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Journée décisive pour le judaïsme français

Joël Mergui, président du Consistoire central et du consistoire de Paris. LIONEL BONAVENTURE/AFP

L'entité suprême du judaïsme en France pourrait adopter une réforme interne d'ampleur lors du Conseil du Consistoire central mardi, à Paris. Elle ne fait pas l'unanimité.

Une réforme d'ampleur pourrait être décidée, mardi, à Paris, lors du Conseil du Consistoire central, l'instance de direction du judaïsme français. Cette structure, qui est l'entité suprême de cette religion en France, pourrait être juridiquement absorbée par le consistoire de Paris, la plus puissante des instances régionales. Toute proportion gardée - et dans des univers non comparables - c'est un peu comme si le poste de président des évêques de France était absorbé par celui d'archevêque de Paris. Ou comme si celui de président de la République l'était par le maire de Paris.

Cette réforme interne est surtout voulue par le président du Consistoire central et du consistoire de Paris, Joël Mergui, un laïc élu pour assumer la responsabilité administrative de ces structures. Il n'a pas voulu répondre au Figaro avant cette réunion décisive, mais il est motivé par un souci de rationalisation de la gestion, mais aussi par celui de la représentation publique de cette religion en France.

Présence du judaïsme dans la société

L'importance de son projet tient à l'impact politique - et non pas tant organisationnel - qu'il véhicule, puisqu'il risque de limiter l'indépendance du grand rabbin de France, qui est l'instance morale du judaïsme. Ce dernier, en effet, était jusque-là au-dessus des intérêts des entités régionales. Tout simplement parce qu'il est le symbole d'un autre ordre: celui d'une présence religieuse du judaïsme dans la société française. Et aussi le témoin d'un niveau national et international de cette religion, et non pas simplement régional.

Ce projet de réforme rencontre donc l'opposition frontale des personnalités rabbiniques de haut rang, mais elle emporte aussi beaucoup de soutiens. Cette réforme a en fait pu voir le jour à la suite du vide laissé par le départ précipité du grand rabbin de France, Gilles Bernheim, en avril 2013, convaincu de plagiats. En réalité, le grand rabbin n'est toujours pas remplacé à ce jour, même si un binôme - plutôt invisible sur la scène publique -, formé par les rabbins Michel Gugenheim et Olivier Kaufmann, assure l'intérim.

Mais, curieusement, les élections du successeur de Bernheim sont toujours reportées, alors qu'elles auraient déjà dû avoir lieu selon ce qui avait été annoncé en avril 2013. C'est d'ailleurs l'un des enjeux majeurs de la réunion de mardi: elle doit décider d'un nouveau report de cette élection. Si c'est le cas, cela permettrait de faire passer la réforme de structure avant qu'un nouveau grand rabbin de France ne soit élu… Mais il ne pourrait pas donner son avis, pourtant autorisé et prévu par les textes, sur une décision engageant ainsi l'avenir.

Derrière cette bataille se profile aussi le débat sur la répartition du pouvoir entre le judaïsme de province, plutôt favorable au statu quo, et celui de la puissante fédération parisienne. Au point que le nombre des représentants «parisiens» devrait être très largement augmenté. Ce qui indique clairement que le consistoire de Paris, jusque-là désavantagé en nombre de délégués, chercherait maintenant à s'imposer face aux consistoires des régions.

Autre enjeu majeur: celui de «l'ouverture» du judaïsme face aux défis de société. Joël Mergui ne cache pas sa sympathie pour une vision plus orthodoxe du judaïsme, donc plus religieuse et traditionnelle, qui est effectivement une force montante.

En tout état de cause, c'est bien l'avenir de la représentation nationale de cette religion qui se joue, ce mardi, dans ses instances les plus élevées.

Journée décisive pour le judaïsme français

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16 commentaires
  • dacey

    le

    Tiens, certains commentaires ont disparu ! Il n'ont certainement pas eu l'heur de plaire au CRIF ... Les boutons "délation", heu pardon, "alerter", ont dû chauffer ce matin ...

  • mistophore

    le

    Ces consistoires furent créés par Napoléon pour structurer et pacifier les rapports Etat-Religions après la Révolution mais pas forcément pour pacifier à l'intérieur des "chapelles"....

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