Négociations au Proche-Orient, round deux

Comme convenu au début du mois à Washington, Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahou entament un deuxième round de négociations de paix. Leurs entretiens débuteront ce mardi à Charm-E-Cheikh (Egypte) et devraient se poursuivre mercredi à Jérusalem. Une majorité d'Israéliens pour la reprise de la colonisation Netanyahu ne veut pas torpiller les pourparlers Quand les faucons se liment les serres

Renée-Anne Gutter
Négociations au Proche-Orient, round deux
©AP

Correspondante à Jérusalem Comme convenu au début du mois à Washington, Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahou entament un deuxième round de négociations de paix. Leurs entretiens débuteront ce mardi à Charm-E-Cheikh (Egypte) et devraient se poursuivre mercredi à Jérusalem.

La secrétaire d’Etat Hillary Clinton et l’émissaire George Mitchell y seront durant les deux jours. Car Barack Obama l’a répété : son administration "ne cessera d’œuvrer" pour la réussite du processus.

Et précisément, la pression américaine serait-elle en voie de désamorcer la première crise ? Officiellement, les négociateurs palestiniens maintiennent leur menace de claquer la porte si Israël ne prolonge pas son gel de l’expansion juive en territoire palestinien, qui expire à la fin du mois. Mais officieusement, selon des sources palestiniennes citées lundi sur le site d’actualité israélien Ynet, généralement bien informé, le raïs pourrait se résigner à fermer les yeux sur une reprise partielle de la construction juive. Du moins, si elle se fait dans les colonies proches de la frontière israélienne, susceptibles d’être annexés à Israël dans un échange de territoires.

Or, depuis dimanche, le Premier ministre israélien ne cache plus qu’il envisage de "dégeler" seulement une partie des 20 000 chantiers planifiés par les colons. Il pourrait par exemple laisser bâtir autant de logements - quelque 2 000 par an - que son prédécesseur Ehoud Olmert autorisait alors même que celui-ci négociait avec Mahmoud Abbas et que M. Abbas n’y voyait pas motif à crise.

L’éventualité d’un compromis sera en tout cas à l’agenda ce mardi à Charm-E-Cheikh. A la colère des colons qui menacent de débouter M. Netanyahou du pouvoir.

Sur d’autres questions, le fossé reste entier. M. Netanyahou est disposé à atteindre un accord-cadre dans un an, mais avec mise en œuvre à étaler sur des dizaines d’années, de façon à tester chaque étape d’application palestinienne avant de procéder à des concessions israéliennes. M. Abbas rejette cette conception de règlement à caractère conditionnel qui permettrait à M. Netanyahou de gagner du temps et pérenniser l’occupation. Les Palestiniens veulent pouvoir proclamer l’indépendance dans un an, avec un règlement précis et contraignant, à exécution rapide.

M. Netanyahou maintient également ses priorités. Les Palestiniens doivent avant tout reconnaître Israël comme Etat-nation du peuple juif. Les pourparlers doivent régler en premier lieu les modalités de sécurité pour le futur Etat palestinien. L’accord final devra marquer la fin officielle du conflit, et les Palestiniens ne pourront plus avoir de revendications supplémentaires, territoriales ou autres.

M. Abbas exige que les pourparlers fixent en premier lieu les frontières de la future Palestine, y compris à Jérusalem. Et pas question de reconnaître Israël comme l’Etat des Juifs, car cela fermera la porte au retour de réfugiés palestiniens.

Les observateurs épinglent une autre disparité. Le raïs est fin prêt pour la négociation, logistique comprise. Il est épaulé par le "Département des négociations" de l’Olp, créé en 1994 après les accords d’Oslo. Ses 220 experts, répartis en 14 commissions de travail, ont préparé des dossiers circonstanciés sur chaque thème et resteront sur la brèche tout au long des pourparlers. M. Netanyahou n’a encore rien organisé de substantiel, ni au niveau des équipes de travail, ni au niveau du matériel de base. Voulant rester maître de sa négociation, il s’appuie à ce stade uniquement sur ses plus proches collaborateurs personnels.


Après le 26 septembreQuelque 13 000 logements pourront immédiatement être construits dans les colonies de Cisjordanie occupée après la fin, le 26 septembre, du moratoire de dix mois décrété par Israël, a indiqué lundi l’ONG israélienne anti-colonisation "La Paix Maintenant". "Si le gel de la construction n’est pas prolongé, les colons pourront en théorie construire environ 13 000 logements sans la moindre approbation supplémentaire du gouvernement", affirme l’ONG dans un communiqué. "Des permis de construire ont été octroyés pour au moins 2 066 logements dont les fondations sont déjà prêtes, et des centaines d’autres dont les fondations n’ont pas encore été construites pourront être érigées dès la fin du gel", précise-t-elle. Selon l’ONG, "au moins 11 000 autres logements dont la construction a été entérinée pourront être bâtis sans autre approbation gouvernementale, dont 5 000 dans des implantations isolées". Interrogé par l’AFP, un responsable gouvernemental a indiqué sous couvert de l’anonymat qu’"environ 2 000 logements entrent dans la catégorie de ceux qui peuvent être construits immédiatement en Judée-Samarie (Cisjordanie) sans autre approbation du gouvernement à l’issue du moratoire".

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...