Le congrès de Laurent Louis: la communauté juive sous le choc
Pour la communauté religieuse, il s’agit du 1er événement antisémite d’une telle dimension depuis la fin de la 2e Guerre mondiale. Découvrez vos avis sur l'interdiction du rassemblement.
- Publié le 05-05-2014 à 06h30
- Mis à jour le 05-05-2014 à 16h13
Pour la communauté religieuse, il s’agit du 1er événement antisémite d’une telle dimension depuis la fin de la 2e Guerre mondiale "Mon réseau me tient au courant de ce qu’il se passe sur place. Là, je n’ai plus eu de nouvelles depuis une heure", explique le président du Centre communautaire laïc juif Henri Gutman. Comme lui, la plupart des membres de la communauté surveille de près la tournure que prennent les événements à Anderlecht.
Malgré l’interdiction du Congrès européen de la dissidence, le responsable du centre est persuadé que l’événement aura tout de même lieu. "Je sais qu’il y aura un subterfuge et que Laurent Louis et sa clique trouveront autre chose."
Cela fait plusieurs jours que la communauté juive est sous le choc. Pour elle, l’événement organisé par Laurent Louis est clairement antisémite : "Sous le nom de dissidence est rassemblée toute la brochette antisémite française et belge. Ils accusent systématiquement les juifs de diriger la finance et les médias", affirme Jonathan de Lathouwer, président de l’Union des étudiants juifs de Belgique. "C’est la première fois qu’il y a dans le pays un rassemblement antisémite d’une telle ampleur depuis la fin de la 2e Guerre mondiale. Le pire, c’est que les militants s’assument et sont complètement décomplexés d’afficher leur antisémitisme."
Son organisation a déposé plainte vendredi auprès du procureur du Roi de Bruxelles. La Ligue belge contre l’antisémitisme (LBCA) et la Licra ont fait de même. Elles ont chacune salué l’interdiction de l’événement et invité à se méfier du personnage de Laurent Louis.
Sur son site internet, la LBCA consacre un long article au député polémiste. La conclusion met en garde : "Ne nous y trompons pas, le caractère ridicule et parodique de ce Degrelle de pacotille n’enlève rien au danger potentiel que ce dernier représente dans le climat actuel de la libération de la parole antisémite. En témoigne le nombre de vues de ses vidéos sur YouTube qui, si elles plafonnaient à 5.000 pour celles enregistrées au début de son mandat, se chiffrent désormais en centaines de milliers depuis que le député s’abandonne sans réserve à l’expression de sa haine pathologique des Juifs."
Une marche contre la banalisation de l’antisémitisme, du racisme et de la xénophobie sera organisée dimanche prochain à Bruxelles.
Votre avis sur l'interdiction du rassemblement
Paul-Érick, formateur:
"Je suis là pour soutenir Laurent Louis, Alain Soral et Dieudonné. Rien ne change du côté politique. Nous ne sommes pas là pour être violents, nous dénonçons une élite. Il y a le risque d’y avoir des trouble-fête, mais nous sommes pacifiques."
David Matagne, candidat aux élections de Debout les Belges:
"C’est dommage que le rassemblement soit interdit. C’est contre la liberté d’expression. Malgré ses propos contre les étrangers, la N-VA continue d’organiser de grands meetings, alors qu’on nous l’interdit."
Dimitri, mannequin:
"Pourquoi nous interdire de discuter ? Nous ne sommes pas armés, nous voulons juste parler. C’est ridicule d’envoyer les policiers et un hélicoptère. Nous voulions voir les événements sur place avant de comparer à la version des JT."
Seyf, employé:
"Quelque chose se passe dans la société et on reflète ce changement. C’est de la bêtise d’interdire et cela fait plus de publicité. Certains essayent de récupérer l’événement, alors que je voulais juste voir les invités et les débats."
Marielle, employée:
"Même si on n’est pas d’accord, il faudrait laisser le débat avoir lieu. Moi, les idées des invités m’intéressent, par exemple la manipulation du public par les médias. Je voudrais me faire mon propre avis plutôt qu’écouter des comptes-rendus."
Martine, retraitée:
"Je suis venue pour m’opposer à ce rassemblement en tant que démocrate et fille de résistants de la Seconde Guerre mondiale. Comme vous le voyez, je porte l’insigne des résistants politiques pendant le nazisme, le triangle rouge."
Rachida, militante:
"C’est bien de parler de liberté, mais je ne laisserai personne s’attaquer à mon pote juif comme ça a été le cas aujourd’hui. Je milite pour la Palestine avec la gauche israélienne et pour les sans-papiers, je suis contre tous les racistes."
Marie, retraitée:
"Je suis orpheline de guerre. Pour moi, on est en train de vivre à nouveau une situation où les hommes politiques ne sont plus à la hauteur des exigences du peuple, comme à l’époque. Du coup, les gens se mettent à croire en n’importe quoi."
Ahmed, employé:
"C’est une mauvaise idée de rassembler tant de personnes dans le quartier alors que le rassemblement a été interdit. Je n’ai jamais entendu parler de Laurent Louis ou de ses invités et beaucoup de ceux présents ne viennent pas du quartier."
Axel Farkas, candidat du PTB aux élections:
"C’est lamentable. Le rassemblement organisé par Laurent Louis qui a eu lieu ici à Anderlecht cet après-midi est tout simplement un rassemblement antisémite, sexiste et misogyne. Pour moi, c’est juste intolérable."