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L'armée israélienne promet de ne plus s'entraîner dans les cimetières palestiniens

VIDÉO - La diffusion d'un film montrant des soldats en train de simuler des heurts parmi les pierres tombales, au cœur d'Hébron, a récemment suscité la polémique.

De notre correspondant à Jérusalem,

L'armée israélienne, accusée début novembre d'avoir organisé une séance d'entraînement dans un cimetière musulman d'Hébron (Cisjordanie), vient d'esquisser un timide mea culpa. Dans un courrier adressé le 7 janvier dernier à l'ONG Yesh Din, le conseiller juridique de l'institution militaire indique: «les forces déployées dans cette zone ont reçu l'ordre de ne plus conduire d'exercices dans les lieux publics revêtant une importance religieuse ou culturelle particulière, y compris les cimetières». Pour la première fois, il s'engage par ailleurs à ce que la population des villages dans lesquels l'armée prévoie de s'entraîner en soient prévenue à l'avance.

Yesh Din, qui dénonce depuis plusieurs années l'impact des entraînements militaires en milieu urbain, a marqué un point en dévoilant, il y a bientôt trois mois, une vidéo tournée par une de ses volontaires à l'entrée du cimetière de Tel Rumeida, sur les hauteurs d'Hébron. A l'image, on distingue clairement deux groupes de soldats qui simulent une opération de maintien de l'ordre au milieu des pierres tombales. Les uns, armés, portent l'uniforme, tandis que d'autres, grimés en civil, jettent des pierres dans leur direction.

«Ces images, qui traduisent un mépris total pour le caractère sacré de ce lieu, sont particulièrement choquante», commentait à l'époque l'avocate Emily Schaeffer, membre de l'équipe juridique de Yesh Din. Son émotion était d'autant plus vive que le centre d'Hébron, où quelques centaines de colons israéliens vivent sous protection militaire au milieu de 40.000 Palestiniens, est souvent décrite comme un chaudron qui peut exploser d'un instant à l'autre.

« Compte tenu des problèmes sécuritaires qui se posent dans cette zone, [ces manoeuvres] sont absolument nécessaires »

Le conseiller juridique de l'armée israélienne

Prié de s'expliquer par l'ONG, le conseiller juridique de l'armée réaffirme dans son courrier l'utilité des entraînements conduits en milieu urbain. L'institution, concède-t-il, dispose certes de bases dans lesquelles des villages palestiniens ont été reconstitués afin que les soldats puissent s'y exercer. Mais, ajoute-t-il, rien ne saurait remplacer les conditions réelles qu'offrent les villages de Cisjordanie. «Les forces armées israéliennes ont conscience que ces manoeuvres sont susceptibles de causer des nuisances, écrit-il. Toutefois, compte tenu des problèmes sécuritaires qui se posent dans cette zone, elles sont absolument nécessaires.»

L'état-major, qui n'a longtemps pas jugé utile de s'expliquer sur le cadre dans lequel se déroule ces entraînements, semble cependant amorcer un début de clarification. Fin octobre, déjà, l'avocat militaire pour les affaires opérationnelles avait reconnu l'importance de les conduire avec discernement. «Il est clair, avait-il ajouté, que la mise en œuvre de ces exercices doit éviter de mettre en danger les populations, de causer des dommages à leurs propriétés ou de perturber, au-delà du raisonnable, leur vie quotidienne.»

En se disant déterminé à bannir les entraînements sur les sites religieux, l'armée fait aujourd'hui un petit pas de plus. «Nous espérons que ces nouvelles instructions vont réduire le nombre d'exercices organisés dans les villages, et que l'obligation d'en informer la population civile sera appliquée», a commenté l'avocate Emily Schaeffer. Elle rappelle: «ces entraînements militaires sèment la peur, la panique et violent la sécurité comme la dignité des résidents des villages concernés».

L'armée israélienne promet de ne plus s'entraîner dans les cimetières palestiniens

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