Les rebelles devront-ils rendre des comptes ? C'est en tout cas ce que demande le Conseil national syrien (CNS) vendredi 2 novembre, au lendemain de la diffusion de vidéos montrant des insurgés frappant une dizaine de soldats blessés avant de les achever à l'arme automatique.
"Nous exhortons l'Armée syrienne libre et les mouvements qui animent la révolution sur le terrain à demander des comptes à quiconque viole les droits de l'homme", a déclaré Radif Moustapha, en charge des droits de l'homme au sein de la principale coalition de l'opposition syrienne en exil.
"UN CRIME DE GUERRE"
L'exécution de ces soldats de l'armée syrienne, diffusée sur une vidéo par des militants, est "très vraisemblablement un crime de guerre", avait déploré un peu plus tôt le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme.
Cette vidéo diffusée jeudi par des militants montre des rebelles frappant une dizaine de soldats blessés, avant de les aligner sur le sol et de les achever en les traitant de "chiens de chabihas d'Assad", nom donné aux miliciens pro-régime. "Nous venons juste de voir la vidéo. Il est difficile de vérifier qui est impliqué", a déclaré aux médias un porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville.
Il a précisé que l'agence onusienne allait "examiner attentivement" les images. M. Colville a toutefois estimé qu'il s'agit "très vraisembablement d'un crime de guerre, un de plus". "Une fois de plus nous appelons toutes les parties à respecter la législation humanitaire internationale", a-t-il dit. Le porte-parole a par ailleurs souligné que les parties ne doivent pas se faire d'"illusion" quant au fait que les responsables des violations des droits de l'homme seront jugés. Il a aussi dit que s'il était démontré que la vidéo est vraie, alors elle pourrait servir de "preuve" en cas de procès.
TENSIONS ENTRE LE CNS ET WASHINGTON
Cette mise en garde de l'ONU intervient deux jours après des déclarations d'Hillary Clinton appelant à une refondation de l'opposition. Considérant que le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, ne pouvait "plus être considéré comme le dirigeant visible de l'opposition", Mme Clinton a plaidé pour qu'il devienne "une partie d'une opposition élargie", en incluant "des gens à l'intérieur de la Syrie et d'autres". Elle a estimé qu'une ample coalition de l'opposition avait "besoin d'une structure dirigeante vouée à représenter et à protéger tous les Syriens", une opposition "capable de parler à chaque segment et à chaque composante géographique de Syrie".
En réaction, le CNS s'en est violemment pris vendredi aux Etats-Unis, qu'il accuse de vouloir le modeler à leur guise, à deux jours d'une réunion cruciale de l'opposition à Doha. "Toute discussion visant à passer au-dessus du Conseil national ou à créer des instances le remplaçant est une tentative de nuire à la révolution syrienne en semant les germes de la division", accuse le CNS dans un communiqué. Répondant aux accusations, le CNS indique être passé "de 280 à 420 membres, dont 33 % issus du mouvement [qui anime sur le terrain] la révolution et 15 % de femmes", et évoque aussi une "hausse de la représentation des membres de l'intérieur de la Syrie".
Jeudi, la coalition d'opposition a également annoncé pour la première fois avoir reçu des aides internationales d'un montant de 31 millions d'euros, détaillant leur provenance et leur utilisation. Les grandes puissances qui souhaitent la chute de Bachar Al-Assad exhortent régulièrement l'opposition à s'unir pour former un gouvernement transitoire représentatif de toutes les communautés et sensibilités syriennes. Les Etats-Unis comptent beaucoup sur une réunion élargie à des centaines d'opposants syriens qui doit s'ouvrir dimanche à Doha, sous l'égide de la Ligue arabe.
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