Israël: le Parti travailliste élit un nouveau chef dans l'espoir de renaître
Quatre candidats se disputent la direction du parti fondateur de l'Etat d'Israël, qu'il a gouverné sans interruption pendant 29 ans (1948-1977), mais qui n'est plus que l'ombre de lui-même, avec seulement 8 députés sur 120 sièges au Parlement.
- Publié le 12-09-2011 à 21h56
Le vote au sein du Parti travailliste israélien pour élire son nouveau chef dans l'espoir de susciter une renaissance de cette formation qui a subi une chute catastrophique de son influence depuis une décennie, s'est achevé lundi à 22H00 locales (19H00 GMT).
Le taux de participation auprès des 66.310 membres du parti appelés à voter a atteint 62%, selon la radio publique. Les résultats sont attendus dans la nuit de lundi à mardi.
Quatre candidats se disputent la direction du parti fondateur de l'Etat d'Israël, qu'il a gouverné sans interruption pendant 29 ans (1948-1977), mais qui n'est plus que l'ombre de lui-même, avec seulement 8 députés sur 120 sièges au Parlement.
Si aucun des candidats ne recueille 40% des votes, un deuxième tour sera organisé le 21 septembre. En fin d'après-midi, 35% seulement des adhérents travaillistes avaient voté, selon des chiffres du parti.
Seuls deux candidats ont de sérieuses chances de l'emporter, selon les sondages: la députée et ancienne journaliste de télévision Shelly Yacimovich (51 ans) et l'ex-syndicaliste et ancien ministre de la Défense Amir Peretz (59 ans).
Mme Yacimovich, la favorite, mise sur un taux de participation élevé et a appelé les militants "à venir voter en masse". Soutenue par des médias, cette mère célibataire a fait du combat contre les injustices sociales, son principal, sinon son seul, cheval de bataille. Entrée en politique en 2006, parrainée au départ par M. Peretz, elle s'est révélée une parlementaire efficace. Elle entend incarner le renouveau du parti.
Dans le même temps, elle s'est soigneusement abstenue de prendre position sur des questions clés mais controversées, comme la nature d'un règlement de paix, et s'est refusée à critiquer la colonisation juive en Cisjordanie, ce qui a déclenché la colère des militants les plus à gauche.
Ancien patron de la centrale syndicale Histadrout, Amir Peretz, originaire du Maroc, est toujours considéré comme une "colombe", malgré sa participation pendant un an (2006-2007) au gouvernement de centre-droit d'Ehud Olmert.
Sa réputation a beaucoup souffert des ratés de la deuxième guerre du Liban de l'été 2006 (1.200 morts au Liban, 160 en Israël), alors qu'il était ministre de la Défense.
Il se présente comme un partisan convaincu d'un compromis avec les Palestiniens et lie la lutte contre les inégalités sociales au combat pour la paix.
Chacun de ses deux candidats tente de surfer sur la vague de contestation sociale sans précédent qui a déferlé sur Israël depuis la mi-juillet, sans que le Parti travailliste n'y soit pourtant pour grand-chose.
Les deux autres candidats sont Yitzhak Herzog, qui a été ministre des Affaires sociales dans l'actuel gouvernement de droite de Benjamin Netanyahu avant de démissionner en janvier, et Amram Mitzna, ex-leader du parti, lui aussi considéré comme une "colombe".
Lors des dernières élections législatives en février 2009, le Parti travailliste n'avait remporté que 13 sièges. En juin 1992, il en comptait 44. Depuis janvier 2011, il n'a plus que huit représentants, après le départ de son ex-chef, le ministre de la Défense Ehud Barak, qui a fait défection avec quatre députés pour fonder un petit parti centriste et rester dans la coalition gouvernementale.
"Nous avons touché le fond en janvier. Mais le départ de Barak a eu paradoxalement un effet très positif sur le parti", a déclaré à l'AFP le député travailliste Daniel Ben Simon.
"Non seulement des dizaines de milliers de nouveaux membres l'ont rejoint, mais la sortie du gouvernement de droite, la rupture de l'alliance avec l'extrême-droite et les religieux, permet au parti de retrouver ses racines sociales-démocrates", s'est-il félicité.