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Israël : propagande et vague de soutien pour trois « adolescents exemplaires »

La société israélienne se mobilise pour les trois adolescents enlevés en Cisjordanie il y a plus d’une semaine. Les marques de soutien se multiplient sur les réseaux sociaux. Le Hamas réplique.

Le Monde

Publié le 21 juin 2014 à 13h50, modifié le 19 août 2019 à 14h51

Temps de Lecture 4 min.

Sous le slogan « Bring back our boys » (Rendez-nous nos enfants) https://twitter.com/search?q=#BringBackOurBoys&src=tyah, en référence à la campagne de soutien aux adolescentes nigérianes enlevées par le groupe islamiste Boko Haram, une campagne virale s’est développée dans le monde entier, notamment sur Facebook et Twitter, en soutien au trois adolescents israéliens. 

En réponse à cette mobilisation, le Hamas aurait diffusé une vidéo, diffusé sur le site internet du quotidien israélien Maariv https://www.youtube.com/watch?v=H7SbDaqvCLM  et des photos montrant des enfants avec trois doigts levés et l’inscription « Trois Shalit » en référence au soldat israélien kidnappé par le Hamas en 2006 et relâché cinq ans plus tard. Cette campagne de propagande fait aussi référence aux quatre doigts brandis par les partisans des Frères musulmans égyptiens. 

Au-delà de la Cisjordanie, le slogan des activistes palestiniens est d’ailleurs repris depuis l’Égypte et la Tunisie où des internautes alimentent une page Facebook nommé « Three fingers » https://www.facebook.com/3.schlalyt . Certaines publications vont jusqu’à réclamer la libération de plus de 3000 prisonniers palestiniens détenus par Israël, en référence aux 1027 personnes relâchées par l’Etat hébreu en 2011 en échange de Gilad Shalit. Quant au slogan « Bring back our boys », il est parfois détourné pour dénoncer la détention de palestiniens mineurs dans les prisons israéliennes et les enfants tués lors de raids israéliens.

En parallèle de ces campagnes sur les réseaux sociaux, l’enlèvement des trois étudiants d’une Yeshiva située en Cisjordanie, dont un colon, pourrait raviver le débat autour de la légitimité des colonies israéliennes. Pour Avraham Burg, cité par Haaretz http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.599318, le peuple palestinien est « une nation entière que nous avons kidnappée ». Selon cet ancien président de la Knesset (parlement israélien), la politique de colonisation israélienne explique des drames de ce type par la souffrance qu’elle engendre au sein de la population palestinienne.

A l’autre extrémité du spectre politique israélien, le rapt des trois adolescents pourrait au contraire permettre un renforcement de la colonisation. D’après le site d’information Al Monitor http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2014/06/kidnapping-settlers-dayan-blatiansky-fogel.html, un ministre israélien aurait déclaré ne pas avoir vu une telle vague de soutien envers les colons depuis des années. Le ministre en question aurait même émis la possibilité que Benyamin Netanyahou profite de ce contexte favorable aux colons pour accélérer sa politique de construction en Cisjordanie. 

Aperçus pour la dernière fois près de la colonie de Gush Etzion au nord d’Hébron, les trois étudiants faisaient du stop pour rentrer de leur Yeshiva (école talmudique). Agés de 16 et 19 ans, Gilad Sha’er et Eyal Yifrach vivent respectivement dans la colonie de Talmon en Cisjordanie et la ville d’Elad en Israël. Le troisième, Naftali Frankel, également âgé de 16 ans est lui originaire du quartier orthodoxe de Nof Ayalon à Modiin et possède la double nationalité américaine.

Benyamin Netanyahou, le permier ministre israélien a accusé le Hamas d’être à l’origine du rapt et ordonné une vaste campagne de ratissage à travers la Cisjordanie de retrouver les trois étudiants. Depuis le début de l’opération, l’armée israélienne a annoncé avoir fouillé plus de 1000 bâtiments et arrêté 330 suspects dont le président du parlement palestinien Aziz Dweik et plusieurs dizaines de membres du Hamas. Les opérations de recherches ont engendré des heurts entre l’armée et la population notamment à Hébron où un jeune palestinien a été tué. En réaction, Mahmoud Abbas, à la tête de l’autorité palestinienne a dénoncé jeudi des  « mesures de châtiment collectif imposées par Israël » après avoir condamné l’enlèvement la semaine dernière.

Cinq jours après leur enlèvement, les familles des trois adolescents kidnappés en Cisjordanie avaient reçu la visite de M. Netanyahou. « Au nom du peuple israélien, je veux vous assurer de mon soutien », a-t-il déclaré aux parents réunis au domicile de la famille Frankle, dans la ville de Modiin en Israël. 

D’origine américaine, les grands-parents de Naftali Frankle ont quitté le quartier new-yorkais de Brooklyn où ils vivaient pour émigrer en Israël en 1956. Bien que l’adolescent soit né en Israël, une grande partie de sa famille vit toujours aux Etats-Unis, notamment à Brooklyn où plusieurs synagogues ont organisé des cérémonies de soutien.

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Interrogé par le Jerusalem Post, (http://www.jpost.com/Special-Reports/Family-and-friends-talk-of-the-kidnapped-boys-359431), l’entourage des victimes, remercie la mobilisation et décrit trois adolescents exemplaires et innocents.

L’oncle de Naftali Frankel évoque un garçon « énergique, doux et engagé dans sa communauté ». « C’est un étudiant brillant, il aime le football, la guitare et tout ce que les jeunes de son âge apprécient »,  continue Yishai Frankle. L’oncle de l’adolescent salue aussi l’aisance de Naftali lorsqu’il lit la Torah le jour du Shabbat à la synagogue : « c’est toujours un plaisir de l’entendre et de discuter avec lui de la prononciation et de l’orthographe de l’hébreu ».

Eli Yemini, porte-parole de la colonie de Talmon, dont est originaire Gilad Sha’er, regrette lui l’enlèvement d’un adolescent « toujours souriant et plein de joie » engagé dans le mouvement Bnei Akiva au sein duquel il animait des activités pour les enfants en tant que moniteur bénévole. Le quotidien israélien rapporte aussi les paroles de Rochelle Penkover, cette voisine et amie de la famille qui vante les mérites d’un pâtissier amateur réputé dans le quartier.  

D’après ces témoignages, ce jeune homme « responsable » n’avait pas l’habitude de faire du stop et informait toujours ses parents lorsqu’il se rendait quelque part.

Maxime Blanchard

Le Monde

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