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Votre glossaire du processus de paix israélo-palestinien

Après trois années de léthargie, il est temps de réviser les principaux mots-clés que vous risquez d'entendre ces prochaines semaines.

Des travailleurs palestiniens sans permis franchissent illégalement la barrière qui sépare Israël de la Cisjordanie, en juin 2013, pour trouver un job dans l'Etat hébreu. Pris, ils risquent une amende ou la prison. REUTERS/Ammar Awad
Des travailleurs palestiniens sans permis franchissent illégalement la barrière qui sépare Israël de la Cisjordanie, en juin 2013, pour trouver un job dans l'Etat hébreu. Pris, ils risquent une amende ou la prison. REUTERS/Ammar Awad

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Iy a une dizaine de jours, lors d'une conférence de presse à Amman, le Secrétaire d’État américain John Kerry a annoncé que ses navettes diplomatiques au Moyen-Orient avaient fini par payer. «Nous sommes arrivés à un accord établissant la base d'une reprise des négociations directes sur le statut final entre  Israéliens et  Palestiniens», a-t-il déclaré. Vous vous souvenez du processus de paix? Après trois ans de léthargie, le voilà de retour!

Enfin bon, peut-être. «L'accord est toujours en cours de formalisation», a prévenu Kerry, mais le négociateur palestinien Saeb Erekat et la ministre israélienne de la justice Tzipi Livni se rencontrent à Washington cette semaine pour poursuivre les préparatifs.

Au cas où vous auriez oublié tout ce que cela signifie, voici un petit guide des principaux mots-clés que vous risquez d'entendre ces prochaines semaines.

Et pour aller plus loin encore, voici notre Palestinepédia, le décryptage de soixante années de conflit

Préconditions

Qu'est-ce qui retarde la «formalisation» de ces pourparlers? Les négociateurs israéliens et palestiniens ne veulent pas s'asseoir à une même table sans un cadre général et certaines concessions préliminaires. Il semblerait que dans cette ultime tentative de restaurer le dialogue, une pierre d'achoppement de taille soit l'insistance du Président palestinien Mahmoud Abbas auprès des négociateurs israéliens pour qu'ils proposent des frontières pour un potentiel État palestinien et acceptent un gel des implantations.

Mais qu'est-ce c'est que ça, le gel des implantations?

Gel des implantations

Un sempiternel problème des négociations israélo-palestiniennes, c'est que les responsables palestiniens exhortent régulièrement le gouvernement israélien de cesser la construction d’implantations en Cisjordanie et à Jérusalem-est, des territoires que les négociateurs palestiniens espèrent pouvoir intégrer dans leur futur État. Pour beaucoup de Palestiniens, la proliférations de ces «colonies» en Cisjordanie, souvent directement financées par le gouvernement israélien, relèvent d'une volonté tacite d'annexer ce territoire. Plus les implantations se multiplieront, affirment-ils, plus il sera difficile d'obtenir une solution à deux États fondées sur les frontières de 1967.

Frontières de 1967

Au début de la Guerre des Six Jours, en 1967, Gaza était aux mains de l’Égypte, le Golan revenait à la Syrie et la Cisjordanie à la Jordanie; après la Guerre des Six Jours, Israël poussa ses voisins arabes vers la Péninsule du Sinaï à l'ouest, le fleuve Jourdain à l'est et les chassa du Golan.

Depuis, son occupation de ces territoires n'a pas cessé (sauf pour Gaza, d'où Israël s'est retiré, mais qui est soumis à un blocus militaire visant à l’isoler et son gouvernement dirigé par le Hamas). La solution à deux États inclut un État palestinien établi sur les frontières de Gaza et de la Cisjordanie, tels que ces territoires étaient détenus par l’Égypte et la Jordanie au début de la Guerre des Six Jours.

Mais ces frontières, argue le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou, sont désormais indéfendables et les négociateurs israéliens font tout ce qu'ils peuvent pour conserver dans leur giron les implantations établies en Cisjordanie.

Échanges mutuellement agréés

Dès lors, le compromis consiste en un échange de territoires – les négociateurs palestiniens accepteront de renoncer aux implantations israéliennes en Cisjordanie et Israël, en échange, acceptera des ajouts territoriaux pour l’État palestinien. Quels sont les territoires concernés par cet échange? Voici un sujet central de toute négociation.

Droit au retour

Une belle gageure, même pour certains. Pour les négociateurs palestiniens, les Palestiniens déplacés par la guerre de 1948 et la fondation d'Israël, ainsi que leurs descendants, devraient être autorisés à retourner chez eux. Les négociateurs israéliens n'ont eu de cesse de refuser ce retour des réfugiés palestiniens en Israël, en arguant que la chose n'est pas logistiquement faisable et qu'elle altérerait l'identité fondamentale de l’État israélien.

Reconnaissance d'un État juif

Les derniers pourparlers directs ont échoué, selon la presse, quand les négociateurs palestiniens ont refusé de concéder qu'Israël était un «État juif» en échange d'un gel des implantations. Ces dernières décennies, l'identité d'Israël en tant qu’État juif est devenue une priorité fondamentale pour les négociateurs israéliens, du fait des problématiques démographiques auxquelles doit désormais faire face Israël. 

«L'occasion ratée»

Le ministre israélien des Affaires Étrangères, Abba Eban, est connu pour avoir accusé les négociateurs palestiniens de ne «jamais rater une occasion de rater une occasion», mais la formule peut s'appliquer à toutes les parties en présence, y compris, bien souvent, les États-Unis.

Ces ultimes pourparlers – toujours putatifs, n'oubliez pas, le rendez-vous de cette semaine est censé fixer les détails préliminaires des négociations – peuvent très bien être une «occasion manquée». Cf. les négociations de 2010, la Conférence d'Annapolis, la Feuille de Route pour la Paix, le sommet de Camp David sous Clinton, les Négociations d'Oslo, la Conférence de Madrid, etc.

J. Dana Stuster

Traduit par Peggy Sastre

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