Tuerie au Musée juif: deux perquisitions dans la famille de Mehdi Nemmouche

Les enquêteurs ont retrouvé dans l'appareil photo de Mehdi Nemmouche, soupçonné d'être le tueur du Musée juif de Bruxelles, une courte vidéo évoquant l'attentat et montrant les armes censées avoir été utilisées, a annoncé dimanche le procureur de la République de Paris, François Molins. Toutes les informations à suivre en direct.

AFP et Belga
Tuerie au Musée juif: deux perquisitions dans la famille de Mehdi Nemmouche
©Photo News

Deux perquisitions ont eu lieu dimanche après-midi à Tourcoing, dans le nord de la France, aux domiciles de proches de Mehdi Nemmouche, soupçonné d'être le tueur du Musée juif de Bruxelles, a-t-on appris de source proche du dossier.

"Il y a eu une perquisition chez la grand-mère et une des tantes de Mehdi Nemmouche, qui est actuellement entendue" par la police, a indiqué cette source à l'AFP.

Vers 17H50, cinq policiers cagoulés sont sortis du domicile de la grand-mère, un petit pavillon du quartier sensible de La Bourgogne à Tourcoing (Nord), avant de s'engouffrer dans deux véhicules, escortés par deux camionnettes de la police nationale, a constaté une journaliste de l'AFP.

D'autres perquisitions ont eu lieu dimanche de l'autre côté de la frontière belge, à Courtrai, lesquelles ont mené aux auditions de deux personnes qui "ne sont pas arrêtées", a indiqué le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw.

Un acte revendiqué?

Les enquêteurs ont retrouvé dans l'appareil photo de Mehdi Nemmouche, soupçonné d'être le tueur du Musée juif de Bruxelles, une courte vidéo évoquant l'attentat et montrant les armes censées avoir été utilisées, a annoncé dimanche le procureur de la République de Paris, François Molins.

L'homme avait dans ses bagages un "drap" portant une inscription au nom de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), groupe jihadiste actif notamment en Syrie où le suspect a passé "plus d'une année" à compter de fin 2012 début 2013 avant de "brouiller les pistes" sur le chemin du retour en Europe, a précisé M. Molins lors d'une conférence de presse (toutes les vidéos de la conférence de presse ci-dessous).

De nombreux objets trouvés sur le suspect correspondent à ceux utilisés lors de l'attaque

L'homme interpellé vendredi après-midi à Marseille dans le cadre de l'enquête sur la fusillade au Musée Juif à Bruxelles, était fort connu en France pour des faits de grand banditisme. Il se serait radicalisé ces dernières années au contact de camps djihadistes en Syrie, a indiqué le parquet fédéral dimanche au cours d'une conférence de presse. Le suspect, M. N., né en 1985, était inconnu des services de sécurité belges. L'homme avait pris le bus à Bruxelles dans la journée de jeudi avec un revolver dans sa veste, et un sac contenant une kalachnikov et une quantité importante de munitions. Une caméra a également été retrouvée, autant d'éléments pouvant correspondre à ceux utilisés lors de l'attaque de samedi dernier à Bruxelles.

D'après les autorités françaises, un enregistrement a également été retrouvé, reprenant des images d'armes et sur lequel un homme déclare filmer ces objets car sa caméra n'a pas fonctionné au moment de l'attaque contre les Juifs à Bruxelles, attaque qui est donc revendiquée. Il n'est cependant pas encore établi clairement si la voix sur l'enregistrement est bien celle du suspect interpellé, a précisé le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw. L'homme n'a fait aucune déclaration depuis son interpellation.

De nationalité française, M. N. aurait séjourné dans la région de Courtrai où des perquisitions ont été menées dimanche. Deux personnes ont été entendues dans ce cadre.

Les premières expertises sont concluantes

Si l'homme soupçonné d'être le tueur du Musée juif de Bruxelles est resté muet depuis le début de sa garde à vue, les expertises scientifiques sur ses armes et sa caméra commencent à fournir des éléments "probants", a-t-on appris dimanche de source proche de l'enquête.

"La police technique et scientifique de la police judiciaire commence à obtenir des résultats, même s'ils ne seront officiels qu'en début de semaine", a affirmé cette source à l'AFP.

Selon elle, "les premiers résultats sur les armes ainsi que les premières exploitations du matériel informatique et des images vidéo en sa possession semblent donner des résultats très probants", a-t-elle expliqué.

Une autre source proche de l'enquête a toutefois précisé qu'il était trop tôt pour savoir si le fusil d'assaut Kalachnikov et le revolver retrouvés en possession de Mehdi Nemmouche, un Français de 29 ans, lors de son arrestation vendredi à Marseille (sud de la France) sont bien ceux utilisés pour tuer trois personnes le 24 mai à Bruxelles.

Ses proches n'en reviennent pas

La famille du suspect arrêté s'est dite dimanche "très choquée", après avoir appris la nouvelle "par la télévision".

"On est très choqués. On n'est pas bien et on ne s'y attendait pas", a déclaré à la presse une tante de Mehdi Nemmouche, devant la maison d'un quartier résidentiel de Tourcoing (Nord), où l'homme de 29 ans a vécu quelque temps.

"On l'a appris ce matin aux infos", a-t-elle ajouté, décrivant son neveu, placé dans un foyer d'accueil peu après sa naissance avant d'être hébergé par sa grand-mère à l'âge de 17 ans, comme "quelqu'un de gentil, d'intelligent, scolarisé, qui avait fait une année d'université", mais aussi "très discret" et qui "ne se confiait pas facilement".

La famille n'a "plus eu de contact avec lui" à partir du milieu des années 2000, alors qu'il était en détention.

"Apparemment, il était dans une prison dans le sud. Nous, on ne savait plus rien. Il ne voulait pas donner de ses nouvelles, il ne voulait pas nous causer de problèmes", a expliqué un autre membre de sa famille, qui a requis l'anonymat.

A sa sortie de prison, fin 2012, la famille a "eu la surprise de le revoir. Il est venu faire un petit bonjour, pour nous rassurer, puis on ne l'a plus jamais revu", a témoigné sa tante.

"Il ne fréquentait pas la mosquée, il ne parlait pas de religion (...). C'est forcément en prison" qu'il a pu se radicaliser, a-t-elle assuré.

Le jeune homme était tombé à l'adolescence "dans la petite délinquance", mais son arrestation dans le cadre de l'enquête sur la tuerie du musée juif de Bruxelles, un "acte horrible, odieux", constitue "un fossé", a estimé l'un des membres de sa famille.

Crédit : Photo News

Extradition du suspect demandée

Un mandat d'arrêt européen a été émis par la justice belge en vue de l'extradition de Mehdi Nemmouche, l'auteur présumé du triple assassinat au Musée juif de Bruxelles arrêté vendredi à Marseille.

Le délai d'exécution de l'extradition de l'intéressé n'est pas encore connu, a indiqué dimanche Eric Van der Sypt, porte-parole du parquet fédéral.

Djihadiste revenu de Syrie

Un Français au "profil jihadiste" a été arrêté vendredi à Marseille (sud de la France), soupçonné d'être le tireur qui a abattu trois personnes et fait un blessé grave au Musée juif de Bruxelles le 24 mai, suscitant une grande émotion, a appris dimanche l'AFP de sources concordantes.

Cet homme de 29 ans originaire de Roubaix (nord de la France), Mehdi Nemmouche, "a été arrêté dès qu'il a mis le premier pied en France", a fait valoir le président français François Hollande.

"Nous les combattrons", a dit le chef de l'Etat, en marge d'un déplacement à Trévières dans le Calvados (nord-ouest), au sujet des jihadistes qui rentrent en Europe après avoir combattu en Syrie.

Les procureurs français et belge devaient tenir des conférences de presse séparées simultanées dimanche à 13H00 GMT, ont annoncé les deux parquets.

Le suspect a pour l'instant gardé le silence

Mehdi Nemmouche est soupçonné, selon une source proche de l'enquête, d'avoir été en Syrie en 2013 auprès de groupes jihadistes. Il était fiché pour ces raisons par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a dit cette source.

Remis dès vendredi aux agents de la DGSI, il a été placé en garde à vue pour assassinat et tentative d'assassinat ainsi que pour détention et transport d'armes, en lien avec une entreprise terroriste, a précisé une source judiciaire.

Sa garde à vue, qui a débuté vendredi à la mi-journée, peut durer 96 heures, c'est-à-dire jusqu'à mardi, voire 144 heures, jusqu'à jeudi, si les enquêteurs devaient invoquer une menace terroriste imminente.

Au cours des 24 premières heures, il a gardé le silence, et les sources interrogées par l'AFP estiment qu'il est trop tôt pour évoquer d'éventuelles complicités.

Le suspect, qui se dit sans domicile fixe, a été arrêté à la gare routière Saint-Charles à Marseille par les douaniers, alors qu'il se trouvait dans un autocar en provenance d'Amsterdam via Bruxelles.

Plusieurs indices laissent à penser qu'il s'agit bien du tueur

Selon des sources proches de l'enquête, il était en possession dans ses bagages d'un fusil d'assaut Kalachnikov et d'un revolver avec des munitions. "Des armes du type de celles utilisées le 24 mai a Bruxelles", a expliqué une de ces sources.

"Beaucoup d'éléments concordent avec le tireur de Bruxelles", renchérit une autre source proche du dossier.

Nos confrères de la DH avaient rapporté que le tueur du Musée juif portait une caméra fixée à la bandoulière d'un de ses sacs. Or le suspect a été arrêté avec une caméra portative de type GoPro, à l'instar du tueur Mohamed Merah, qui avait ainsi filmé en mars 2012 à Toulouse et Montauban (France) les meurtres, au nom du jihad, de trois parachutistes puis trois enfants et un enseignant juifs.

Le Congrès juif européen avait immédiatement fait un parallèle entre l'affaire Merah et la fusillade de Bruxelles, qualifiée d'attaque antisémite par de nombreux responsables internationaux.

Parmi les vêtements du suspect, il y avait une casquette semblable à celle que portait, d'après les images de vidéosurveillance diffusées par la police belge, le tireur de Bruxelles.

La section antiterroriste du parquet de Paris a confié l'enquête à la DGSI, à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire et à la direction interrégionale de la PJ de Marseille.

Un bilan de 3 morts et un blessé grave

Inédite dans l'histoire récente de notre pays, la tuerie du Musée juif a fait trois morts et un blessé grave: un couple d'Israéliens, une bénévole française et un employé belge, abattus en plein après-midi. Le parquet fédéral du royaume a qualifié les faits d'"assassinat terroriste".

Après cette fusillade, condamnée dans le monde entier, les autorités ont renforcé la sécurité des synagogues, écoles et centres culturels juifs. Faisant de l'arrestation du tireur la "priorité des priorités", elles ont aussi lancé un appel à la population pour le retrouver, en diffusant des extraits de vidéosurveillance montrant un homme s'approcher du musée situé dans le centre historique de Bruxelles, y entrer et tirer à plusieurs reprises avec une Kalachnikov sortie d'un sac noir, le tout en moins de deux minutes.

Avant l'arrestation de Marseille, le tueur était présenté par les enquêteurs belges comme un "homme déterminé", ayant agi "de sang-froid". Décrit par la police comme "athlétique" et de corpulence moyenne, il serait âgé d'une trentaine d'années, selon un témoin, comme le suspect arrêté en France.

Le "profil jihadiste" de Mehdi Nemmouche, tel que décrit par deux sources proches du dossier, risque de relancer la polémique sur la surveillance des Français qui partent combattre en Syrie.

Quelque 780 personnes vivant en France sont en route vers la Syrie, ont rallié ce pays en guerre ou en sont revenues. La Belgique se bat aussi contre les filières jihadistes, estimant à environ 200 ses ressortissants partis en Syrie pour combattre, souvent aux côtés des Français.


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