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AFFAIRE SHALIT

"Le Hamas prend ses distances avec la tutelle imposée par la Syrie et l’Iran"

L'accord entre Israël et le Hamas en vue de la libération de Gilad Shalit, tend à démontrer que le mouvement palestinien de Khaled Mechaal (photo principale) s'est émancipé de l'influence de ses parrains syriens et iraniens. Analyse.

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Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a confirmé la signature d'un accord entre son gouvernement et le Hamas en vue de la libération de Gilad Shalit, détenu dans la bande de Gaza depuis 2006. Un évènement qui tend à démontrer que le mouvement palestinien de Khaled Mechaal s'est émancipé de l'influence de ses parrains syriens et iraniens. Ces derniers attachaient une importance particulière à ce dossier dans leur conflit avec l'Etat hébreu. Khattar Abou Diab, politologue spécialiste du monde arabe et professeur à l'université Paris-XI livre à france24.com son analyse.

 

Le Hamas s’est entendu avec Israël sur le dossier Gilad Shalit. Faut-il y voir un signe d’émancipation du mouvement par rapport à ses deux parrains syriens et iraniens ?

Khattar Abou Diab : Cet accord démontre que le Hamas prend ses distances avec la tutelle imposée par la Syrie et l’Iran. Car le dossier Shalit est lié à l’influence directe de l’axe Téhéran-Damas sur le mouvement palestinien. L’année 2006, au cours de laquelle le soldat israélien a été capturé, correspond à la période de radicalisation du Hamas, dont les seuls alliés n’étaient que la Syrie et l’Iran. Il est utile de rappeler, par exemple, que le dossier Shalit était bloqué tant que le régime syrien était fort. Ainsi, lorsque les négociations arrivaient à un point intéressant, la Syrie faisait pression sur le Hamas, en jouant sur les contradictions existant au sein de son commandement pour faire échouer l’accord. Car pour montrer son influence sur les dossiers régionaux, Damas voulait contrôler le processus. Financé et armé par ses tuteurs, le Hamas n’avait pas d’autre choix que de céder.
 
Comment expliquer ce revirement du Hamas ?
 
K.A.B : Le Hamas, qui appartient à la mouvance des Frères musulmans, semble avoir pris acte des changements géopolitiques provoqués par les soulèvements arabes. Ces nouvelles alternatives permettent au mouvement de s’affranchir de ses tuteurs. Pragmatique, il cherche à rejoindre un nouvel axe qui se dessine, notamment avec l’Égypte où la confrérie s’est sensiblement renforcée depuis la chute du régime Moubarak, et la Turquie du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, perçu comme un modèle de réussite. En plus, la répression en cours en Syrie a placé son mouvement dans une situation compliquée, car les Frères musulmans syriens sont impliqués dans la révolte. Mardi, Khaled Mechaal, le chef du Hamas en exil - ironiquement à Damas - a rendu un hommage appuyé au rôle joué par l’Egypte, la Turquie et le Qatar dans l’affaire Shalit. C’est un signe fort.
 
Sur le plan inter-palestinien, cet accord semble bénéfique au Hamas. Comment l’interprétez-vous ?
 
K.A.B : Il est ironique de noter que c’est grâce au gouvernement de Benjamin Netanyahou que le Hamas sort renforcé par cet accord. Car il démontre que sa stratégie dite de résistance s’est révélée payante par rapport à celle de l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas. La diplomatie israélienne, qui a tant hésité à répondre à la main tendue par Abbas, a préféré tout donner au Hamas, qui s’oppose au processus de paix.
 
Quels enseignements peut-on tirer de cet accord par rapport à la diplomatie égyptienne?
 
K.A.B : Le succès diplomatique enregistré par l’Égypte grâce à l’affaire Shalit tend à rassurer la communauté internationale et démontre que Le Caire reste un acteur incontournable dans la région. Il permet au pouvoir militaire en place de redorer son image sur le plan international qui a été sérieusement écornée après les heurts meurtriers qui ont eu lieu récemment entre les coptes et les forces de l’ordre.

 

 

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