Colloque antisémite: la situation est gérée, indique Milquet

La ministre de l'Intérieur, Joëlle Milquet, est en contact depuis plusieurs jours avec les services concernés par l'annonce d'un congrès rassemblant à Bruxelles plusieurs personnalités connues pour leur antisémitisme, a-t-elle indiqué.

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Colloque antisémite: la situation est gérée, indique Milquet
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La ministre de l'Intérieur, Joëlle Milquet, est en contact depuis plusieurs jours avec les services concernés par l'annonce d'un congrès rassemblant à Bruxelles plusieurs personnalités connues pour leur antisémitisme, a-t-elle indiqué à la suite d'une conférence de presse du député-bourgmestre d'Etterbeek, Vincent De Wolf. "Ce dossier est donc bien géré et pris en main de manière claire, collective et cohérente depuis le début sans qu'il faille à ce stade faire d'autres commentaires publics qui ne peuvent être que contreproductifs en tout point", a-t-elle indiqué à l'Agence Belga.

M. De Wolf (MR) a appelé mercredi le gouverneur de Bruxelles à prendre un arrêté d'interdiction de cette manifestation couvrant l'ensemble du territoire régional. Les organisateurs du colloque ne communiqueront le lieu de celui-ci qu'au dernier moment, ont-ils annoncé. De cette façon, ils empêchent les bourgmestres bruxellois de prendre un arrêté préventif d'interdiction.

Cette manifestation baptisée "1er Congrès européen de la dissidence" est organisée par une librairie installée à Uccle et le parti "Debout les Belges" du député Laurent Louis déjà poursuivi par la justice pour calomnie et diffamation ainsi que pour la publication de pièces tirées du dossier d'instruction de Marc Dutroux.

Plusieurs orateurs sont annoncés, issus de courants de l'extrême-droite catholique, musulmane ou panafricaine. Certains ont déjà eu maille à partir avec la justice française: l'humoriste Dieudonné, Alain Soral (se définissant comme un national-socialiste à la française et considéré comme l'éminence grise de Dieudonné) ou encore Kémi Séba (condamné à plusieurs reprises pour provocation à la haine raciale et dont l'organisation "Tribu Ka" a été dissoute en 2006 à la suite d'une descente dans le quartier juif de la rue des Rosiers à Paris).

Le gouverneur n'a pas encore donné suite à la demande de M. De Wolf. Il attend notamment de voir quelles initiatives pourrait prendre la ministre de l'Intérieur. De son côté, le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort a précisé qu'une concertation entre les zones de police de la Région pourrait avoir lieu et déboucher sur un arrêté d'interdiction couvrant l'ensemble du territoire bruxellois.

Dans les communes, outre M. De Wolf, le bourgmestre de Watermael Boitsfort, Olivier Deleuze (Ecolo), s'est déjà manifesté. Si la réunion devait se tenir sur le territoire de sa commune, il fera "tout ce qui est en son pouvoir pour l'empêcher", a-t-il indiqué.

"J'applique la doctrine Valls", a-t-il ajouté en faisant référence à l'ancien ministre français de l'Intérieur auteur d'une circulaire préconisant l'interdiction d'un spectacle de Dieudonné pour troubles à l'ordre public.

La Ligue belge contre l'antisémitisme a alerté les 19 bourgmestres des communes bruxelloises de la tenue de ce congrès. Elle leur a adressé un florilège des déclarations de quelques uns des orateurs prévus au contenu explicitement antisémite en leur demandant de prendre les dispositions utiles à l'interdiction de cette manifestation.

"Je ne peux envisager que, dans ma ville, ait lieu le premier congrès antisémite depuis la fin de la deuxième guerre mondiale", a déclaré le président, Joël Rubinfeld.

Mayeur ne se rallie pas à l'appel de De Wolf

Le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Yvan Mayeur, a décidé de ne pas se rallier à l'appel de son collègue d'Etterbeek Vincent De Wolf adressé au gouverneur de l'arrondissement de Bruxelles-capitale pour que celui-ci prenne un arrêté d'interdiction d'une manifestation antisémite couvrant l'ensemble du territoire de la Région. Le lieu où se tiendra ce qui est présenté comme le "Congrès européen de la dissidence" organisé dimanche, le 4 mai, ne sera communiqué aux participants que quelques heures avant le début de la réunion. Les bourgmestres bruxellois ne peuvent donc prendre un arrêté interdisant la manifestation, a estimé M. De Wolf pour justifier son appel au gouverneur de Bruxelles.

"L'appel de Vincent De Wolf n'a pas beaucoup de sens dans la mesure où le gouverneur agirait par défaut d'initiative du bourgmestre. J'ignore ce que M. De Wolf va faire si cela concerne sa commune, mais moi je me tiens prêt à prendre des mesures", a commenté le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, via l'agence Belga.

Selon Yvan Mayeur, le gouverneur de Bruxelles pourrait mobiliser les policiers en cas d'incident, mais il ne pourrait pas décider d'interdire la manifestation à la place des bourgmestres.

Quoiqu'il en soit, la Ville prépare des mesures, en ce compris sur le plan juridique pour pouvoir interdire la manifestation en dernière minute si nécessaire, a encore dit Yvan Mayeur.

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