Stefaan De Clerck fait marche arrière

Une crise peut avoir des conséquences finalement très positives : c'est ce que l'on retiendra de la semaine et demie de tensions vives autour de la question de l'amnistie. Elle a probablement pris fin - on ne sait jamais - lundi avec la rencontre entre le ministre de la Justice et les représentants de la communauté juive.

Christian Laporte
Stefaan De Clerck fait marche arrière
©st. LLB

Une crise peut avoir des conséquences finalement très positives : c'est ce que l'on retiendra de la semaine et demie de tensions vives autour de la question de l'amnistie. Elle a probablement pris fin - on ne sait jamais - lundi avec la rencontre entre le ministre de la Justice et les représentants de la communauté juive.

L'entretien entre Stefaan De Clerck (CD&V), le Dr Maurice Sosnowski (président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique), le baron Julien Klener (président du Consistoire central israélite) et Pinchas Kornfeld (le vice-président du Forum der Joodse organisaties) devait ramener l'apaisement et lever des équivoques.

Finalement, il débouche sur une triple promesse du ministre de la Justice qui s'est engagé à s'en ouvrir aussi au gouvernement.

On ne rappellera plus que pour mémoire que le ministre de la Justice a dit à ses interlocuteurs qu'il "nuance ses propos antérieurs et qu'il a répété qu'il entendait maintenir vivace le souvenir des crimes de guerre et contre l'humanité".

C'est qu'au-delà de cette assertion, le ministre a marqué son accord sur trois points précis qui lui ont été soumis par la communauté juive.

Un : la délégation a demandé que la proposition de loi sur l'amnistie soit rejetée. Stefaan De Clerck lui a expliqué qu'il "veut désamorcer le problème de l'amnistie" et donc qu'il "rejette tout oubli". De cela, on s'en doutait déjà un peu à partir du moment où le SP.A et l'Open VLD ont dit qu'ils n'avaient accepté la prise en considération de la proposition par largesse démocratique

Deux : voici l'avancée sans doute la plus attendue Le ministre a répondu favorablement à ses interlocuteurs concernant la présence "au frigo" depuis quatre ans de l'étude demandée par le Sénat pour le compte du gouvernement au Ceges sur la complicité potentielle d'autorités belges dans la déportation des Juifs vivant chez nous en 1940-1945.

Le travail titanesque sur la "Belgique docile" fourni par les historiens du Square de l'Aviation sous la conduite de Rudi Van Doorslaer n'aura pas été inutile. On précisera quand même que si le rapport a été publié en février 2007, la proposition de résolution confiant une étude scientifique sur ce passé trouble au Centre Guerre et sociétés contemporaines remontait déjà elle à février 2003.

Ceci expliquera donc aisément pourquoi il est plus que temps que le rapport soit discuté et que le gouvernement prenne ses responsabilités et édicte d'éventuelles mesures. Certes, l'on pourrait encore invoquer l'excuse des "affaires courantes" mais le consensus devrait être très large.

Trois : bien qu'il n'ait pas été directement concerné, le ministre de la Justice a aussi promis de s'efforcer de trouver une solution pour des discriminations envers certaines victimes juives de guerre.

Pour rappel, des propositions de loi signées par Zoé Genot (Ecolo) et par Véronique Salvi (CDH) - avant qu'elle ne passe au Parlement wallon - visent à réparer cette injustice selon laquelle certains citoyens dont d'authentiques résistants n'ont pas pu être indemnisés parce qu'ils n'étaient pas en Belgique à un moment précis.

Ce dossier traîne aussi depuis belle lurette. Non sans une certaine responsabilité des partis flamands qui ont jusqu'ici refusé d'adopter cette rectification arguant qu'il n'y avait plus de moyens budgétaires pour la rencontrer.

Toutes ces nouvelles ont été confirmées lundi midi à la petite centaine de manifestants réunis devant le cabinet de la Justice par l'Association pour la Mémoire de la Shoah. Sans doute pas un super-succès de foule mais en tout cas une assemblée de délégations d'organisations qui n'abandonnent pas le combat. Il y avait là le directeur du MRAX, Radouane Bouhlal dont le mouvement vient d'interpeller les membres du Sénat pour les inviter à rejeter la proposition du Belang sur l'amnistie. Le Centre d'action laïque était aussi bien présent. Logique : avec son alter ego flamande de l'UVV, Sonja Eggerickx, le président du CAL, Pierre Galand a rappelé dans un communiqué les priorités des laïques. Avec notamment l'exigence d'une vraie politique de transmission du savoir et de la mémoire par le biais d'expositions, documentaires et œuvres de fiction sur la réalité historique belge

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