Vous naviguez sur le site de Radio-Canada

Aide à la navigation

La destination d’information de Radio-Canada

Accusations du Tribunal spécial pour le Liban : « Une grande injustice », selon le Hezbollah

Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah prononce un discours diffusé sur écran géant à Beyrouth pendant un repas du ramadan.

Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah prononce un discours diffusé sur écran géant à Beyrouth pendant un repas du ramadan.

Photo : AFP / Joseph Eid

Radio-Canada

Les accusations portées contre quatre membres du Hezbollah sont une « grande injustice » et ne se basent sur « aucune preuve directe », a estimé mercredi Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah.

Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a rendu public, plus tôt dans la journée, l'acte d'accusation visant quatre hommes soupçonnés d'avoir participé à l'attentat perpétré contre l'ancien premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005, à Beyrouth.

Cet acte d'accusation de 47 pages avait été remis au procureur général du Liban le 30 juin dernier, mais était resté secret. Les suspects n'ayant pas été arrêtés un mois plus tard, le TSL avait le pouvoir de rendre l'acte d'accusation public.

« Ce qui a été publié confirme ce que nous avons dit lors des mois précédents, que cette enquête n'est ni transparente, ni scientifique », a lancé M. Nasrallah lors d'un discours diffusé sur la chaîne du parti, Al-Manar.

« Il n'existe aucune preuve directe. La seule chose sur laquelle se base [l'enquête] est les communications téléphoniques et leurs coïncidences », a-t-il poursuivi.

« Ce qui se passe est une grande injustice. Les quatre résistants sont victimes d'une calomnie », a-t-il souligné, refusant de se référer à eux comme des « accusés ».

Le TSL avait déjà dévoilé les noms des quatre membres du Hezbollah visés par l'acte d'accusation sans dévoiler les actes d'accusation.

Ainsi,

  • Salim Ayyash, 47 ans,
  • Moustafa Badreddine, 50 ans,
  • Hussein Onaissi, 37 ans,
  • Assad Sabra, 34 ans,

sont tous accusés de complot en vue de commettre un acte de terrorisme, selon les documents rendus publics.

La photo des suspects

La photo des suspects

Photo : AFP

Ayyash et Badreddine sont aussi accusés d'avoir commis un acte de terrorisme avec 2500 kilos d'explosifs, du meurtre prémédité des 22 victimes et de tentative de meurtre prémédité sur les 231 personnes qui ont été blessées, mais qui ont survécu.

Oneissi et Sabra sont accusés de complicité dans la commission de ces derniers crimes.

Selon le bureau du procureur du TSL, le Canadien Daniel Bellemare, M. Badreddine est soupçonné d'avoir « assuré la supervision générale de l'attentat » à la camionnette piégée contre Rafic Hariri, qui a aussi coûté la vie à 21 autres personnes.

Moustafa Badreddine est un haut gradé du Hezbollah qui est notamment soupçonné d'avoir fabriqué la bombe qui a tué 241 Américains à Beyrouth en 1983.

M. Ayyash aurait pour sa part « coordonné l'équipe d'exécution de l'assassinat chargée de la commission matérielle » de celui-ci. Il aurait observé et suivi avec « d'autres personnes » la progression du convoi de M. Hariri dans Beyrouth.

MM. Onaissi et Sabra auraient quant à eux « préparé et déposé la cassette vidéo contenant la fausse revendication de responsabilité » vers laquelle a été dirigée la chaîne Al-Jazeera par téléphone.

Une preuve circonstancielle

L'acte d'accusation est assorti d'éléments de preuve représentant « plus de 20 000 pages », selon le bureau du procureur, dont des déclarations de témoins, des preuves documentaires et des preuves électroniques, comme des images de télévision en circuit fermé et des relevés de communications téléphoniques.

L'acte d'accusation ne contient aucune preuve directe. Il repose plutôt sur des preuves circonstancielles « qui fonctionnent par inférence et déduction », précise-t-on.

Ces preuves reposent en grande partie sur l'enquête portant sur un certain nombre de réseaux de téléphones mobiles interconnectés. « Chaque réseau était constitué d'un groupe de téléphones, en général enregistrés sous des noms d'emprunt, qui communiquaient très fréquemment entre eux », indique le bureau du procureur Bellemare.

Les relevés de communications téléphoniques révèlent un nombre très élevé d'appels avant l'assassinat de Rafic Hariri. Les appareils en question ont cessé d'être utilisés deux minutes avant l'explosion, et n'ont plus jamais été utilisés par la suite.

Le tribunal explique que sa décision de publier l'acte d'accusation « n'implique aucunement que les individus concernés sont coupables », mais « établit seulement que suffisamment d'éléments sont réunis pour qu'ils soient jugés ».

Le Hezbollah refuse de coopérer

Le Hezbollah, qui est à la fois un parti politique chiite et une puissante milice armée, affirme haut et fort qu'il ne remettra aucun de ses membres au TSL. Il soutient que le TSL est un complot fomenté par Israël et les États-Unis pour lui nuire.

À la fin de 2010, le Hezbollah avait exigé que le gouvernement de Saad Hariri, le fils de Rafic, cesse toute coopération avec le TSL, en suspendant notamment tout financement et en retirant les juges libanais.

Le refus du gouvernement Hariri d'accéder à ces demandes a entraîné les démissions de 11 ministres, des membres du Hezbollah pour la plupart, ce qui a entraîné sa chute le 12 janvier dernier.

Un nouveau gouvernement dirigé par le premier ministre Najib Mikati a été formé depuis, après cinq mois de négociations. Ce gouvernement a l'appui du Hezbollah et de ses alliés, dont le chrétien Michel Aoun et le druze Walid Joumblatt.

Rafic Hariri est mort dans une gigantesque explosion déclenchée en plein coeur de Beyrouth.

Rafic Hariri est mort dans une gigantesque explosion déclenchée en plein coeur de Beyrouth.

Photo : AFP / Anwar Amro

Le difficile parcours du TSL

L'attentat du 14 février 2005 a précipité le départ des troupes syriennes du Liban et a cristallisé la classe politique en deux camps, l'un dit antisyrien, dirigé par Saad Hariri, et un autre prosyrien, dirigé par le Hezbollah et le chrétien Michel Aoun.

Le TSL a été mis sur pied deux ans plus tard par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Les travaux du TSL s'avèrent très ardus. Au début de 2009, sept suspects, dont quatre généraux, ont été relâchés après avoir passé plus de trois ans derrière les barreaux. Le TSL avait dû admettre qu'il n'était pas en mesure de les inculper de quoi que ce soit.

Une enquête diffusée en novembre 2010 par CBC a révélé que les travaux du TSL avaient été minés par l'incompétence, le manque d'audace et l'inertie bureaucratique.

Avec les informations de Agence France-Presse et Associated Press

Chargement en cours
Chargement en cours

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.