Le chef en exil du Hamas demande à Abbas de cesser de négocier avec Israël
- Publié le 27-09-2010 à 13h42
- Mis à jour le 27-09-2010 à 15h16
Mahmoud Abbas avait réaffirmé dimanche que la poursuite des pourparlers serait "une perte de temps" si Israël ne maintenait pas son moratoire
Abbas demande à Netanyahu de geler la colonisation
PARIS Le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, a demandé lundi au président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de cesser de négocier avec Israël, alors que la construction a recommencé dans des colonies de Cisjordanie occupée après la fin du moratoire sur la colonisation.
"Je demande à mes frères de l'Autorité palestinienne, qui avaient déclaré ne pas vouloir reprendre les pourparlers avec l'ennemi (israélien) si ce dernier poursuivait la colonisation, de tenir leurs promesses", a déclaré le chef du mouvement islamiste palestinien lors d'une réunion à Damas d'une commission du Parlement arabe, un organe de la Ligue arabe.
"Négocier sans être en position de force est absurde", a-t-il souligné.
Le Premier ministre israélien Benjamin "Netanyahu n'est pas l'homme qui pourrait faire la paix dans la région", a poursuivi M. Mechaal, qui vit à Damas.
A Paris, Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président Abbas, a déclaré plus tôt que les Palestiniens ne se prononceront pas sur la poursuite des négociations de paix avec Israël avant le 4 octobre et des consultations avec les pays arabes lors d'une réunion de la Ligue arabe.
Le président Abbas avait réaffirmé dimanche à Paris que la poursuite des pourparlers serait "une perte de temps" si Israël ne maintenait pas son moratoire.
Les constructions ont recommencé lundi matin dans des colonies de Cisjordanie occupée, mais à une échelle limitée, quelques heures à peine après la fin du moratoire de dix mois. Benjamin Netanyahu a demandé aux colons de faire preuve de "retenue".
Les négociations directes entre Israël et les Palestiniens ont repris le 2 septembre à Washington, sous l'égide des Etats-Unis.
Avancées "sérieuses" en vue d'une réconciliation palestinienne selon le chef du Hamas
Le chef en exil du mouvement islamiste Hamas, Khaled Mechaal, a estimé lundi que des avancées "sérieuses" avaient été réalisées lors de discussions vendredi à Damas avec le mouvement palestinien rival, le Fatah, en vue d'une réconciliation.
"Les pas actuels vers la réconciliation sont sérieux. Le Hamas est satisfait de la rencontre avec le Fatah", le mouvement de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a affirmé lundi M. Mechaal lors d'une réunion de la commission politique du Parlement arabe, un organe de la Ligue arabe.
"La réconciliation est une nécessité nationale. Face à l'obstination sioniste nous ne pouvons que nous réconcilier et nous mettre d'accord", a-t-il lancé.
"Si nous nous réconcilions, mettons de l'ordre dans (la maison) palestinienne et si nous nous accordons sur une stratégie pour gérer le conflit (contre Israël), je pense que nous contraindrons l'ennemi à nous respecter", a poursuivi le chef du Hamas.
L'Egypte effectue une médiation entre le Fatah et le Hamas, qui sont à couteaux tirés depuis la prise de contrôle de la bande de Gaza par le mouvement islamiste en juin 2007.
A l'issue de la rencontre de vendredi, les deux mouvements ont décidé de "tenir prochainement une réunion" pour parvenir à une formule d'entente définitive commune et "se diriger ensuite au Caire afin de signer un accord de réconciliation".
Un accord négocié pendant plusieurs mois sous les auspices de l'Egypte a été signé en octobre 2009 par le Fatah mais le Hamas s'est refusé jusqu'ici à l'endosser.
La signature de cet accord a été reporté à deux reprises par Le Caire en raison des profondes divergences entre le Fatah et le Hamas.
L'Egypte impute au Hamas le blocage des efforts pour une réconciliation entre le mouvement islamiste et l'Autorité palestinienne.
Pas de décision palestinienne immédiate sur la poursuite des négociations
Les Palestiniens ne se prononceront pas immédiatement sur la poursuite des négociations de paix avec Israël, après l'expiration lundi d'un moratoire israélien sur la colonisation en Cisjordanie, ont indiqué à Paris deux responsables palestiniens.
"Il n'y aura pas de réponse officielle avant le 4 octobre", a déclaré à des journalistes le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina.
"Ce jour-là, le président Abbas consultera les pays arabes (lors d'une réunion de la Ligue arabe) et reviendra devant la direction palestinienne pour prendre la bonne décision, pour rendre la bonne réponse", a-t-il ajouté.
Mahmoud Abbas se trouvait à Paris lundi pour un déjeuner de travail avec le président français Nicolas Sarkozy, quelques heures après l'expiration d'un gel partiel de 10 mois de la colonisation israélienne.
"Nous sommes en contact permanent avec l'administration américaine, les efforts américains se poursuivent, mais nous attendons la position finale israélienne et nous pourrons alors formuler une réponse claire", a ajouté le porte-parole.
Mahmoud Abbas devait tenir une conférence de presse commune avec Nicolas Sarkozy lundi en début d'après-midi.
Un autre dirigeant palestinien, Nabil Chaath, a évoqué devant les journalistes un calendrier légèrement différent et indiqué que les Palestiniens tiendraient compte des activités de colonisation sur le terrain pour prendre leur décision.
Nabil Chaath, ancien ministre et l'un des principaux négociateurs palestiniens, a affirmé qu'une réunion des instances dirigeantes de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), suivie d'une conférence de presse, pourrait avoir lieu mercredi, dès le retour de Mahmoud Abbas dans les territoires palestiniens.
"II annoncera notre position officielle après avoir évalué ce qui se passe réellement sur le terrain et dans quelle mesure Israël viole réellement les engagements du moratoire qui n'a pas été prolongé", a-t-il déclaré.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé Mahmoud Abbas à poursuivre les négociations de paix, dans un communiqué publié peu après le terme du moratoire sur la colonisation, dimanche à minuit (22H00 GMT).
"Je lance un appel au président Abbas pour qu'il continue à mener les pourparlers bons et honnêtes que nous venons de lancer pour tenter de parvenir à un accord de paix historique entre nos deux peuples", a déclaré le dirigeant israélien.
Mahmoud Abbas avait réaffirmé dimanche à Paris que la poursuite des pourparlers serait "une perte de temps" si Israël ne maintenait pas son moratoire sur la colonisation.
"Concernant ce qui a été dit hier en Israël, notre position est claire et évidente. Nous sommes prêts à des négociations sérieuses, mais les activités de colonisation doivent cesser immédiatement. C'est la seule manière de poursuivre des discussions fructueuses", a souligné lundi Nabil Abou Roudeina.
Les constructions ont recommencé lundi matin dans des colonies de Cisjordanie occupée, mais à une échelle limitée. Benjamin Netanyahu a demandé aux colons de faire preuve de "retenue".
Les négociations directes entre Israël et les Palestiniens avaient repris le 2 septembre à Washington, sous l'égide des Etats-Unis.
Sarkozy: la colonisation israélienne en Cisjordanie "doit cesser"
Nicolas Sarkozy a estimé lundi que la colonisation israélienne en Cisjordanie "doit cesser" et "déploré" la fin du moratoire décrété il y a dix mois à ce sujet par Israël, lors d'une conférence de presse avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
"Nous avons regretté que les appels unanimes afin de prolonger le moratoire israélien sur la colonisation n'aient pas été entendus, je le déplore", a déclaré M. Sarkozy à l'issue d'un déjeuner avec M. Abbas.
"Ce gel existait depuis huit mois et il fallait le maintenir pour donner toutes ses chances à la négociation. Je le dis devant le président Abbas, la colonisation doit cesser", a-t-il ajouté, confessant son "inquiétude de voir le processus lancé le 2 septembre (...) risquer de s'interrompre si nous ne mobilisons pas".
Nicolas Sarkozy a indiqué avoir pris bonne note des déclarations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu appelant les colons à faire preuve de "retenue" mais les a jugées "insuffisantes".
"Elles vont dans le bon sens, même si elles ne suffisent pas", a-t-il déclaré.
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