Pressé par ses scientifiques, le pouvoir israélien transige face à Bruxelles

Pour une fois, les scientifiques l'ont emporté sur les politiques. Car sans les pressions de la communauté scientifique d'Israël, Benjamin Netanyahou n'aurait pas accepté, in extremis, le compromis qui permet désormais à Israël de s'associer à un prestigieux programme européen.

Renée-Anne Gutter
Itamar, Cisjordanie, juin 2005 Ferme collective du colon extrŽmiste Avri Han. Ce dernier Žtait ˆ lÕŽpoque recherchŽ par la police pour le meurtre dÕun palestinien. Itamar West Bank. June 2005 Farm extremist religious settler Avri Han. Chatelin / Reporters
Itamar, Cisjordanie, juin 2005 Ferme collective du colon extrŽmiste Avri Han. Ce dernier Žtait ˆ lÕŽpoque recherchŽ par la police pour le meurtre dÕun palestinien. Itamar West Bank. June 2005 Farm extremist religious settler Avri Han. Chatelin / Reporters ©Chatelin / Reporters

Pour une fois, les scientifiques l'ont emporté sur les politiques. Car sans les pressions de la communauté scientifique d'Israël, Benjamin Netanyahou n'aurait pas accepté, in extremis, le compromis qui permet désormais à Israël de s'associer au prestigieux programme européen de recherche et développement Horizon 2020, en dépit du fait que les colonies juives en seront exclues.

Le dénouement n'est intervenu que mardi, après des mois d'impasse dans les négociations entre Israël et l'Union européenne, et alors qu'Horizon 2020 démarre en janvier prochain. Sur insistance de nombreux cadres universitaires, y compris quelques Prix Nobel, M. Netanyahou a demandé à la ministre de la Justice Tzipi Livni de mener d'ultimes tractations téléphoniques avec la représentante de l'UE, Catherine Ashton; mardi soir, elles ont atteint un compromis.

La formulation doit encore être finalisée et entérinée en haut lieu de part et d'autre. Mais le principe est acquis. Selon Mmes Ashton et Livni, l'accord "respectera entièrement les exigences légales et financières de l'UE, tout en respectant les sensibilités d'Israël et en préservant ses positions de principe". Bref, les deux camps sont d'accord de rester en désaccord sur leurs credo respectifs, sans que cela les empêche pour autant de mettre leur coopération en œuvre sur le terrain.

Israël se résignera

L'accord d'association serait donc complété par un appendice de l'UE stipulant qu'elle maintient ses directives différenciant Israël des territoires occupés (Cisjordanie, Jérusalem-Est, plateau syrien du Golan) et privant les colonies de financement européen. Mais Israël y ajoutera son propre appendice, spécifiant qu'il reste opposé à ces directives tant du point de vue juridique que politique; dans la pratique, il se résignera au fait que l'UE n'investira pas son argent dans les colonies.

Dans le cadre du compromis, l'UE accepterait que des institutions qui siègent à l'intérieur d'Israël mais ont des branches dans les colonies participent à Horizon 2020. A condition, toutefois, que les fonds européens qui leur seront alloués ne soient pas transférés à ces branches. Un mécanisme de contrôle israélo-européen y veillera.

La crainte de M. Netanyahou était qu'en signant l'accord sans aucune mise au point, le gouvernement israélien endosse la différenciation territoriale établie par l'UE et admette ainsi que la ligne d'avant 1967 est la frontière légale d'Israël. Il n'était donc pas question pour M. Netanyahou de se joindre à Horizon 2020 si l'UE ne modifiait pas ses directives. Or, l'UE les a maintenues.

Pour le monde académique d'Israël, c'est l'avenir de la science israélienne qui était en jeu. Aussi, les appels se sont-ils multipliés dans les médias et auprès du gouvernement, pour que celui-ci avale la couleuvre.

Comme souligne le professeur Manuel Trajtenberg, économiste qui dirige la commission israélienne du budget et de la planification de l'Education supérieure, Horizon 2020 offre des avantages inestimables, à la fois scientifiques, économiques et politiques. En plus des millions d'euros qu'il permettra d'investir dans des projets de recherche et développement en Israël, il donnera à sa communauté scientifique un accès inégalé à des partenariats et infrastructures en Europe et fera de milliers de scientifiques israéliens "les meilleurs ambassadeurs d'Israël à l'étranger".

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