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Colonisation israélienne : le moratoire de la discorde

A quelques heures de la fin du gel de la colonisation en Cisjordanie décrété il y a dix mois, Israéliens et Palestiniens n'ont toujours pas trouvé de compromis quant à son éventuelle prorogation.

Le Monde

Publié le 24 septembre 2010 à 18h38, modifié le 27 septembre 2010 à 15h30

Temps de Lecture 5 min.

Des enfants israéliens jouent dans la zone industrielle de Metvarim, au sud d'Hébron, en 2010.

Trois semaines après la reprise des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens sous l'égide des Etats-Unis, les discussions sont suspendues à la reconduction ou non du moratoire sur la colonisation en Cisjordanie.

  • De quoi s'agit-il ?

A la demande de Washington qui le considérait comme nécessaire à une relance des pourparlers de paix, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a fait adopter le 25 novembre 2009 un gel partiel d'une durée de dix mois de la construction de colonies en Cisjordanie.

Théoriquement, ce moratoire doit donc prendre fin à l'issue du mois de septembre, mais la date exacte de son expiration a donné lieu à quelques flottements. Pour les responsables politiques israéliens et les organisations de colons, le moratoire prend fin le 26 septembre. L'armée israélienne, elle, se réfère à l'ordre militaire 1653, publié le 26 novembre, qui fixe l'échéance au 30 septembre.

  • Quels territoires sont concernés ?

Le moratoire porte sur les implantations de Cisjordanie, où habitent quelque 300 000 Israéliens installés dans 121 colonies et une centaine d'"avant-postes" (implantations illégales). Ne sont pas concernés les milliers de chantiers engagés avant le 25 novembre et la construction de bâtiments publics, comme les écoles et les synagogues.

Le gel ne porte pas non plus sur Jérusalem-Est, considéré par la communauté internationale comme un territoire occupé qui n'a jamais reconnu son annexion par Israël en juin 1967. Environ 200 000 Israéliens y vivent, notamment dans des quartiers de colonisation.

  • La position palestinienne

Pour l'Autorité palestinienne, le prolongement du moratoire est une condition sine qua non à la poursuite des négociations directes avec Israël. Mahmoud Abbas s'est dit favorable, faute de mieux, à une extension d'"un mois ou deux". Il estime possible de "conclure un accord de paix sur toutes les questions liées au statut final si le gel de la colonisation est prorogé". Par contre, "je ne suis pas prêt à négocier un seul jour si la colonisation reprend", a-t-il affirmé.

  • Un compromis est-il possible ?

D'après un haut responsable du gouvernement israélien qui s'est exprimé vendredi 24 septembre sous couvert de l'anonymat, Israël semble prêt à faire une concession sur les implantations de Cisjordanie. Tel-Aviv "est disposé à parvenir à un compromis agréé par toutes les parties sur la prolongation du gel de la construction, a-t-il déclaré, étant entendu que ce gel ne pourra pas être total."

Des entretiens tripartites se sont tenus mercredi entre le négociateur palestinien Saeb Erekat, son homologue israélien Yitzhak Molcho et l'envoyé spécial américain pour le Proche-Orient, George Mitchell. Trois formules ont été envisagées lors de ses discussions, d'après le quotidien Haaretz :

- La première, proposée par les Palestiniens, vise à étendre de trois mois le moratoire ;

- La deuxième, israélienne, ne prévoit aucune extension du moratoire, mais au contraire une reprise de la construction dans les "blocs" de colonies, dans la limite de la "croissance naturelle" (démographique) des colons ;

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- La troisième formule, suggérée par les Egyptiens, consiste en un gel "silencieux" de la colonisation (c'est-à-dire sans annonce publique) pendant plusieurs mois.

Le parties ne sont parvenues pour l'heure à aucun accord sur ces propositions.

Difficile de savoir si les négociateurs réussiront dans les prochains jours à décrocher un compromis. Ce qui est sûr, c'est que l'annonce faite vendredi tranche singulièrement avec le refus répété du gouvernement israélien de prolonger le gel partiel.

  • De quelle marge de manœuvre dispose Nétanyahou ?

Poussé à faire des concessions par Washington et les Européens, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, doit composer avec la frange la plus droitière de la coalition gouvernementale.

En début de semaine, son ministre des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a menacé de tout mettre en œuvre pour empêcher l'extension du moratoire. Le leader du parti ultranationaliste Israël Beitenou, deuxième composante de la majorité après le Likoud, estime que son mouvement a "suffisamment d'influence et de pouvoir au sein du gouvernement et du Parlement pour faire en sorte qu'aucune proposition de prolongation du gel ne passe".

Cette prise de position en faveur des colons reflète la tendance de l'opinion. Selon un sondage publié mardi 14 septembre par le quotidien populaire Yediot Aharonot, une majorité d'Israéliens souhaitent que la construction reprenne dans les colonies à l'échéance du moratoire. Très pessimistes, 71 % des personnes interrogées ne croient pas que les discussions directes déboucheront sur un accord de paix.

  • La position américaine

Les Etats-Unis ont clairement pris parti en faveur de la reconduction du gel. "Nous pensons que le moratoire devrait être prolongé", a rappelé jeudi Barack Obama.

Le conseil des localités juives de Judée-Samarie (Yesha, principal organisme représentatif des colons) a accusé le président américain "d'avoir cédé aux menaces des Palestiniens de quitter la table des négociations si leurs conditions préalables n'étaient pas remplies".

  • L'inquiétude des colons

Même si le moratoire n'est pas reconduit officiellement, les colons craignent qu'il ne se prolonge malgré tout à cause de tracasseries administratives. Des responsables israéliens avaient laissé entendre que certaines restrictions à la construction pourraient être maintenues de facto dans les colonies isolées. En effet, la Cisjordanie occupée relève de l'armée et donc du ministère de la défense, qui donne en dernier ressort son feu vert aux mises en chantier.

  • 13 000 logements prêts à être construits dans les colonies de Cisjordanie

D'après les statistiques officielles, le moratoire a été plutôt respecté. En 2009, 1 788 constructions avaient été lancées. Le chiffre est tombé à 5 pour les deux premiers trimestres de l'année 2010. Mais à en croire l'organisation israélienne "La paix maintenant", ce coup de frein n'aura aucun effet réel si le gel prend fin comme prévu au bout de dix mois. D'après un rapport de l'ONG publié en août, "les colons pourront en théorie construire environ 13 000 logements sans la moindre approbation supplémentaire du gouvernement" dès octobre.

En effet, "des permis de construire ont été octroyés pour au moins 2 066 logements dont les fondations sont déjà prêtes, et des centaines d'autres dont les fondations n'ont pas encore été construites pourront être érigés dès la fin du gel". Par ailleurs, "au moins 11 000 autres logements dont la construction a été entérinée pourront être bâtis sans autre approbation gouvernementale, dont 5 000 dans des implantations isolées".

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