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"Beautiful Valley" : qu'il était vert, mon kibboutz

Deux générations en conflit sur l'avenir d'une utopie, avec Batia Bar en grand-mère courage.

Par Sandrine Marques

Publié le 13 novembre 2012 à 13h36, modifié le 13 novembre 2012 à 13h36

Temps de Lecture 1 min.

Une scène du film israélien d'Hadar Friedlich,

Un arbre coupé tombe lourdement au sol, un autre arraché évolue dans les airs, suspendu à une grue. Métaphores sensibles, ces deux images condensent à elles seules Beautiful Valley, la première fiction de la réalisatrice israélienne Hadar Friedlich. Chute, déracinement, temps qui passe inexorablement donnent à cette remarquable élégie sa matière mélancolique.

Dans Beautiful Valley, le paysage se transforme, et c'est un processus inexorable. Le kibboutz, où se situe l'action du film est, à l'image de cette nature, en pleine mutation. En proie à des problèmes financiers, le village est menacé de privatisation. Cela va à l'encontre des principes qu'Hanna (Batia Bar) a toujours défendus. Cofondatrice du kibboutz et dépositaire de sa mémoire, elle assiste, impuissante, à la déperdition de l'idéologie collectiviste, au profit d'un individualisme de plus en plus marqué.

Actrice exceptionnelle

L'octogénaire a consacré sa vie au labeur, mais aujourd'hui, elle se sent inutile. En lui déniant le droit de participer au fonctionnement de la communauté, la jeune génération lui signifie la sortie. Sa fille s'oppose à elle sur la gestion du village, avant de partir prendre la direction d'un autre kibboutz, plus conforme aux réalités économiques actuelles.

Mais pour la première génération, le travail était la valeur ultime. Hanna résiste et travaille la nuit, avant d'être sommée d'arrêter. Clandestine au sein même du lieu qu'elle a contribué à façonner, elle se retrouve de plus en plus isolée avec la disparition de son ami Shimon, préposé aux archives.

Hanna est interprétée par la magnifique Batia Bar, elle-même kibboutznik depuis plus de soixante ans. Elle a connu l'évolution des modes de vie collectifs. Actrice non professionnelle, exceptionnelle, elle insuffle à son personnage l'expérience d'une vie. Elle promène son visage-paysage dans des décors splendides que magnifie encore Hadar Friedlich. Son sens du cadre s'accompagne d'un rapport viscéral à la nature. La réalisatrice filme avec la même précision le délitement d'une communauté et l'essoufflement d'une utopie au diapason de corps vieillissants, eux-mêmes éreintés par une vie laborieuse. Hadar Friedlich file joliment la métaphore d'un vieux monde qui se meurt. Mais les arbres ont beau être abattus, leurs racines restent solidement fichées dans le sol.

LA BANDE-ANNONCE


Film israélien d'Hadar Friedlich avec Batia Bar, Gili Ben Ouzilio, Hadar Avigad (1 h 30).

Sur le Web : www.filmsdupoisson.com.

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