Mahmoud Ahmadinejad se rend aux portes d'Israël
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui prône la destruction d'Israël, se retrouve jeudi à quelques kilomètres de l'Etat hébreu dans le cadre d'un déplacement très médiatisé dans le sud du Liban.Liban: entre aide et ingérence
- Publié le 14-10-2010 à 14h51
- Mis à jour le 14-10-2010 à 14h52

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui prône la destruction d'Israël, se retrouve jeudi à quelques kilomètres de l'Etat hébreu dans le cadre d'un déplacement très médiatisé dans le sud du Liban.
Ce déplacement est le moment fort de la visite de M. Ahmadinejad au Liban, critiquée par la majorité parlementaire pro-occidentale libanaise, de même que par les Etats-Unis et Israël qui accusent l'Iran d'armer le Hezbollah chiite, mouvement politique et militaire le plus puissant au Liban.
En Israël, où le président iranien est honni pour ses déclarations sur le génocide nazi ou la disparition d'Israël, la presse insistait sur cette proximité inédite. "Ahmadinejad à un kilomètre", titrait le quotidien Yediot Aharonot. "Ahmadinejad - plus proche que jamais", renchérissait le journal Maariv. "Ses intentions sont manifestement hostiles et il vient jouer avec le feu", a affirmé le ministère des Affaires étrangères.
M. Ahmadinejad, qui effectue sa première visite au Liban depuis son élection en 2005, sera pour la première fois aussi près de l'Etat d'Israël. Il doit se rendre également à Cana, village "martyr", cible de raids israéliens ayant tué 105 civils en 1996 et 29 personnes, dont 16 enfants, en 2006. Ces raids avaient suscité une vague de réprobation dans le monde.
Avant de se rendre dans le sud, M. Ahmadinejad a défendu dans un discours à l'Université libanaise à Beyrouth le programme nucléaire de son pays. "L'Occident prétend que nos recherches dans le domaine nucléaire visent à développer la bombe atomique", a-t-il affirmé devant des centaines d'étudiants. "Nous voulons répandre la science et eux veulent que nous restions dans l'obscurité", a-t-il ajouté, avant de se voir attribuer un doctorat honorifique en sciences politiques. Washington, qui accuse l'Iran de chercher à fabriquer l'arme atomique et considère le Hezbollah comme une organisation terroriste, a estimé que la visite de M. Ahmadinejad démontrait que le parti chiite "était plus loyal envers l'Iran qu'envers le Liban".
A son arrivée mercredi à Beyrouth, le président iranien a eu droit à un accueil triomphal, des dizaines de milliers de personnes, massées à l'appel du Hezbollah le long de la route de l'aéroport, jetant du riz et des pétales de rose sur son convoi et lui souhaitant la bienvenue en farsi.
Une foule en délire l'a accueilli ensuite en soirée, aux cris de "Mort aux Etats-Unis!" "Mort à Israël!", lors d'un rassemblement organisé par le Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du parti. "J'annonce que le régime sioniste poursuit sa chute et aucune puissance ne peut le sauver (en raison du) front résistant au Liban, en Syrie, en Palestine, en Irak et ailleurs", a-t-il c lamé, sous des applaudissements nourris.
Pourtant, le camp de la majorité parlementaire au Liban dirigée par le Premier ministre Saad Hariri et appuyé par Washington et Ryad, voit d'un mauvais oeil cette visite, disant craindre que le pays ne devienne une "base iranienne" aux portes d'Israël.
Avant son déplacement dans le sud, M. Hariri a reçu le président iranien qui a défendu le Hezbollah dans le bras de fer l'opposant au camp du Premier ministre en raison du tribunal chargé d'enquêter sur l'assassinat en 2005 de son père, le dirigeant Rafic Hariri.
Le Hezbollah a dit s'attendre à ce que ce tribunal l'accuse d'implication dans le meurtre.