Réactions mesurées à la mort de Ben Laden au Moyen-Orient

Un Libanais de Sidon, au Liban, écoute les dernières informaitons sur la mort de Ben Laden.
Photo : La Presse canadienne / AP/Mohammed Zaatari
Prenez note que cet article publié en 2011 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les réactions à la mort annoncée d'Oussama ben Laden se multiplient au Moyen-Orient. Entre Israël, qui se réjouit haut et fort de la mort du fondateur d'Al-Qaïda, et le Hamas, qui la condamne tout aussi fermement, les déclarations sont souvent mesurées.
La réaction la plus enthousiaste revient sans contredit au premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui a salué « un triomphe retentissant pour la justice, la liberté et les valeurs partagées par tous les pays démocratiques qui luttent côte à côte dans leur détermination contre le terrorisme. »
L'ancien premier ministre libanais Saad Hariri a quant à lui qualifié Ben Laden de « tache noire » dans l'histoire de l'islam pour avoir placé la religion dans « des situations hostiles » avec les autres cultures et croyances.
Un porte-parole de l'Autorité palestinienne, Ghassan Khatib, a aussi réagi favorablement. « Le fait d'être débarrassé de Ben Laden est une bonne chose pour la paix dans le monde, mais ce qui compte, c'est de vaincre les discours et les méthodes violentes, créés et promus par Ben Laden et d'autres dans le monde », a-t-il rappelé.
L'Irak a aussi salué ce dénouement. « Comme de nombreuses nations du monde, nous sommes ravis de voir la fin de sa mentalité et de son idéologie déviante », a déclaré le ministre des Affaires étrangères irakien, Hoshyar Zebari.
« Des Irakiens ont beaucoup souffert à cause de cet homme et de son organisation terroriste. Des milliers d'Irakiens ont été assassinés et tués à cause de son idéologie », a-t-il ajouté, tout en reconnaissant qu'Al-Qaïda ne va pas disparaître pour autant.
Pour sa part, l'Arabie saoudite a déclaré par voie de communiqué qu'elle espérait que la mort de Ben Laden renforce la lutte antiterroriste. Le fondateur d'Al-Qaïda avait été déchu de sa nationalité saoudienne après avoir critiqué les relations de la famille royale avec les États-Unis.
Le Hamas condamne l'assassinat
La réaction est tout autre du côté du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza. Le mouvement islamiste palestinien a condamné sans détour « l'assassinat et le meurtre d'un djihadiste arabe »
Nous considérons cela comme la poursuite d'une politique américaine fondée sur l'oppression et la volonté de faire couler le sang musulman et arabe.
En Iran, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, a estimé que la mort d'Oussama ben Laden enlevait « aux États-Unis et à leurs alliés toute excuse pour déployer des forces au Moyen-Orient sous prétexte de lutter contre le terrorisme ».
« L'Iran espère que cet événement aidera à établir la paix et la sécurité dans la région », a affirmé M. Mehmanparast, cité par la chaîne en anglais Press-TV. « L'Iran condamne fermement le terrorisme partout dans le monde ».
Réactions mitigées en Égypte
En Égypte, le gouvernement a déclaré lundi qu'il n'avait « pas de commentaire » à faire. « Concernant la mort annoncée de Ben Laden, l'Égypte est contre toutes les formes de violence », a annoncé le chef de la diplomatie Nabil Al-Arabi à l'issue d'une rencontre au Caire avec son homologue britannique William Hague.
Le numéro deux des Frères musulmans, Mahmoud Ezzat, a déclaré quant à lui à l'AFP que « l'islam n'est pas Ben Laden ». « Après les attentats du 11 septembre, il y a eu beaucoup de confusion. Le terrorisme a été confondu avec l'islam », a-t-il protesté.
Selon M. Ezzat, les États-Unis ont pendant des années utilisé Ben Laden et le réseau Al-Qaïda « comme un prétexte pour faire la guerre aux pays musulmans ». Selon lui, « les États-Unis doivent se retirer [d'Irak et d'Afghanistan), car ils ne devraient pas occuper ces terres et non parce que Ben Laden est mort ».
« Al-Qaïda sera probablement affectée par la mort de son chef Oussama ben Laden, mais si la communauté internationale ne change pas son attitude envers l'islam, la question palestinienne et son soutien aux tyrans corrompus, d'autres mouvements semblables à Al-Qaïda verront le jour », a pour sa part déclaré à l'AFP un porte-parole des Frères musulmans en Jordanie, Jamil Abou Bakr.
Il a rappelé que les islamistes « ne partagent pas l'approche ni les tactiques de Ben Laden », mais a néanmoins salué « son engagement et son dévouement à son idéologie jusqu'à la mort ».
Le Pakistan montré du doigt
Le président de l'Afghanistan, Hamid Karzaï, a affirmé que le chef d'Al-Qaïda avait payé « pour ses actes » et que sa mort au Pakistan prouve que les bases du terrorisme ne se trouvent pas en Afghanistan.
Hamid Karzaï a ajouté que « les talibans devaient en tirer les leçons. Les talibans devraient s'abstenir de combattre. »
Selon le ministre de l'Intérieur de l'Inde, la mort du chef d'Al-Qaïda non loin d'Islamabad reflète l'inquiétude selon laquelle le Pakistan offre un « sanctuaire » aux terroristes.
« Nous prenons note avec une grande inquiétude de la partie du communiqué dans laquelle le président Obama déclare que l'opération dans laquelle Oussama ben Laden a été tué a eu lieu à Abbottabad, très profondément à l'intérieur du Pakistan, », a déclaré P. Chidambaram dans un communiqué.
« Ce fait souligne notre préoccupation selon laquelle des terroristes appartenant à différentes organisations trouvent un sanctuaire au Pakistan », a ajouté le ministre indien.
Le premier ministre pakistanais Youssouf Raza Gilani a pour sa part qualifié l'opération de « grande victoire » contre le « terrorisme ». Il dit ne pas connaître le détail des opérations menées à Abbottabad.
Plus tard dans la journée de lundi, des centaines de manifestants pakistanais ont défilé dans les rues de Quetta, au sud du Pakistan, en scandant des slogans hostiles aux États-Unis.
Selon un journaliste de l'Agence France-Presse, il y avait au moins 800 manifestants, mais les organisateurs estimaient quant à eux ce nombre à plus d'un millier.
Au cri de « Mort à l'Amérique! », les manifestants ont brûlé un drapeau américain.
Quetta est la capitale de la province du Baloutchistan, dans le sud-ouest, frontalière de l'Afghanistan.
Avec les informations de Agence France-Presse, Associated Press, Reuters, Agence France-Presse et Reuters