La police belge privilégiait deux pistes : celle du néonazisme et celle du djihadisme. Après une semaine d'enquête, et avant l'arrestation intervenue à Marseille, la police belge continuait d'explorer plusieurs pistes pour tenter d'élucider la tuerie du Musée juif de Bruxelles. Elle avait procédé à une première arrestation qui n'avait finalement pas été versée au dossier. Et un autre homme, arrêté parce que sa voiture avait été signalée sur les lieux du drame, avait finalement été disculpé.
Les policiers ne disposaient que d'une certitude : l'homme qui avait ouvert le feu en plein après-midi dans le quartier des Sablons, l'un des plus fréquentés de la ville, était soigneusement préparé. Sa façon de faire, son calme et la rapidité de l'attentat écartait l'hypothèse d'un « tireur fou ». Le tueur à la Kalachnikov avait sans doute repéré les lieux et n'a pas eu une seconde d'hésitation, ni à son arrivé rue des Minimes, où est installé le Musée, ni dans sa fuite à pied par les petites rues, pour écarter tout risque d'être suivi par un témoin ou filmé par des caméras de surveillance.
NÉONAZI OU ISLAMISTE RADICAL ARMÉ ?
Il restait alors à déterminer les motivations du jeune homme, dont des témoins affirmaient qu'il avait une trentaine d'années et portait, accrochée à sa poitrine, une petite caméra destinée à filmer son acte. Les enquêteurs étudiaient prioritairement l'hypothèse d'un néonazi — les premiers témoignages, imprécis, avaient décrit un homme de type européen — ou la piste d'un islamiste radical armé. L'idée que celui-ci aurait pu rentrer des zones de combat syriennes a affleuré à la fin de la semaine dernière.
Les services belges, comme d'autres en Europe, redoutaient depuis longtemps que l'un de ces militants radicalisés et endoctrinés commette, à son retour de Syrie, un acte terroriste. Quelque 250 Belges ont été enrôlés, notamment par l'Etat islamique en Irak et au Levant, la branche syrienne d'Al-Qaida. La ministre de l'intérieur, Joëlle Milquet, a été à l'origine, avec Manuel Valls, puis Bernard Cazeneuve, d'une initiative conjointe d'une dizaine de pays européens en vue de limiter ce risque et favoriser les échanges d'informations. Divers foyers locaux de radicalisation étaient l'objet d'une surveillance étroite en Belgique.
LE PASSÉ DES VICTIMES SCRUTÉ
Dans un premier temps, les policiers et les spécialistes de l'antiterrorisme ont scruté le passé des victimes, sans y trouver d'éléments qui auraient indiqué qu'une ou plusieurs d'entre elles étaient particulièrement visées. Le couple abattu dans l'entrée, Emmanuel et Miriam Riva, des Israéliens en voyage d'agrément, n'étaient, semble-t-il, pas des agents du Mossad, comme l'ont affirmé certains médias à Tel-Aviv, mais des fonctionnaires du ministère des affaires étrangères.
Dominique Chabrier, une sexagénaire française qui vivait en Belgique depuis quelques années, officiait comme bénévole au Musée et n'avait aucune activité politique ou religieuse connue. Le jeune Belge Alexandre Strens, 25 ans, était, lui, chargé de l'accueil du public. Cet ancien étudiant en marketing et communication se décrivait comme « sioniste » mais rien n'indiquait qu'il a été spécifiquement ciblé pour ses convictions.
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