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ISRAËL

Retrait surprise de l'inamovible ministre de la Défense Ehoud Barak

Le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, annonce son retrait de la vie politique après les législatives du 22 janvier. Une décision vue en Israël comme une stratégie pour ne pas avoir à affronter un échec électoral.

AFP
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La conférence de presse a été convoquée à la dernière minute et les journalistes qui s’y sont pressés lundi 26 novembre n’avaient pas vu venir la nouvelle : la démission d'Ehoud Barak. "Ma décision de me retirer de la vie politique découle de mon envie de passer du temps avec ma famille", a déclaré celui qui tient les commandes du ministère de la Défense depuis plus de cinq ans. "J'achèverai mes fonctions de ministre de la Défense avec la formation du prochain gouvernement dans trois mois", a-t-il précisé, alors que des élections législatives anticipées sont prévues le 22 janvier.

Cette annonce intervient cinq jours après la fin de l'opération israélienne "Pilier de Défense" contre les groupes armés palestiniens de Gaza, qui a coûté la vie à 166 Palestiniens, et dont le ministre avait tiré un bilan positif "pour le moment". Ehoud Barak s'était, selon les médias, opposé au lancement d'une grande offensive terrestre à Gaza et défendu les bombardements par voie aérienne uniquement.

Les dirigeants du Hamas ne manquent pas de relever cette coïncidence de calendrier et de l'interpréter comme un signe de faiblesse du gouvernement israélien. "C’est le résultat de l’échec de l’agression de l’armée israélienne qui n’a atteint aucun de ses objectifs", commente le Premier ministre de la Bande de Gaza, Ismaël Haniyeh, interrogé par Reuters.

Deux guerres à Gaza

Ehoud Barak, pilier de l’armée israélienne, met ainsi fin à sa carrière alors même que sa place à la tête du ministère de la Défense semblait inamovible. Cet ancien chef du parti travailliste, ancien Premier ministre de 1999 à 2001, a survécu, en tant que chef de l’armée, à deux changements de gouvernement. C’est lui qui a mené la guerre sanglante sur Gaza durant l’hiver 2008-2009, dont le bilan a été de 1 400 morts du côté palestinien. Il est considéré comme l’élément imperturbable de la politique israélienne, celui dont le passé d’ancien Premier ministre et d’ancien général de l’armée parlent pour lui et en font un garant de la stabilité israélienne. Il y a encore peu, commente le journaliste Anshel Pfeffer dans le quotidien "Haaretz", Ehoud Barak se souciait peu de savoir qui allait devenir Premier ministre, du moment qu’il pouvait prodiguer à l’État israélien ses connaissances en matière de stratégie militaire.

Alors pourquoi ce retrait ? Parce que le ministre est assuré de ne pas être reconduit à son poste après les élections qui auront lieu dans deux mois, poursuit Anshel Pfeffer. L’aile dure du Likoud, parti à droite de l’échiquier politique, reprochent à Ehoud Barak de ne pas avoir soutenu les projets de construction de nouvelles colonies israéliennes.

"Plus néfaste que Lieberman, plus dangereux que Netanyahou"

Celui qui a longtemps appartenu au Parti travailliste, jusqu’à la création de son parti "Hatzmaout" (indépendance en hébreu) l’an dernier, n’a pas réussi à garder les faveurs de la gauche israélienne. Devenu homme d’affaires pendant son retrait de la vie politique au début des années 2000, il est vu comme déconnecté de la réalité sociale israélienne. C’est surtout sa politique vis-à-vis des Palestiniens qui a déçu les "colombes" israéliennes. "Ehoud Barak n’a pas seulement réussi à tromper l’ennemi. Il nous a aussi mené en bateau aussi, nous tous", s’insurge l’un des éditorialistes d’"Haaretz", Gideon Levy.

Le journaliste se souvient des espoirs créés par le Premier ministre Ehoud Barak, lors des négociations avec Yasser Arafat à Camp David en 2000 ; l’optimisme qui a prévalu lors de son arrivée au ministère de la Défense en 2007 ; et la conclusion qu’il tire en tant qu’éditorialiste, en janvier 2011 : le journaliste le considère comme “plus néfaste que Lieberman [ministre des Affaires étrangères, ndlr] et plus dangereux que Netanyahou”. "Barak s’est transformé en hacker informatique, celui qui s’infiltre dans l’ordinateur de la gauche israélienne et opère une destruction de l’intérieur, en propageant l’idée qu’il n’y a aucun partenaire politique crédible mis à part lui. Et la gauche ne s’en est jamais remise", résume Gideon Levy.

Le retrait de la vie politique d’Ehoud Barak est-il définitif ? Beaucoup de médias en doutent. L’intéressé a répondu par une phrase ambiguë : "La politique n'est qu'un des moyens d'apporter sa contribution à l'État", a-t-il déclaré. Les analystes politiques prédisaient un échec de sa formation politique aux prochaines élections israéliennes - Ehoud Barak aurait donc préférer ne pas affronter cette épreuve. Mais il pourrait revenir sur la scène politique… en apolitique. 

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