Un tribunal égyptien a condamné à mort lundi 24 mars en première instance plusieurs centaines de partisans du président islamiste Mohamed Morsi, destitué par l'armée, pour des violences commises durant l'été, ont déclaré des sources judiciaires. Dix-sept autres ont été acquittés, selon l'avocat Ahmed Al-Charif — il s'agit du plus important procès depuis le début de la répression des pro-Morsi.
Seuls 153 des condamnés sont détenus, les autres sont en fuite, ont précisé ces sources. Mardi, 700 autres personnes sont citées à comparaître. Parmi les accusés figurent de nombreux dirigeants des Frères musulmans de Mohamed Morsi, dont leur Guide suprême, Mohammed Badie, accusés de violences ayant causé la mort de deux policiers et d'attaques contre des biens publics et privés. Là aussi, la majorité des accusés sont en fuite.
« UNE CATASTROPHE, UNE MASCARADE ET UN SCANDALE »
En l'état, ce verdict, sans précédent dans l'histoire égyptienne, est « une catastrophe, une mascarade et un scandale qui aura des conséquences pour l'Egypte pendant des années », a déploré Gamal Eid, expert juridique à la tête du Réseau arabe pour l'information sur les droits de l'homme.
Toutefois, notent les experts, la loi égyptienne prévoit un nouveau procès pour tout accusé en fuite qui se rend à la justice et un appel devant la Cour de cassation devrait selon toute vraisemblance permettre aux condamnés actuellement en détention d'obtenir également un nouveau procès ou de voir leur peine commuée. En outre, la peine de mort doit encore être validée par le mufti, représentant de l'islam auprès de l'Etat. Les Etats-Unis se sont dits « profondément inquiets » de ces condamnations à mort.
Ce procès de masse s'est déroulé à Minya, une ville de Moyenne-Egypte qui avait été le théâtre de nombreuses violences contre les forces de sécurité et la minorité chrétienne copte. Le 14 août, lors de la journée la plus sanglante de l'histoire récente d'Egypte, policiers et soldats avaient lancé l'assaut sur deux rassemblements pro-Morsi au Caire, faisant des centaines de morts et embrasant le pays déjà secoué par des violences quotidiennes depuis la destitution par l'armée, le 3 juillet, de son seul président jamais élu démocratiquement.
Les Frères musulmans appellent régulièrement à manifester pour réclamer le retour au pouvoir de M. Morsi. Leurs rassemblements ont souvent dégénéré en violences. Fin décembre, la confrérie vieille de quatre-vingt-cinq ans a été déclarée « terroriste ». Depuis, lui appartenir, posséder sa littérature ou participer à ses manifestations est passible de prison.
Selon Amnesty International, 1 400 de ses partisans ont été tués dans la répression, et des milliers d'islamistes ont été arrêtés et sont désormais jugés, à l'image de M. Morsi et de la quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans, qui encourent la peine de mort.
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