Les raisons du raid israélien sur Khartoum

Israël reproche au Soudan, qualifié d'«État terroriste dangereux», d'armer la branche militaire du Hamas, dans la bande de Gaza.
Passer la publicité Passer la publicitéPourquoi les chasseurs bombardiers de l'armée de l'air israélienne ont-ils effectué, dans la nuit du mardi 23 au mercredi 24 octobre, un raid sur Khartoum, détruisant une usine de munitions, dans la zone industrielle de Yarmouk?
Il ne faut pas s'attendre à ce que le gouvernement israélien donne la moindre explication. Dans ce genre de raid, qui n'obéit pas vraiment aux règles de la Charte des Nations unies, les autorités civiles et militaires ont pris l'habitude de ne jamais s'exprimer. Ni confirmation, ni démenti. Le même silence flegmatique s'était appliqué après le raid de 2008 contre un réacteur nucléaire syrien expérimental, ou après celui de 2009, qui avait détruit, dans le désert du nord-est du Soudan, un long convoi de véhicules tout-terrain, soupçonné d'acheminer des armes à destination du Hamas, dans la bande de Gaza.
«En frappant cette installation, Israël envoie un message très clair au Hamas, au moment où ce dernier est tenté par une reprise des tirs de roquettes sur les kibboutz et les villages israéliens proches de la bande de Gaza», explique l'historien militaire israélien Martin Van Creveld. Le message semble être passé, dans la mesure où une nouvelle trêve officieuse, négociée par les services de renseignement égyptiens, est intervenue jeudi 25 octobre au matin.
Un traité de coopération militaire avec l'Iran
Depuis environ cinq ans, Israël reproche au Soudan d'armer la branche militaire du mouvement islamiste palestinien Hamas. Se faisant justice lui-même, l'État hébreu n'a pas l'intention de laisser s'établir une ligne de ravitaillement hostile Iran-Soudan-Sinaï-Gaza.
Mais le raid a aussi une signification plus large. Le Soudan a signé, en 2008, un traité de coopération militaire avec l'Iran, lequel est considéré par Israël comme son premier ennemi. Les conseillers militaires iraniens apportaient leur expertise à la fabrication des munitions à Yarmouk.
Techniquement, le raid est intéressant. L'objectif était situé à quelque 1 900 kilomètres des bases aériennes de Tsahal. Une distance bien supérieure à celle des installations nucléaires iraniennes. Par ailleurs, les Israéliens ont visiblement été capables de neutraliser - par des mesures de guerre électronique? Par une approche en rase-mottes? - la défense antiaérienne soudanaise. Cette dernière est équipée de missiles soviétiques Dvina-75, mis au point à la fin des années 1950. C'est un missile Dvina-75 qui avait abattu en 1960 le célèbre avion espion américain U2 piloté par Gary Powers, incident qui avait détérioré considérablement les relations Kennedy-Khrouchtchev…
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HAI26
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Selon le Sunday Times britannique, Israël a bien orchestré le bombardement de l'usine d'armes de Khartoum mercredi dernier, et il ne s'agissait que ''d'une répétition en vue d'une attaque contre les sites nucléaires iraniens''. Citant des sources sécuritaires occidentales et israéliennes ayant tenu à garder l'anonymat, le journal affirme que la force israélienne était composée de 8 chasseurs-bombardiers, 2 hélicoptères et d'un avion de ravitaillement. Elle a survolé la mer Rouge, évitant la DCA égyptienne, et a utilisé des contre-mesures électroniques pour brouiller les systèmes de détection radar soudanais. Quatre chasseurs ont réalisé la frappe, les 4 autres étant présents pour assurer une couverture aérienne. Les hélicoptères transportaient chacun des forces de commandos prêtes à intervenir au cas où l'opération tournait mal et où un pilote était abattu. ''C'était une démonstration de force, mais seulement une fraction de nos capacités et de ce à quoi les Iraniens peuvent s'attendre'', a indiqué une source sécuritaire israélienne au journal.