
Confronté à une nouvelle affaire de plagiat, le grand rabbin de France Gilles Bernheim commence à être lâché par son entourage, qui attendait de lui des explications sur ces accusations.
"Bouleversé par les révélations successives", le président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives), Richard Prasquier, qui le soutient, "imagine la tourmente dans laquelle il vit". Mais il écrit dans sa newsletter qu'"il doit une explication à la communauté juive et, plus largement, à la communauté nationale, dans laquelle sa place est importante".
Cette fois, les "emprunts" du grand rabbin concernent l'essai qu'il est paru à l'automne contre le mariage pour tous, intitulé Mariage homosexuel, homoparentalité et adoption : ce que l'on oublie souvent de dire.
Un essai salué comme celui d'un "sage" par de nombreux catholiques et même cité publiquement par le pape Benoît XVI, le 21 décembre 2012.
Sur son site Archéologie du "copier-coller", Jean-Noël Darde met en évidence le rapprochement entre certains passages de l'essai et l'ouvrage "L'Idéologie du gender. Identité reçue ou choisie", du prêtre Joseph-Marie Verlinde, fondateur de la Fraternité monastique de la famille de saint Joseph.
Un autre plagiat concerne la reprise, mot pour mot, d'une interview de Béatrice Bourges, présidente du Collectif pour l'enfance, catholique ultraconservatrice en première ligne contre le mariage et l'adoption par les personnes de même sexe.
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"Certains parmi ses proches commencent à le lâcher, se désespère de son côté Jonathan Hayoun, président de l'Union des étudiants juifs de France. Ils en ont vraiment assez du silence insupportable de celui qui a toujours incarné un judaïsme ouvert."
Déjà très partagée sur l'avenir du grand rabbin, la communauté juive a fort mal perçu la divulgation de deux nouveaux plagiats lundi soir sur le site Archeologie-copier-coller.com.
Depuis une semaine, les nuages s'amoncellent au-dessus du grand rabbin, malgré le soutien inconditionnel de certains, comme Yves Kamami, membre du bureau exécutif du Consistoire israélite de Paris.
"Les attaques qu'il subit sont lâches et démesurées par rapport à ce qu'on lui reproche, écrit-il dans un communiqué, rappelant que Gilles Bernheim, qui n'a pas démérité dans sa charge, a ouvert le débat sur la place de la femme juive dans le judaïsme et, plus largement, la place de la famille dans notre société."
Ce dernier avait reconnu mercredi dernier un plagiat et un mensonge, admettant avoir réagi "avec maladresse" quand les premières accusations de plagiat étaient apparues à l'encontre de son ouvrage Quarante méditations juives.
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Vendredi dernier, on découvrait par ailleurs que le grand rabbin ne figurait pas dans les listes des agrégés de philosophie de l'université, comme il s'en prévalait dans différentes notices biographiques, y compris celle du Who's Who, où il était entré il y a six mois.
La révélation de ses nouveaux plagiats a exacerbé les réactions au sein de la communauté juive, les uns plaidant pour un soutien inconditionnel à Gilles Bernheim, les autres appelant à sa démission.
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