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Nouvel effort de paix au Proche-Orient

Une foule brandit des drapeaux palestiniens et israéliens à l'occasion du jour anniversaire de la réunification de Jérusalem, en mai dernier. Sebastian Scheiner/AP

VIDÉO - Les espoirs sont mesurés alors que reprend à Washington un dialogue israélo-palestinien gelé depuis trois ans. Les pourparlers seront menés par Tzipi Liv­ni, la ministre israélienne de la Justice, et Saëb Erakat, négociateur palestinien vétéran.

Jérusalem

Bon gré, mal gré, Israéliens et Palestiniens reprendront mardi 30 juillet à Washington des négociations de paix restées au point mort depuis près de trois ans. L'obstination de John Kerry est parvenue à surmonter le scepti­cisme, voire le cynisme ambiant, en convainquant les deux partenaires de s'asseoir à nouveau autour d'une même table.

Si tout se passe selon le scénario élaboré par le secrétaire d'État américain, les discussions devraient durer neuf mois. Elles seront menées par Tzipi Liv­ni, la ministre israélienne de la Justice, et Saëb Erakat, négociateur palestinien vétéran, impliqué dans tous les pourparlers depuis vingt ans. John Kerry et ses collaborateurs directs superviseront les discussions.

Pour ne pas porter la responsabilité d'un éventuel échec des efforts du secrétaire d'État, Benyamin Nétanyahou, qui redoutait un isolement diplomatique total d'Israël, et Mahmoud Abbas, qui ne peut se passer de l'aide financière américaine, ont tous deux lâché du lest. Le premier ministre israélien a accepté de libérer 102 prisonniers palestiniens impliqués dans des attentats sanglants et détenus depuis plus de vingt ans. Le président palestinien a, pour sa part, renoncé à exiger que les négociations soient fondées sur les lignes de 1967, autrement dit à réclamer d'entrée de jeu un engagement sur un retrait israélien de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de la bande de Gaza, occupés depuis la guerre des Six-Jours.

Mahmoud Abbas n'a pas non plus obtenu un gel total de la construction dans les colonies israéliennes. Le dirigeant palestinien s'est enfin engagé à ne pas s'adresser à l'ONU pendant les négociations pour obtenir par exemple une reconnaissance pleine et entière d'un État palestinien lors de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre prochain, ou de porter plainte contre des militaires israéliens pour «crimes de guerre» auprès du Tribunal pénal international de La Haye.

Bref, chacun a mis du sien, même si Mahmoud Abbas a sans doute cédé davantage.

« Tous les sujets seront sur la table »

Sylvan Shalom, ministre israélien de la Coopération régionale

Une fois le coup d'envoi officiel donné - lundi soir, lors d'un dîner offert par John Kerry, et mardi par les dirigeants des deux parties -, des équipes de négociateurs se réuniront régulièrement aux États-Unis. «Tous les sujets seront sur la table», précise Sylvan Shalom, le ministre israélien de la Coopération régionale. Parmi les dossiers les plus sen­sibles figurent le tracé des frontières d'un futur État palestinien, les arrangements de sécurité exigés par Israël, le statut de Jérusalem-Est, annexé par l'État hébreu mais dont les Palestiniens veulent faire leur capitale, le sort des réfugiés palestiniens de 1948 dispersés dans la région, l'avenir des colonies où vivent plus de 350.000 Israéliens en Cisjordanie. Lors de ces pourparlers, les deux parties devraient aussi évoquer la possibilité d'un échange de territoires. Israël entend annexer les grands blocs d'implantation de Cisjordanie, où vivent la majorité des colons ; en contrepartie, les Palestiniens pourraient obtenir des territoires équivalents en superficie situés en Israël.

Un optimisme très prudent

Sur le papier, les positions de départ paraissent irréconciliables. Israéliens et Palestiniens ne sont d'accord sur rien. Benyamin Nétanyahou a toutefois accepté de remettre en cause son credo idéologique en adoptant l'idée de deux États pour deux peuples, autrement dit en renonçant au «Grand Israël» de la Méditerranée au Jourdain. Malgré l'impasse totale de ces dernières années, Mahmoud Abbas n'a pas cédé à la tentation de déclencher une troisième intifada. Les opinions publiques des deux côtés paraissent prêtes à donner une chance aux négociations. Selon un récent sondage, 55% des Israéliens affirment qu'ils soutiendront un accord de paix. Les Palestiniens sont partagés pratiquement à égalité entre ceux qui croient à un arrangement avec Israël et ceux qui pensent qu'il est impossible.

Un optimisme très prudent est donc de mise, comme le souligne Tzipi Livni: «Il est désormais possible d'éprouver un peu d'espoir.» Benyamin Nétanyahou et Mahmoud Abbas ont en outre au moins un intérêt commun: profiter de l'accès de faiblesse et de l'isolement du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. Les islamistes palestiniens ont subi l'onde de choc du coup d'État en Égypte contre le pouvoir des Frères musulmans, mouvement dont ils sont issus.

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