Le gouvernement Merkel donne le feu vert pour la circoncision

Le ministère de la justice vient de présenter les grandes lignes d'un projet de loi mettant à l'abri de poursuites les parents, les chirurgiens et les mohels, spécialistes juifs de la circoncision rituelle.

Marcel Linden, correspondant en Allemagne
Le gouvernement Merkel donne le feu vert pour la circoncision

Le ministère de la justice vient de présenter les grandes lignes d'un projet de loi mettant à l'abri de poursuites les parents, les chirurgiens et les mohels, spécialistes juifs de la circoncision rituelle.

En mai dernier le tribunal de grande instance de Cologne avait ému les communautés musulmane et israélite en interdisant l'intervention comme atteinte à l'intégrité corporelle garantie par la constitution.

Impressionné par l'immense écho international soulevé par le jugement, le Bundestag avait adopté en juillet une résolution demandant au gouvernement de trouver une issue juridique. La ministre libérale de la justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, avait averti que "l'affaire est compliquée et qu'on ne peut pas simplement ajouter un paragraphe à une loi".

Maintenant ses services ont présenté un texte de compromis. La circoncision, y est-il dit, reste une atteinte à l'intégrité physique, mais elle n'a pas de conséquences sur le plan pénal, à moins que, dans un cas particulier, elle ne nuise au bien de l'enfant. Il est prévu de préciser dans le code civil que les parents peuvent "autoriser une circoncision sans but chirurgical, à pratiquer sur un enfant masculin sans capacité de discernement, si cette intervention est effectuée selon les règles de l'art médical".

Par allusion aux mohels, le texte ajoute qu'au cours des six premiers mois suivant la naissance "des personnes prévues par les communautés religieuses peuvent aussi effectuer les circoncisions, si elles ont reçu une formation correspondante". Le projet de loi évite de tomber dans le traquenard religieux : il ne tient pas compte des motivations religieuses des parents. Sinon, dit le ministère, les tribunaux seraient obligés d'examiner le contenu des convictions religieuses. "L'Etat n'a pas le droit de faire une chose pareille", martèle la "Süddeutsche Zeitung".

En revanche, la "Frankfurter Allgemeine" ne veut faire valoir que des critères religieux. Dieter Graumann, président du Conseil central des juifs, qui en été avait redouté la "fin de l'existence de la communauté juive en Allemagne", a aussitôt salué le texte, qui, selon lui, doit encore être "peaufiné" par le parlement. "Maintenant, a-t-il lancé, il s'agit aussi de convaincre les adversaires de la circoncision". En effet, selon un sondage de juillet 45 % des Allemands y sont opposés et 40 % sont pour. Sur le site du "Spiegel" la quasi-totalité des interventions sont négatives : on y parle de "mutilation", d' "écervelés religieux" pratiquant un "rite de l'âge de la pierre" et d'une "soumission de la majorité aux minorités".


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