Des gauchistes israéliens font don de leur voix à des Palestiniens
"Le gouvernement israélien détient le pouvoir sur les citoyens de Palestine, mais il n'est pas élu par eux. Ce n'est pas démocratique. La démocratie signifie le pouvoir par et pour le peuple" défend un des israéliens.
- Publié le 20-01-2013 à 14h37

Moussa Maria, Palestinien de Cisjordanie, n'a pas le droit de participer aux élections législatives de mardi en Israël, mais grâce à une initiative lancée sur internet par des militants gauchistes et pacifistes, une électrice israélienne votera en son nom.
La page Facebook "Real Democracy" (Démocratie réelle) propose de mettre en contact des Palestiniens désireux de participer aux élections israéliennes et des Israéliens, ultra-minoritaires, prêts à faire don de leur voix.
Par le biais du site, Moussa Maria a demandé à Shahaf Weisbein, une jeune militante de Tel-Aviv, de voter pour le parti arabe israélien Balad, nationaliste et laïc, pour soutenir sa chef Hanine Zouabi, dont les autorités ont tenté d'invalider la candidature.
"Si elle sait que des Palestiniens la soutiennent, elle se sentira plus forte", a expliqué Moussa Maria à l'AFP.
Shimri Zameret, un militant israélien de 28 ans, a participé au lancement de l'initiative destinée à défier un système qu'il considère comme non démocratique.
"Le gouvernement israélien détient le pouvoir sur les citoyens de Palestine, mais il n'est pas élu par eux. Ce n'est pas démocratique. La démocratie signifie le pouvoir par et pour le peuple", explique la profession de foi qu'il a contribué à élaborer.
Lui-même donnera sa voix à un Palestinien de 19 ans qui lui a demandé de s'abstenir. "Je préfèrerais voter (... mais) c'est tout à fait logique de dire que ce système est si illégitime que le fait de participer revient à le légitimer", a-t-il déclaré à l'AFP.
L'initiative a attiré des "milliers" de participants, selon M. Zameret, mais aussi de vives critiques sur la page Facebook, de la part d'Israéliens rappelant que les Palestiniens ont voté pour le mouvement islamiste Hamas en 2006 mais aussi de Palestiniens dénonçant son caractère symbolique.
Et même si Moussa Maria pourra s'exprimer indirectement, l'abstention s'annonce massive parmi les Arabes israéliens, descendants des Palestiniens ayant choisi de rester en 1948, souvent désabusés.
"Quand il y a un problème, il faut être dans la place pour trouver une solution", a lancé M. Maria à leur intention. "S'ils boycottent les élections, ils vont perdre".