Le scrutin jordanien est censé lancer les réformes
Un jour après son voisin Israël, la Jordanie se rendra aux urnes ce mercredi pour un scrutin législatif qui se veut le "démarreur" d’un renouveau politique et social.
- Publié le 23-01-2013 à 04h16
- Mis à jour le 23-01-2013 à 08h02
Un jour après son voisin Israël, la Jordanie se rendra aux urnes ce mercredi pour un scrutin législatif qui se veut le "démarreur" d’un renouveau politique et social. Un peu plus de 2,27 millions de Jordaniens (soit 70 % du corps électoral) éliront les 150 députés du Parlement de la capitale, Amman, parmi 1 425 candidats.
Mais l’appel au boycott lancé notamment par les islamistes devrait conduire au renforcement des chefs tribaux, qui soutiennent historiquement le pouvoir royal. Voilà qui pourrait hypothéquer les chances de composer un Parlement vraiment représentatif et apte à mener les réformes économiques et sociales attendues par la population.
Depuis deux ans, certaines choses bougent dans un royaume hachémite (quelque 7 millions d’habitants sur un territoire grand comme trois fois la Belgique) resté relativement à l’abri du vent des révolutions arabes.
La hausse des prix des denrées de première nécessité, le creusement des inégalités sociales, la corruption, et aussi un taux de chômage frisant les 30 % avaient tout de même poussé les Jordaniens à descendre dans les rues dès le printemps 2011. La solidarité avec les Tunisiens et les Egyptiens avait aussi joué.
Réformes hâtées
D’autres considérations animaient également ce peuple d’origine bédouine, et composé pour moitié de Palestiniens ayant fui Israël à sa création en 1948 et après la guerre des Six Jours en 1967, à savoir le mode de vie jugé trop occidental de la famille royale et sa relative proximité avec les Etats-Unis.
Cette contestation, qui avait vu s’affirmer les forces islamistes (dont les Frères musulmans) et d’extrême gauche, avait incité le pouvoir royal à hâter les réformes.
La Jordanie a, par exemple, inauguré en octobre dernier une Cour constitutionnelle. Elle a pour tâche d’interpréter la Constitution et de veiller à la constitutionnalité des lois et réglementations. L’Etat jordanien voit en elle un mécanisme censé "renforcer la protection des droits et des libertés civiles".
La Constitution, quant à elle, a subi un important remodelage. Elle inclut désormais le concept d’équilibre et de séparation des pouvoirs.
Une nouvelle loi électorale adopte pour la première fois le concept de représentation proportionnelle au niveau national. De quoi, en théorie, favoriser "l’émergence de blocs politiques et de coalitions" et "consolider l’activité des partis et répandre la culture démocratique". Mais le chemin vers une vraie démocratie parlementaire est encore long.
Et que dire de la participation des femmes à la vie politique ? Le quota de citoyennes éligibles en tant que députées a été relevé de 12 à 15 sièges pour cette élection...
Une jeunesse qui fourmille
Le pouvoir royal continue d’affirmer sa volonté de réformes politiques. Dans cette monarchie constitutionnelle, le roi Abdallah II a très tôt focalisé son action sur la modernisation de l’économie et celle de la société jordanienne entamée par son père Hussein, celui qui a fait de la Jordanie un "îlot de stabilité" et auquel il succède à sa mort en février 1999.
En partant d’une économie essentiellement basée sur le transit du pétrole de l’Irak voisin et sur les services, la diversification est un enjeu capital.
Avec la lutte contre la pauvreté et la corruption, la création d’emplois constitue l’un des principaux défis pour la société jordanienne. Et ce ne sont pas les 20 000 postes promis dans la fonction publique par le Roi qui vont suffire à combler les aspirations d’une jeunesse qui fourmille : un peu plus de sept Jordaniens sur dix ont moins de 30 ans