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La lente agonie judiciaire d'Ehoud Olmert, rattrapé par les affaires

Reconnu coupable de corruption, l'ancien premier ministre israélien voit ses espoirs de faire son retour sur la scène politique probablement anéantis.

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Publié le 31 mars 2014 à 17h16, modifié le 01 avril 2014 à 09h44

Temps de Lecture 3 min.

L'ancien premier ministre israélien Ehoud Olmert, le 31 mars, lors de son procès à Tel-Aviv.

Cette fois, le phénix risque fort de ne pas renaître en politique : l'ancien premier ministre Ehoud Olmert a été reconnu coupable de corruption, lundi 31 mars, par un tribunal de Tel-Aviv. A l'aune des nombreuses accusations de pots-de-vin qui, ces dernières années, ont émaillé sa carrière, les sommes visées par ce verdict ne sont pas considérables, mais la justice israélienne n'a sans doute pas dit son dernier mot. Pour l'heure, il lui est reproché d'avoir perçu illégalement 750 000 shekels (environ 156 000 euros) pendant son mandat de maire de Jérusalem (1993-2003), et d'avoir menti à la justice.

En tout état de cause, les espoirs de M. Olmert, qui est âgé de 68 ans, de faire son retour sur la scène politique sont probablement anéantis. On ne connaîtra que le 28 avril le jugement prononcé contre l'ancien chef du parti de centre droit Kadima, mais il risque un maximum de sept ans de prison. En juillet 2012, il avait été acquitté des accusations de corruption portées contre lui dans trois affaires (Rishon Tours, Talansky et le Centre d'investissement du ministère de l'industrie, dont il a eu la charge de 2003 à 2006), la justice ne retenant que le délit d'abus de confiance, qui lui avait valu une condamnation légère.

« JE N'AI JAMAIS REÇU DE POTS-DE-VIN »

Il ne cachait pas alors son souhait de se poser en rival du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, lors des élections de janvier 2013. Mais la justice a une longue mémoire : parmi toutes les affaires qui l'avaient forcé à démissionner de son poste de premier ministre, en septembre 2008 (il ne quittera le pouvoir effectivement qu'en mars 2009, à l'issue des élections remportées par M. Nétanyahou), le scandale « Holyland » demeurait une épée de Damoclès. Le nom de ce gigantesque complexe immobilier situé dans le quartier de Malha, unanimement qualifié de « monstruosité architecturale défigurant Jérusalem », est revenu régulièrement dans l'actualité de ces dernières années, la plupart du temps en lien avec les ennuis judiciaires de M. Olmert.

Lire le contexte de l'affaire : "Holyland", le scandale de trop pour Ehoud Olmert

Si, à l'origine, il s'agissait de construire trois hôtels, l'ampleur du projet, de dérogation en dérogation, a été multipliée par douze, et les hôtels ont été remplacés par plus de 1 000 appartements résidentiels. Ces dérogations avaient un prix, en termes de pots-de-vin. La justice soupçonnait l'ancien maire d'avoir touché quelque 3,5 millions de shekels (environ 700 000 euros) pour faciliter la conclusion du projet. En avril 2010, Ehoud Olmert affirmait ainsi son innocence : « Je n'ai jamais reçu de pots-de-vin de qui que ce soit, sous quelque forme que ce soit, ni directement, ni indirectement. »

DEUX TÉMOINS-CLÉS

Si la justice est arrivée à une conclusion inverse, c'est notamment grâce à deux témoins-clés : Shmuel Dechner et Shula Zaken. Le premier, un riche promoteur immobilier qui avait affirmé avoir versé d'importantes sommes d'argent à Ehoud Olmert, est mort en 2013. Les poursuites auraient pu tourner court sans la seconde, devenue tardivement témoin à charge. Confidente de l'ancien premier ministre pendant trente ans ans (elle dirigeait son cabinet alors qu'il était maire de Jérusalem), Mme Zaken a été reconnue coupable d'avoir accepté un pot-de-vin de 100 000 shekels (20 700 euros) de la part de Shmuel Dechner.

Dès lors, elle risquait une lourde peine de prison, à moins qu'elle accepte de témoigner à charge contre son ancien patron. Ce qu'elle a fait, moyennant une peine réduite à onze mois de prison, et l'obligation de rembourser… 100 000 shekels. Ehoud Olmert n'est pas le seul à être épinglé par la justice pour l'affaire Holyland : outre son frère Yossi, Danny Dankner, ancien président de la banque Hapoalim (deuxième banque israélienne), et Uri Lupolianski, ancien maire de Jérusalem (2003-2008), ont été reconnus coupables de corruption, et risquent également une peine de prison.

Ehoud Olmert, qui avait été nommé chef du gouvernement en janvier 2006, succédant à Ariel Sharon, quitte de facto la scène politique dans l'opprobre. Il avait ordonné le déclenchement de l'opération « plomb durci » contre la bande de Gaza, au cours de l'hiver 2008-2009, et il avait conduit de longues négociations avec Mahmoud Abbas, chef de l'Autorité palestinienne. Celles-ci, quoique considérées par certains experts comme prometteuses, n'ont pas abouti à un accord de paix.

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