Munich: des chefs-d'oeuvre au milieu des ordures
Les 1.500 œuvres d'art, certaines volées à des juifs par les nazis, retrouvées par les douanes allemandes en 2011 dans un appartement rempli d'ordures, étaient conservées dans des conditions catastrophiques, a raconté lundi à l'AFP un témoin de la découverte.
- Publié le 04-11-2013 à 16h20
- Mis à jour le 10-11-2013 à 18h38

Les 1.500 œuvres d'art, certaines volées à des juifs par les nazis, retrouvées par les douanes allemandes en 2011 dans un appartement rempli d'ordures, étaient conservées dans des conditions catastrophiques, a raconté lundi à l'AFP un témoin de la découverte.
"Les conditions climatiques (de stockage) étaient une catastrophe pour les oeuvres d'art", a raconté ce témoin souhaitant rester anonyme, après les révélations du magazine allemand Focus, évoquant la découverte de ces quelque 1.500 peintures, dessins ou gravures, dont certains signés Picasso, Matisse ou Chagall.
"Il ne faisait pas excessivement chaud dans l'appartement", a-t-elle précisé, mais "les oeuvres ont besoin d'une certaine humidité, pas d'air sec et pas trop froid".
Elle a toutefois estimé que les peintures, dessins et autres croquis retrouvés n'avaient "pas été gravement endommagés". "Certains cadres ont été abîmés, les équipes de restauration doivent faire leur expertise", a-t-elle précisé.
L'appartement en question est celui de Cornelius Gurlitt, un octogénaire dont le père Hildebrandt était un collectionneur d'art, décédé en 1956. Après avoir été dans un premier temps inquiété par les nazis, notamment parce qu'il avait une grand-mère juive, ce personnage controversé avait su se rendre indispensable au régime hitlérien qu'il aidait à écouler des oeuvres d'art volées ou saisies à l'étranger.
M. Gurlitt est sans doute un cas de syllogomanie (un syndrome d'accumulation compulsive d'objets divers), souligne le témoin qui en veut pour preuve "les cinquante sacs de chez Ludwig Beck" (un grand magasin de Munich) retrouvés chez lui.
Il y avait des ordures un peu partout, "mais pas jusqu'au plafond", comme l'a écrit Focus, selon elle.
"Les stores étaient tous baissés, et la seule fenêtre laissant passer la lumière du jour était celle de la cuisine", raconte-t-il encore, évoquant un lieu "tout à fait normalement aménagé, avec une cuisine, un salon, une chambre, une troisième pièce".
"Les oeuvres d'art se trouvaient derrière un rideau sur des étagères, il y avait très peu de tableaux dans le salon, la majeure partie se trouvait dans la troisième pièce", décrit le témoin, précisant qu'il s'agit de peintures mais également et "pour une grande partie", d'"oeuvres graphiques" (dessins, estampes, etc.)
"Une partie des oeuvres pourrait avoir été sortie des collections du musée de Dresde" par Hildebrandt Gurlitt pendant la guerre, suppose cette source qui se refuse à estimer un tel trésor: "C'est vraiment difficile à évaluer, il y avait là-bas des oeuvres que l'on considérait depuis longtemps comme définitivement disparues".