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PROCHE-ORIENT

Mahmoud Abbas assouplit sa position malgré la fin du gel des colonies

Le gel des constructions israéliennes en Cisjordanie a pris fin dimanche en dépit de l'appel des États-Unis à prolonger le moratoire. Le leader palestinien (à g.) a laissé entendre qu'il poursuivrait malgré tout les discussions avec Israël.

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Le gel des implantations israéliennes en territoire palestinien a pris fin ce dimanche à minuit (heure israélienne). Et pourtant, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, n’a, pour l’heure, pas quitté la table des négociations entamées il y a moins d’un mois à Washington.

Avant même l'expiration officielle du moratoire, des militants de la colonisation ont symboliquement repris la construction dimanche. Plusieurs colons juifs ont posé la première pierre d'un nouveau quartier dans la colonie de Revava, dans le nord de la Cisjordanie. D’autres ont également jeté les fondations d'une crèche dans l'implantation de Kiryat Netafim.

La ministre israélienne des Sports et de la Culture, Limor Livnat, a fait savoir que "des permis de construire ont été octroyés pour au moins 2 066 logements dont les fondations sont déjà prêtes, et des centaines d'autres, dont les fondations n'ont pas encore été construites, pourront être érigés dès la fin du gel". Par ailleurs, "au moins 11 000 autres logements, dont la construction a été entérinée, pourront être bâtis sans autre approbation gouvernementale, dont 5 000 dans des implantations isolées".

Annoncé le 25 novembre 2009 pour une durée de dix mois, le gel portait sur les nouvelles constructions en Cisjordanie, mais pas sur les milliers de chantiers déjà engagés avant cette date, ni sur la construction de bâtiments publics tels que les écoles et les synagogues, ni sur Jérusalem-Est.

Depuis New York, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, inquiet de l'image négative que peuvent susciter des bulldozers démarrant les travaux, a appelé les colons à "faire preuve de retenue et de responsabilité". Dans le même temps, il a diffusé un communiqué appelant Mahmoud Abbas "à poursuivre le dialogue bon et sincère que nous venons de commencer dans le but de conclure un accord de paix historique entre nos deux peuples".

Le texte ne fait aucune mention de l'expiration du moratoire mais Netanyahou avait déjà exclu de le prolonger en dépit des appels de l’administration américaine et de la communauté internationale.

Réunion avec la Ligue arabe le 4 octobre

En visite aujourd’hui à Paris pour rencontrer des représentants de la communauté juive de France ainsi que le président français, Nicolas Sarkozy, et son Premier ministre, François Fillon, Mahmoud Abbas a laissé entendre qu’il était prêt à poursuivre les discussions avec Israël.

Dans une interview accordée au quotidien arabophone "Al Hayat", le président de l’Autorité palestinienne indique qu'il ne suspendra pas immédiatement les pourparlers de paix, même si Israël ne prolonge pas le moratoire sur les constructions neuves en Cisjordanie. De fait, Abbas devra d'abord se tourner vers les institutions palestiniennes et le comité de suivi de la Ligue arabe, qui se réunit le 4 octobre. L’interview à "Al Hayat" a été accordée vendredi mais publiée dimanche seulement.

Depuis deux jours, Abbas faisait pourtant de l’arrêt des constructions juives en Cisjordanie une condition sine qua non à la poursuite des discussions. Israël doit "choisir entre la paix et la poursuite de la colonisation", avait plaidé le chef de l'Autorité palestinienne, samedi, à la tribune de l'ONU. Il avait reçu le soutien de la Ligue arabe.

"Cette interview dans ‘Al Hayat’ est extrêmement surprenante et marque un énorme changement de cap. Il n’avait cessé de répéter qu’il quitterait la table des négociations si Israël ne cédait pas sur le gel des colonies, analyse Gallagher Fenwick, correspondant de FRANCE 24 à Jérusalem. Si ces propos sont confirmés, cela équivaut à un sacrifice politique très sérieux pour Mahmoud Abbas. Le président de l’Autorité palestinienne semble vouloir poursuivre le dialogue israélo-palestinien au prix de sa propre légitimité, qui est déjà contestée par les Palestiniens. Mais il règne une certaine confusion autour de cette interview. J’étais en contact toute la matinée de dimanche avec l’équipe palestinienne de négociations à New York, et elle se refuse à commenter les propos de Mahmoud Abbas dans le journal ‘Al Hayat’."

La réussite du processus de paix encore possible

"Les deux parties appliquent une forme de dialectique, commente Jean-Paul Chagnollaud, professeur de sciences politiques spécialiste de la question palestinienne. Netanyahou et Abbas campent sur leur position et, dans le même temps, ne tirent pas de conclusions définitives." Et de poursuivre : "Je pense qu’ils savent qu’ils ont tout intérêt à poursuivre les négociations car on est dans un moment que je qualifierai presque d’historique. En cas d’échec, ils ont conscience que les efforts de paix seraient enterrés pour très longtemps."

Durant tout le week-end, le président américain, Barack Obama, a accentué la pression sur le gouvernement israélien. Mais aucune solution de compromis n’a été trouvée à New York. Toutefois, Washington a indiqué maintenir ses efforts pour la poursuite des négociations de paix, relancé il y a trois semaines.

Selon Jean-Paul Chagnollaud, la réussite du processus de paix est encore possible. "La question des colonisations doit être repensée dans une question plus globale, à savoir quelles seront les frontières de l’État palestinien ? estime-t-il. Certaines des grosses colonies pourraient être annexées à Israël en échange de territoires israéliens équivalents. Il y a une solution, mais savoir s’il existe une volonté politique reste la vraie question."

 

 

 

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