Kommersant
L'avenir de l'Europe avec François Hollande
Les résultats officiels de l'élection présidentielle française seront annoncés aujourd'hui. Cependant, le nouveau chef de l'Etat François Hollande organise déjà des consultations actives à huit clos, écrit jeudi 10 mai le quotidien Kommersant.
Hier, le président sortant a organisé la dernière réunion du conseil des ministres au palais de l'Elysée pour prendre congé de ses collaborateurs. Toutefois, ils ne seront pas forcément tous remplacés à leurs postes au profit des socialistes. Sarkozy a tout fait pour se réconcilier avec son rival. Son discours d'adieu et l'invitation de Hollande à monter sur la tribune présidentielle étaient des appels très clairs à une transmission du pouvoir en douceur. En général en France on n'achève pas les adversaires qui ont perdu honnêtement, on ne les élimine pas de la vie politique, mais on profite de leur savoir. C'est d'autant plus le cas de François Hollande, connu pour son aptitude à trouver des compromis.
La France a déjà connu des périodes durant lesquelles les adversaires qui s'étaient affrontés dans une course présidentielle cohabitaient et travaillaient par la suite ensemble en tant que président et premier ministre, comme c'était le cas du président de droite Jacques Chirac et du premier ministre socialiste Lionel Jospin. Quoi qu'il en soit, Hollande refuse catégoriquement d'évoquer devant la presse la composition du nouveau cabinet et la candidature du premier ministre avant l'investiture.
L'absence d'informations n'empêche pas les experts de promettre ce poste à Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes et président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.
Jean-Luc Mélenchon, d'extrême-gauche, a déjà affirmé qu'il n'adhérerait pas au projet de Hollande. On ignore comment se comporteront les centristes de François Bayrou, mais on sait clairement que la troisième force de l'élection présidentielle, le Front national de Marine Le Pen, sera un adversaire virulent. Les socialistes devront également faire face au parti qui a perdu son président mais qui reste influent, l'Union pour un mouvement populaire (UMP). Mais cette fois il ne sera plus dirigé par Sarkozy, qui a publiquement renoncé à cette mission, assumant la responsabilité de l'échec à l'élection présidentielle.
François Hollande n'a pas le temps de souffler. Depuis lundi il organise réunion sur réunion dans le QG des socialistes au 59 avenue de Ségur, dans le 7e arrondissement de Paris. Il devra prouver qu'il avait raison de dire que le plus difficile commencerait après la victoire. Aux problèmes intérieurs de la France s'ajoute la crise mondiale qui menace l'unité de l'Europe dont les règles d'existence doivent être révisées, selon le nouveau président français. A l'époque de Nicolas Sarkozy la France faisait front uni avec l'Allemagne et la chancelière Angela Merkel, mais l'union baptisée "Merkozy" est aujourd'hui détruite, et personne ne peut garantir qu'une "Merhollande" verra le jour. Pour l'instant, la chancelière allemande a rappelé au président français que l'une des principales promesses de sa campagne, le changement du pacte budgétaire européen, était impossible, selon elle. Les surprises pourraient attendre Hollande, peu averti en affaires internationales, les 18-19 mai déjà, au sommet du G8 à Camp David.
Kommersant
Israël fait bloc face à l'Iran
Israël a évité les élections législatives anticipées, écrit jeudi 10 mai le quotidien Kommersant. Le parti Likoud au pouvoir et le principal parti d'opposition Kadima se sont entendus pour former une grande coalition.
Les partis ont convenu de former une nouvelle coalition au pouvoir en Israël le lendemain de l'annonce dimanche dernier à la conférence de Likoud par le premier ministre Benjamin Netanyahu de l'organisation en automne de législatives anticipées. Il a motivé sa décision par la nécessité de restaurer la stabilité du système politique, perdue en raison du soutien insuffisant du cabinet auprès de la Knesset, où le gouvernement était confronté à la fraction du principal parti d'opposition Kadima.
Cependant, après la première lecture du projet de loi sur la dissolution soumis à la Knesset, la situation s'est inversée en Israël. Lors d'une conférence de presse conjointe organisée mardi matin, les opposants jusqu'à présent irréconciliables, à savoir le premier ministre Netanyahu et le leader de Kadima Shaul Mofaz, ont annoncé la création d'un accord d'union de leurs fractions dans une nouvelle grande coalition et la formation d'un gouvernement d'union nationale, au lieu des législatives anticipées.
La nouvelle coalition disposera de 94 des 120 sièges à la Knesset. Le soutien d'une coalition au pouvoir aussi nombreuse, ce qui n'était pas le cas en Israël au cours des dernières décennies, permettra à Benjamin Netanyahu de faire adopter par le parlement toute décision en matière de politique intérieure et de sécurité nationale. La nouvelle alliance implique que Shaul Mofaz fera partie du cabinet de Netanyahu comme vice-premier ministre.
Netanyahu a expliqué le sens de la formation de la nouvelle coalition ainsi: "Nous nous sommes unis pour remplir quatre tâches principales – mettre fin aux exemptions militaires des ultra-orthodoxes et des arabes israéliens, voter le budget d'austérité, réformer le système politique et promouvoir le processus de paix entre Israël et la Palestine." En indiquant que le nouveau gouvernement permettrait d'assurer dans le pays la stabilité politique et le développement économique, le premier ministre a ajouté: "Bien sûr, l'Iran reste l'une des questions primordiales".
Beaucoup d'experts perçoivent la formation du gouvernement d'union nationale comme une autre confirmation indirecte qu'en Israël on assiste à la mise en œuvre du scénario de mobilisation en prévision d'une guerre contre l'Iran. "Il serait prématuré d'en conclure qu'après la formation de la nouvelle coalition la guerre contre l'Iran devient inévitable. Cependant, il est clair que les figures clés de la nouvelle coalition israélienne ont des positions hostiles envers l'Iran", a expliqué Benny Briskin, directeur du Congrès juif de Russie et ancien conseiller du premier ministre Netanyahu. Selon lui, la nouvelle coalition comprend l'ex-ministre de la Défense Ehud Barak, partisan du règlement militaire du problème iranien, et le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman, dont le parti "Israël, notre maison" est également hostile à Téhéran. Quant au ressortissant iranien Shaul Mofaz, même s'il n'a pas fait de déclarations directes en faveur d'une opération militaire contre l'Iran, il se solidarisera finalement avec Netanyahu, estime Benny Briskin. "Mofaz est un ancien militaire, il était ministre de la Défense et a même servi dans les mêmes unités que Netanyahu, a déclaré Briskin. C'est la raison pour laquelle il pourrait devenir un soutien nécessaire pour le premier ministre."
Rossiïskaïa gazeta
Suspens autour des législatives syriennes: démocratie ou barbarie
Ces derniers jours on assiste en Syrie à des événements difficilement imaginables il y a encore peu de temps. Des élections législatives avec la participation de neuf partis se sont tenues dans le pays. Sur plus de 7.000 candidats il y avait 710 femmes. Les élections étaient suivies par 200 journalistes étrangers, écrit jeudi 10 mai le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Hier la presse syrienne a annoncé que le bloc Unité nationale, soutenant le président Bachar al-Assad, était en tête. Mais la Commission électorale centrale n'a pas confirmé ces rumeurs. Les premiers résultats des élections devraient être officiellement annoncés jeudi. Le principal suspens concerne le contrôle par le parti au pouvoir Baas du parlement, qui doit être multipartite, selon la nouvelle constitution adoptée récemment. Des bureaux de votes ont même été ouverts dans les villes syriennes les plus "révolutionnaires", à Homs et Hama. Autrement dit, le président Assad a offert à l'opposition une possibilité unique de prendre pacifiquement le pouvoir.
Cependant, les révolutionnaires ont décidé d'agir autrement. Le Conseil national syrien (CNS) a appelé la population à refuser de participer aux élections. En d'autres termes, l'opposition n'a pas trouvé la force de mener une lutte politique civilisée dans l'hémicycle parlementaire en déclarant que la démocratie ne se construisait pas "sous le feu."
De toute évidence, on a appris aux rebelles non pas à mener le dialogue civilisé à la tribune parlementaire, mais à gagner la liberté les armes à la main, à l'instar du scénario libyen. Or, depuis un an on n'arrive pas à stopper cette "lutte pour la liberté" en Libye, où les gens continuent à se tirer les uns sur les autres. En Syrie, la majeure partie des 14 millions d'électeurs ne souhaite pas répéter le scénario libyen. Néanmoins, hier soir l'émissaire spécial de l'Onu et de la Ligue arabe, Kofi Annan, a déclaré que, selon lui, prochainement Damas pourrait définitivement perdre le contrôle de la situation dans le pays.
D'autre part, il est évident que malgré toute la volonté, Assad et son équipe n'ont actuellement pas la possibilité de contrôler le processus électoral. Notamment dans les régions insurgées, où ces derniers mois la démocratie "dépasse les bornes", et où l'opposition, les armes à la main se permet des actes pour lesquels dans tout pays civilisé on condamne à de longues peines avec inculpation pour terrorisme. Autrement dit, il ne peut être question d'aucun contrôle d'en-haut dans les réalités politiques syriennes.
Toutefois, de telles pensées exprimées à voix haute n'empêcheront certainement pas l'Occident de qualifier les législatives syriennes de falsifiées et d'illégitimes.
Ces textes tirés de la presse russe n’engagent pas la responsabilité de RIA Novosti.
Les titres du 10 mai 2012
15:13 10.05.2012 (Mis à jour: 16:05 05.10.2015)

© RIA Novosti . Ruslan Krivobok
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