Culture

DSK a toutes les chances de gagner face à Abel Ferrara et Wild Bunch

L'ancien directeur du FMI compte porter plainte pour diffamation

Dominique Strauss-Kahn à Paris le 26 juin 2013. REUTERS/Charles Platiau
Dominique Strauss-Kahn à Paris le 26 juin 2013. REUTERS/Charles Platiau

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Lundi 19 mai, sur Europe 1, l'avocat de DSK, Jean Veil, a annoncé que son client allait «porter plainte pour diffamation d'ici quelques jours» contre le film d'Abel Ferrara, Welcome to New York. Pour Veil, ce film est «une merde, une crotte de chien», et qu'il comporte «une part d'antisémitisme».

Mais c'est pour diffamation que l'ancien directeur du FMI entend porter plainte: «Du fait des accusations de viol et de ces insinuations qui sont tout au long du film.»

En effet, la scène de viol d'une femme de chambre a lieu explicitement dans le film, sans doute possible. Alors que, rappelle l'avocat, Dominique Strauss-Kahn a «été mis hors de cause de la manière la plus nette par le procureur de New York» dans l'affaire du Sofitel. Un non-lieu a été prononcé en 2011. 

Dès avant la sortie du film, les avocats se préparaient à réagir, comme l'avait annoncé Frank Nouchi dans Le Monde le 16 mai, à la veille des premières projections: 

«Quand il sera visible, le film sera disséqué à la loupe, le code pénal dans une main, la loi de 1881 dans l'autre. Diffamation? Atteinte à la vie privée? Antisémitisme? Pour l'heure, dans l'entourage d'Anne Sinclair et de Dominique Strauss-Kahn, on observe la plus grande prudence.»

Voilà, ils se sont enfin exprimés.

Mais dans Welcome to New York, le personnage principal, incarné par Gérard Depardieu, ne s'appelle pas DSK mais Devereaux. Son épouse n'est pas Anne Sinclair mais Simone. Cela peut-il suffire à protéger le réalisateur Abel Ferrara, et le producteur Vincent Maraval, aux yeux de la justice? Probablement pas. 

La configuration est similaire à celle du roman de Marcela Iacub, Belle et Bête, qui a fait scandale en 2013, en présentant DSK en cochon... L'homme politique n'était pas nommé dans le roman. Et certains passages tirant vers le fantastique –au sens du mouvement littéraire, certainement pas de la qualité du récit– c'était une fictionnalisation des faits, que, en l'occurrence, seuls Iacub et Strauss-Kahn connaissent.

Mais la fiction n'a pas suffi à protéger la maison d'édition, Stock, ni Marcela Iacub, condamnées à verser 50.000 euros de dommages et intérêts. Nul besoin que le nom de DSK soit dans le livre, nous expliquait alors Emmanuel Pierrat, avocat spécialiste en droit d'auteur et en propriété intellectuelle.

«La médiatisation orchestrée par la maison d'édition est suffisante. D'autant plus que la jurisprudence est très claire: si une personne n'est pas nommée dans un livre mais qu'elle est reconnaissable à travers des éléments descriptifs ou des événements (Carlton, etc), alors cela revient au même que si l'auteur avait mis son nom.»

En l'occurrence, la médiatisation de Welcome to New York dépasse de loin celle de Belle et Bête, elle est mondiale. Et aucun doute n'est permis, ni n'a été insinué par Wild Bunch ou Ferrara, quant à l'inspiration des faits. 

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