
Le dirigeant nord coréen Kim Jong-un a donné l'ordre, vendredi 29 mars, aux unités concernées de se préparer à des frappes de missiles contre le continent américain et les bases des Etats-Unis dans le Pacifique et en Corée du Sud, selon l'agence officielle KCNA. Dans l'éventualité d'une provocation "téméraire", les forces nord-coréennes réagiraient "impitoyablement", a mis en garde le "chef suprême".
La décision, prise lors d'une réunion d'urgence convoquée en pleine nuit, fait suite au survol du territoire sud-coréen lors d'un exercice par deux bombardiers furtifs US B-2, capables de transporter des armes nucléaires, un geste de mise en garde de Washington à la suite des déclarations belliqueuses du régime de Pyongyang.
ACCIDENT OU FAIT VOULU ?

Accident ou fait voulu ? L'agence officielle nord-coréenne KCNA a publié deux photos d'illustration de la réunion d'urgence convoquée dans la nuit de jeudi à vendredi. Kim Jong-un y est montré assis à un bureau dans ce qui semble être une salle de commandement des opérations militaires. A l'arrière-plan figure une carte baptisée "Plan de frappes des forces stratégiques sur le continent américain". Des lignes semblent dessiner la trajectoire de missiles vers les Etats-Unis. Sur ces mêmes photos figure un large écran, là aussi à l'arrière-plan, qui énumère les forces navales du pays : "sous-marins - 40, navires de débarquement - 13, dragueurs de mines - 6".

"Je ne pense pas que ce soit une erreur", a déclaré un porte-parole du ministère de la défense sud-coréen. "Je crois que ça a été rendu public de manière intentionnelle, sans doute pour déformer les faits sur la puissance militaire du Nord." Les missiles que Pyongyang détient actuellement n'ont pas la capacité d'atteindre les bases militaires américaines dans le Pacifique, à Guam ou Hawaï, et encore moins le continent américain, selon les experts.
"MISE EN GARDE"
Alors que les tensions montent dans la péninsule, Kim a fait valoir que ces vols étaient bien plus qu'une simple démonstration de force et qu'ils équivalaient à un "ultimatum (des Américains) montrant qu'ils voulaient déclencher à tout prix une guerre nucléaire". Le chef de l'état-major de l'armée du peuple coréen, le directeur des opérations et le commandant des opérations stratégiques pour les fusées étaient présents à la réunion d'urgence. Elle a été suivie par une manifestation de plusieurs milliers de soldats et d'étudiants sur la place Kim Il-sung à Pyongyang.

La Chine, unique allié de la Corée du Nord, a appelé vendredi à des "efforts conjoints" pour réduire les tensions dans la péninsule coréenne. Les autorités russes ont adressé une mise en garde contre les risques liés à une intensification des activités militaires près de la Corée du Nord. Dénonçant implicitement le survol du territoire sud-coréen par deux bombardiers furtifs de l'US Air Force, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déploré que "parallèlement à la réaction adéquate et collective du Conseil de sécurité de l'ONU, une action unilatérale soit menée autour de la Corée du Nord qui a pour effet d'accroître l'activité militaire".
"Les Nord-Coréens doivent comprendre que ce qu'ils font est très dangereux", a souligné au Pentagone le secrétaire américain à la défense, Chuck Hagel. "Nous devons dire clairement que nous prenons très au sérieux les provocations de la Corée du Nord et que nous y répondrons." Pyongyang, toutefois, ne dispose pas de la technologie permettant de tirer des missiles sur des cibles aussi lointaines, estiment la majorité des experts.
Pour comprendre la stratégie du régime nord-coréen, Trois questions à François Bougon, journaliste au service international du "Monde".
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