Syrie : les rebelles délogés de Damas, les combats se poursuivent à Alep

Une image vandalisée du président syrien Bashar Al-Assad dans une poubelle à Alep, le 23 juillet 2012
Photo : AFP / BULENT KILIC
Prenez note que cet article publié en 2012 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les forces du président syrien Bachar Al-Assad semblent avoir repris le contrôle de la capitale mardi, alors que les combats se poursuivent à Alep.
Les combats à Damas ont été particulièrement violents au cours de la journée de lundi. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le tiers des 150 personnes tuées à travers le pays sont mortes dans la capitale.
Après une série de revers, les forces gouvernementales y ont renforcé leur emprise, sachant que la chute des deux plus importantes villes du pays risque de provoquer celle du régime.
Bien que des militants aient rapporté des tirs d'artillerie et des affrontements sporadiques entre soldats et insurgés, la plupart des rebelles se seraient retirés de Damas et sa périphérie.
« Ils ont dû se retirer parce qu'ils manquent de munitions et d'organisation, parce que le régime est plus fort et parce qu'ils ne veulent pas blesser les civils », a déclaré Mohammed Saïd, militant de Damas.
Des vidéos amateurs mises en ligne mardi montrent des édifices réduits en ruines par les tirs d'obus des forces gouvernementales, des hélicoptères volant à basse altitude et des colonnes de fumée s'élevant dans le ciel. D'autres vidéos montrent des chars dans les rues et des dizaines de soldats quadrillant les zones auparavant tenues par les rebelles.
Pendant ce temps, les combats se sont intensifiés à Alep, le poumon économique du pays. Des milliers de soldats syriens auraient quitté avec leurs blindés un plateau stratégique de la province d'Idlib, dans le nord-ouest du pays, pour gagner Alep.
Les rebelles du nord du pays avaient lancé un assaut sur Alep au cours du week-end. Les forces gouvernementales ont répliqué par des tirs d'artillerie et en poursuivant les rebelles avec des hélicoptères de combat. Les combats se sont amplifiés mardi en débordant dans deux quartiers adjacents à la vieille ville historique et dans d'autres secteurs, selon des militants.
« C'est le pire jour de combats à Alep jusqu'à maintenant, mais je ne peux pas dire ce qui se passe sur le terrain ni qui contrôle la situation », a déclaré un écrivain de la ville, qui a réclamé l'anonymat. « C'est mauvais, parce qu'à la fin, ce sont les civils qui vont en payer le prix. »
Ailleurs au pays, les forces gouvernementales ont tué une trentaine de personnes qui se rendaient à une mosquée à l'occasion des prières du ramadan dans un village situé au nord-ouest de Hama, selon des militants de l'opposition.
Ces informations restent toutefois difficiles à confirmer étant donné l'absence de médias indépendants sur le terrain.
Défection confirmée du général Tlass

Le général syrien Manaf Tlass
Photo : AFP
Un haut commandant de l'armée syrienne, ami proche du président Al-Assad, a confirmé mardi sa défection. C'est la première apparition publique du brigadier général Manaf Tlass, fils d'un ancien ministre syrien de la Défense, depuis qu'il a quitté la Syrie, plus tôt ce mois-ci.
Dans un communiqué à la télévision Al-Arabiya, il a aussi appelé les Syriens à « s'unir [...] pour construire une nouvelle Syrie » et appelé les militaires de l'armée régulière à dénoncer les crimes commis par les forces du régime.
Je m'adresse [...] aux fils de l'armée arabe syrienne qui rejettent le comportement criminel de ce régime corrompu. Toutes les personnes honorables qui sont dans l'armée ne devraient pas accepter ces crimes.
Le brigadier général Tlass est la plus haute personnalité du régime syrien à faire défection depuis le début du soulèvement, il y a 17 mois.
Manaf Tlass n'a pas mentionné dans quel pays il a trouvé refuge, mais le président français François Hollande a révélé qu'il se trouvait à Paris.
Menaces d'armes chimiques : la Turquie se prépare
L'armée turque aurait envoyé mardi des équipes spécialisées dans le domaine des attaques à l'arme chimique à la frontière syrienne, selon des médias turcs.
Lundi, la Syrie a reconnu pour la première fois être en possession d'armes chimiques et menacé de les utiliser en cas d'« agression extérieure », tout en excluant de les employer pour mater l'insurrection.
Moins de 24 heures plus tard, les rebelles syriens ont accusé le président Bachar Al-Assad d'avoir transféré des armes chimiques vers des aéroports situés près de la frontière. Ces accusations ont cependant été réfutées par Israël.
« L'armée syrienne dispose d'importantes quantités d'armes chimiques. Le régime syrien lutte pour sa survie. Mais l'ensemble des armes chimiques et des armes de destruction massive est sous son contrôle total », a déclaré un haut responsable israélien du ministère de la Défense, Amos Gilad.
« L'inquiétude, évidemment, c'est que le régime soit déstabilisé et que le contrôle [des armes chimiques] soit également déstabilisé », a-t-il dit à la radio israélienne.
« Selon nos informations, le [mouvement chiite libanais] Hezbollah ne dispose pas d'armes chimiques venant de Syrie et il n'y a pas eu de transfert d'armes chimiques vers des organisations terroristes comme Al-Qaïda », a précisé le responsable.
« Les habitants d'Israël peuvent être tranquilles, ils ne doivent pas changer leur mode de vie, céder à l'hystérie et écouter toutes sortes d'informations dramatiques », a ajouté M. Gilad.
Déclarations contradictoires des membres du CNS
Les responsables du CNS ne semblent pas d'accord sur la marche à suivre en cas de transition. L'un des porte-parole du Conseil, George Sabra, a affirmé mardi que l'opposition était favorable à un transfert du pouvoir à une « personnalité du régime » de Bachar Al-Assad. M. Sabra a cité en exemple le Yémen.
Après un an de révolte populaire, l'ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh avait accepté de signer un accord de transition négocié par les monarchies arabes du Golfe, selon lequel il devait accepter de céder le pouvoir en échange d'une immunité pour lui et ses proches.
La déclaration de M. Sabra a toutefois été contredite par un autre responsable de ce regroupement de l'opposition syrienne, qui a déclaré : « Il n'a jamais été question d'un gouvernement d'union nationale présidé par un membre du régime. »
De son côté, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a estimé mardi que le président syrien Bachar Al-Assad pouvait encore entamer une transition politique. Mme Clinton croit qu'il n'est pas trop tard pour trouver « une manière de mettre fin à la violence en entamant des discussions sérieuses inexistantes à ce jour », a-t-elle déclaré.
L'auteur de l'attentat de Damas aurait été arrêté
Les autorités syriennes auraient par ailleurs arrêté l'auteur de l'attentat du 18 juillet commis contre le bâtiment de la sécurité nationale à Damas. L'attaque avait coûté la vie à quatre hauts responsables de la sécurité.
Le suspect travaillait au siège de la sécurité nationale dans la capitale, où l'explosion a eu lieu, rapporte l'agence de presse iranienne Fars, citant les propos d'un député syrien, Mohammad Zahir Ghanoum.
« L'individu arrêté est un employé du personnel du bâtiment, mais je ne peux pas donner de détails supplémentaires. Les aveux de cette personne seront probablement diffusés dans un proche avenir », a indiqué le politicien.
Le ministre et le vice-ministre syriens de la Défense ainsi que le chef de la cellule de crise mise en place pour mater la révolte en Syrie ont perdu la vie dans l'attaque. Le chef des renseignements syrien, Hicham Ikhtiar, qui avait été blessé lors de l'attentat, est mort à la suite de ses blessures deux jours plus tard.
Collecte de fonds pour le peuple syrien
Près de 32,5 millions de dollars ont été amassés lundi soir en Arabie saoudite, au premier jour d'une collecte de fonds de cinq jours visant à soutenir le peuple syrien. La campagne vise aussi à amasser des denrées alimentaires, du matériel médical et pharmaceutique, des tentes et des couvertures.
Le roi Abdallah a accepté de fournir 5,3 millions de dollars, tandis que le prince héritier, Salmane Ben Abdel Aziz, vice-premier ministre et ministre de la Défense, a fait un don de 2,6 millions de dollars, selon l'agence officielle Spa.
Avec les informations de Agence France-Presse, Associated Press et Reuters