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Pourquoi Waze a fait tourner la tête de Google

Le montant de l'acquisition dépasserait le milliard de dollars. © NIR ELIAS / Reuters/REUTERS

Google a officialisé mardi soir le rachat de la start-up israélienne, qui a aussi été approchée par Apple et convoitée par Facebook.

Peu de start-up dans le monde peuvent se prévaloir d'avoir été convoitées par les plus grands noms de la high-tech. C'est pourtant ce qui est arrivé en six mois à Waze, qui vient finalement d'accepter de se revendre à Google, après avoir été approchée par Facebook et Apple. Le montant de l'opération dépasserait le milliard de dollars.

Waze édite depuis 2008 une application gratuite de navigation GPS, d'abord sur iPhone, puis pour Android. Comme les autres applications de ce genre, il calcule des itinéraires à suivre et affiche des points d'intérêt à proximité. Son atout vient de son aspect communautaire. Plutôt que de se reposer sur de coûteux fournisseurs de cartes, comme TomTom et Navteq, Waze fait appel à ses utilisateurs. Ce sont eux qui améliorent en permanence les informations disponibles dans l'application, en partageant automatiquement leurs parcours. Sur la route, ils sont aussi invités à indiquer les péripéties qu'ils rencontrent: bouchons, accidents, présence de policiers ou de radars. Enfin, à la manière de Wikipedia, Waze compte sur une communauté de près de 70.000 bénévoles, qui vérifient l'exactitude des cartes et les améliorent.

Un trésor de données personnelles

Avec le temps, Waze s'est constitué un trésor de guerre grâce à toutes les données sur les déplacements de ses utilisateurs. Ce qui a fait tourner bien des têtes dans la Silicon Valley. Des discussions ont commencé avec Apple. La société américaine a envisagé de mettre la main sur ces données, pour améliorer ces données, après le lancement raté de son application de cartographie, Plans, en septembre dernier. Mais elle n'a jamais formulé d'offre de rachat. L'intégration de Waze dans Plans aurait été complexe, les exigences de la start-up étaient élevées. Surtout, la majorité des 47 millions d'utilisateurs de l'application utilisent un smartphone Android, et non un iPhone.

Les discussions ont atteint un stade plus avancé avec Facebook au cours du printemps. Un éventuel rachat aurait suivi la même logique que celui, un an plus tôt, d'Instagram. La société de Mark Zuckerberg veut posséder un lot d'applications Facebook puissantes, rivales de celles de Google et d'Apple. Waze semblait ainsi le candidat idéal pour s'attaquer ainsi à Plans et à Google Maps. Le montant supposé de l'opération, d'un milliard de dollars, était d'ailleurs calé sur le prix initial fixé pour Instagram.

De l'information trafic et de la publicité géolocalisée

Selon la presse israélienne, les négociations ont achoppé sur le maintien du centre de recherche et de développement de Waze en Israël, où la start-up a été fondée. C'est sur cette question que Google a emporté la mise. Il s'est engagé à maintenir les équipes en place - une centaine de personnes à ce jour - durant au moins trois ans.

Les motivations de Google paraissent cependant moins claires que celles d'Apple et de Facebook. Google a pu chercher à priver ce dernier d'une des applications les plus populaires du moment, et donc réaliser une acquisition défensive, comme il l'a déjà fait par le passé avec Motorola. Le groupe Internet explique aujourd'hui s'intéresser à l'information trafic de Waze, qui lui servira à améliorer Google Maps. Il est déjà le numéro un incontesté de la cartographie sur PC et smartphones, mais la technologie de Waze lui permettra d'ajouter de l'info trafic à moindre coût - un service de plus en plus prisé.

Les plans sont au mobile ce que la recherche est au Web

Noam Bardin, PDG de Waze.

Le modèle économique qu'était en train de bâtir Waze peut être une autre explication de l'intérêt suscité. Le PDG de la start-up israélienne, Noam Bardin, voit en effet les applications de cartographie comme des successeurs des moteurs de recherche. «Les plans sont au mobile ce que la recherche est au Web», déclairait-il récemment. D'après lui, les seules recherches vraiment monétisables sur le mobile sont celles qui peuvent être géolocalisées. Une vraie provocation à l'égard de Google.

Selon une étude du cabinet BIA/Kelsey, la publicité localisée a représenté 38% des dépenses sur le mobile aux États-Unis, et atteindra 54% en 2017. Ce marché passerait ainsi de 3,2 milliards à 16,8 milliards de dollars. Waze venait tout juste de s'engouffrer dans cette voie en lançant en fin d'année dernière une plate-forme publicitaire, appelée «Waze Ads». Les magasins et les marques sont invités à payer pour figurer sur les cartes de l'application et apparaitre le long des itinéraires. Waze montre au maximum trois de ces publicités sur le parcours. La force de Waze et de pouvoir proposer des annonces sur un trajet précis, et non pas seulement aux environs, contrairement à Foursquare et autres applications qui essaient de se positionner sur ce créneau.

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7 commentaires
  • sam95

    le

    Au début je pensais que le système était capable de capter et d’interpréter les signaux GSM pour évaluer le trafic autour de l'appareil, mais non ! en fait c'est un simple coyote gratuit ! Quel est alors l'interet d'acheter 1 milliard de dollars quelque chose que l'on peut faire soit-même et en mieux (MAP GOOGLE ) des dizaines de millier d'utilisateur ?

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