous attendons que vous reconnaissiez Israël comme l'Etat-nation du peuple juif", a-t-il dit à l'ouverture du premier dialogue direct depuis 20 mois.

"Il est possible de concilier un Etat palestinien avec la sécurité d'Israël", a-t-il lancé en ouverture du premier dialogue direct depuis 20 mois.

"C'est une chance sans précédent de mettre fin à un conflit d'un siècle", mais atteindre la paix "ne sera pas facile. Une paix véritable et durable ne sera obtenue que par des concessions douloureuses des deux côtés", a-t-il ajouté.

"Nous nous attendons à des jours difficiles avant que nous n'obtenions la paix", a-t-il assuré, remerciant M. Abbas d'avoir condamné les attentats des derniers jours contre des colons juifs en Cisjordanie.

M. Netanyahu a aussi cité en exemple l'épisode biblique tiré de la Genèse dans lequel les deux fils d'Abraham, fondateurs respectivement de la nation juive et de la nation arabe, joignent leurs efforts pour enterrer leur père. "Shalom, Salaam, Peace", a-t-il conclu.

Abbas demande l'arrêt de la colonisation et de l'embargo à Gaza

Le président palestinien Mahmoud Abbas a demandé jeudi, à l'ouverture du dialogue direct israélo-palestinien, l'arrêt complet de la colonisation juive et la levée totale de l'embargo contre Gaza. "Nous appelons le gouvernement israélien à progresser dans son engagement de mettre fin à toute activité de colonisation, et de lever complètement l'embargo sur la bande de Gaza".

M. Abbas, qui s'est également engagé en faveur de la sécurité, a été le dernier à parler en ouverture des pourparlers, après la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Les deux hommes, assis respectivement à gauche et à droite d'une Mme Clinton très souriante, se sont ensuite serré la main. M. Abbas a même levé le pouce vers M. Netanyahu.

Abbas à Netanyahu: "La sécurité est vitale pour nous et pour vous"

Le président palestinien Mahmoud Abbas a insisté jeudi sur le rejet de la violence, lors de l'ouverture à Washington du dialogue de paix israélo-palestinien, endeuillé par des attentats en Cisjordanie ces derniers jours.

"Nous considérons la sécurité comme essentielle et vitale tant pour nous que pour vous, et nous n'accepterons pas que quiconque commette des actes contre votre sécurité et la nôtre", a-t-il lancé à l'adresse du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

M. Abbas a encore affirmé que la sécurité était "un droit" pour "les Palestiniens et les Israéliens", et assuré "travailler sérieusement à la sécurité". Il a précisé que l'enquête sur l'attaque meurtrière d'Hébron progressait.

Israël et l'Autorité palestinienne ont lancé ensemble une offensive contre le Hamas, après deux attaques anti-israéliennes en 24 heures en Cisjordanie occupée.

Le mouvement islamiste palestinien, qui détient le pouvoir à Gaza, a revendiqué deux "opérations héroïques" visant des colons, la première mardi qui a coûté la vie à quatre colons près de Hébron, et la seconde qui a fait deux blessés mercredi soir à l'est de Ramallah, capitale politique de la Cisjordanie.

Les grands dossiers en litige du conflit israélo-palestinien

Dix-sept ans après le lancement du processus de paix israélo-palestinien à Oslo, les positions de départ des deux parties demeurent très éloignées bien que les contours d'un accord de paix soient largement connus.

1) CREATION D'UN ETAT PALESTINIEN ET SES POUVOIRS:

Les Palestiniens veulent proclamer un Etat souverain sur l'ensemble des territoires palestiniens occupés par Israël en juin 1967: Jérusalem-Est, toute la Cisjordanie et la bande de Gaza. Israël réclame la démilitarisation de cet Etat, le contrôle de son espace aérien et de ses frontières extérieures.

2) TRACE DES FRONTIERES DE L'ETAT PALESTINIEN, SORT DES COLONIES:

Les Palestiniens exigent un retrait israélien de tous les territoires occupés depuis 1967, mais sont disposés à accepter des modifications frontalières mineures sur la base d'échanges de territoires équivalents avec Israël. Israël exclut catégoriquement un retour aux frontières d'avant 1967 mais est prêt à des retraits en Cisjordanie. Il entend annexer les blocs d'implantations où vivent la grande majorité des 300.000 colons juifs, hors Jérusalem-Est.

Les Palestiniens exigent le gel de la colonisation, qui compromet la continuité territoriale du futur Etat. Ils ont prévenu qu'une reprise des activités de colonisation signerait la fin des pourparlers.

3) STATUT DE JERUSALEM:

Israël considère Jérusalem, y compris sa partie orientale, comme sa capitale "indivisible et éternelle". L'Autorité palestinienne veut faire de Jérusalem-Est, dont l'annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale et où vivent 260.000 Palestiniens et plus de 200.000 Israéliens, la capitale de son Etat. Israël insiste pour garder le contrôle du "Bassin sacré" comprenant la Vieille ville, site de certains des principaux lieux saints des trois monothéismes (islam, judaïsme et christianisme). Les Palestiniens s'y opposent catégoriquement.

4) SORT DES REFUGIES:

Il y a plus de quatre millions de réfugiés palestiniens, en grande majorité des descendants des quelque 700.000 Palestiniens ayant fui ou été chassés de leur terre à la création de l'Etat d'Israël en 1948. Les Palestiniens exigent qu'Israël reconnaisse un droit au retour des réfugiés dans ses frontières, conformément à la résolution 194 de l'Assemblée générale de l'ONU. En pratique, les négociateurs palestiniens ont surtout insisté sur la reconnaissance de principe de ce droit plutôt que sur son application qui dépendrait en fait d'Israël. Israël refuse catégoriquement l'application de ce "droit au retour". Le Premier ministre Benjamin Netanyahu veut que les Palestiniens reconnaissent Israël "comme l'Etat du peuple juif" afin, selon lui, de garantir que la question des réfugiés sera résolue dans le cadre du futur Etat palestinien.

5) CONTROLE DES RESSOURCES EN EAU:

Israël se réserve une grande partie des nappes phréatiques dans le sous-sol de la Cisjordanie. Les Palestiniens réclament un partage équitable.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...