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Des patrons israéliens lancent un appel pour la paix

L'idée de cet appel des chefs d'entreprise pour la paix a germé lors du Forum économique qui s'est tenu au bord de la mer Morte, en mai 2013, sous l'égide notamment du Palestinien Munib al-Masri et de l'Israélien Yossi Vardi. KHALIL MAZRAAWI/AFP

Une centaine de chefs d'entreprise redoutent que les appels au boycott des produits fabriqués dans les colonies, pour l'heure guère suivis d'effet, reçoivent à l'avenir un écho croissant.

De notre correspondant à Jérusalem

Une centaine de grands patrons israéliens s'apprêtent à lancer un appel pour la paix avec les Palestiniens en marge du Forum économique de Davos, auquel doivent notamment prendre part le premier ministre Benyamin Nétanyahou et le président Shimon Pérès. Ces chefs d'entreprise mettent en garde contre les conséquences économiques qu'entraînerait, selon eux, un échec des négociations engagées fin juillet sous la médiation de John Kerry. Ils redoutent notamment que les appels au boycott des produits fabriqués dans les colonies, pour l'heure guère suivis d'effet, reçoivent à l'avenir un écho croissant.

«Nous devons atteindre un accord de paix - en urgence», s'alarment ces grands patrons dans un texte dévoilé par le principal quotidien israélien, Yedioth Ahronoth. Parmi les signataires figurent Meir Brand, le PDG de Google Israël, Avi Gabay, PDG de l'opérateur téléphonique Bezeq, le magnat de la grande distribution Ramy Levy ou le géant de l'agroalimentaire Ofra Strauss. «Le monde est en train de perdre patience et la menace de sanctions augmente de jour en jour, préviennent-ils. Nous avons une fenêtre d'opportunité avec l'arrivée de John Kerry dans la région, et il faut la saisir».

Si Benyamin Nétanyahou se dit convaincu que l'économie israélienne, dopée par le développement des nouvelles technologies et de plus en plus orientée vers l'échange de biens immatériels, peut parfaitement prospérer en l'absence de solution de paix, un nombre non négligeable d'entrepreneurs expriment l'opinion inverse. Ils s'inquiètent notamment des mises en garde formulées au sein de l'UE, dont la moitié des États membres serait désormais favorable à un étiquetage des produits fabriqués dans les colonies. «Les négociations constituent la dernière digue contre les vagues du boycott», estime la négociatrice israélienne Tzipi Livni, favorable à un compromis avec les Palestiniens.

Boycott économique, une menace majeure

Début janvier, le fonds de pension néerlandais PGGM, qui affirme gérer quelque 150 milliards d'euros, a jeté un froid en annonçant son intention de boycotter cinq banques israéliennes en raison de leurs activités dans les colonies de Cisjordanie. Peu auparavant, le plus gros fournisseur d'eau potable néerlandais avait suspendu sa collaboration avec son homologue israélien. Des initiatives pour l'heure isolées, mais que certains responsables israéliens craignent de voir se multiplier.

«Un accord avec les Palestiniens permettrait à Israël de réduire ses investissements dans le secteur de la défense et lui ouvrirait d'immenses opportunités commerciales dans le monde arabe. Au contraire, le boycott économique et la perte de légitimité internationale constituent des menaces majeures», estime ainsi l'ex-ambassadeur Itamar Rabinovich, signataire de l'appel, dans un entretien à Reuters.

Le ministre de l'Économie Naftali Bennett, issu d'une formation d'extrême droite proche des colons de Cisjordanie, a pour sa part balayé l'initiative des chefs d'entreprise. Il souligne au contraire que la création d'un État palestinien souverain générerait des problèmes sécuritaires qui retentiraient mécaniquement sur l'économie israélienne. «Nous devons redresser la tête et cesser d'avoir peur, a-t-il lancé lundi. Comme nous avons combattu le terrorisme et l'avons défait, nous devons aujourd'hui mener un nouveau type de guerre contre ceux qui cherchent à délégitimer l'État d'Israël.»

Des patrons israéliens lancent un appel pour la paix

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13 commentaires
  • bleu10

    le

    le gouvernement allemand decide de supprimer les accords de financement avec israel http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/01/29/les-signaux-sur-l-isolement-d-israel-se-multiplient_4355907_3232.html

  • bleu10

    le

    festival de la bd Angoulême appel au boycott. ..http://m.leparisien.fr/international/festival-d-angouleme-des-dessinateurs-contre-les-bulles-sodastream-31-01-2014-3546941.php

  • Squall Leonhart

    le

    Bennet a raison, l'impact d'une guerre ou d'une autre intifada est bien plus à craindre économiquement que les agitations d'antisémites occidentaux.

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