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Les juifs de France élisent un nouveau grand rabbin

En France, le grand rabbin est considéré comme «la» figure religieuse du judaïsme français. Ici, la grande Synagogue de Marseille. SPEICH Frederic/PHOTOPQR/LA PROVENCE

Élu pour sept ans, il succédera à Gilles Bernheim, convaincu de plagiats littéraires.

Après la chute inattendue et fracassante du grand rabbin Gilles Bernheim, en mars 2013, convaincu de plagiats littéraires, les juifs de France vont choisir, dimanche matin, son successeur pour une durée de sept ans. En France, le grand rabbin est considéré par les pouvoirs publics et par la société comme «la» figure religieuse du judaïsme français. S'il ne dispose pas de pouvoirs réels - beaucoup moins par exemple que le président de la conférence des évêques -, la portée symbolique de sa charge est considérable, à l'intérieur de la communauté comme à l'extérieur. Le grand rabbin est l'autorité religieuse du Consistoire central, créée en 1808 par Napoléon et aujourd'hui régie par la loi de 1905 en tant qu'association cultuelle. Cette structure est censée rassembler toutes les communautés juives de France même si toutes les synagogues n'y adhèrent pas. La représentativité du grand rabbin est ainsi très discutée car celui-ci n'est pas forcément reconnu par l'ensemble des composantes du judaïsme français.

315 représentants - dont seulement 10% de rabbins - issus des communautés vont devoir choisir parmi six candidats, ils étaient dix au départ avant quatre désistements. Le foisonnement inhabituel de candidatures rend le vote plus ouvert que jamais. En 2008, l'élection de Gilles Bernheim s'était jouée entre deux hommes: lui et le grand rabbin Joseph Sitruk, une forte personnalité contre qui peu osaient se présenter et qui avait gardé le mandat pendant une vingtaine d'années! Cette fois, la moyenne d'âge des candidats tourne autour de cinquante ans, ce qui annonce l'arrivée d'une nouvelle génération.

Communautés parallèles

Pour autant cette élection ne passionne pas les synagogues. Les 500.000 juifs français sont plutôt très sérieusement préoccupés par leur avenir dans un pays - mais le phénomène est européen - où l'antisémitisme ordinaire semble à nouveau s'enraciner. Dès lors, beaucoup de juifs sont tentés par l'«ascension», l'«Alya», c'est-à-dire une installation définitive en Israël. L'année 2013 a même marqué un record de départ: 3 300 juifs français ont quitté la France… Un chiffre en hausse de 73% par rapport à 2012!

Le tueur Mohamed Merah, devant l'école juive Ozar Hatorah de Toulouse, est passé par là mais aussi les provocations à répétition de Dieudonné contre les juifs. La montée d'un islam radical dans des quartiers populaires où vivent aussi des familles juives très orthodoxes nourrit ces tensions et la tentation du départ. Autre symptôme, la réapparition de débats en Europe sur des pratiques comme la circoncision ou l'abattage rituel. L'heure est donc au rassemblement des énergies. Et c'est l'autre enjeu de cette élection parmi des juifs divisés où le dynamisme échappe en partie au judaïsme consistorial pour s'épanouir dans des communautés parallèles: traditionnelles, comme les Loubavitch, mais également libérales où la question de la femme et de son statut est mieux reconnue.

Ces débats religieux sont vigoureux mais le nouveau grand rabbin ne sera pas élu sur ce type de critères car les candidats s'inscrivent dans une mouvance orthodoxe modérée ou traditionnelle. L'élu sera plutôt attendu sur sa capacité à rassembler toutes les composantes du judaïsme français, y compris ceux qui ne mettent pas les pieds à la synagogue. Et sur son art de gérer avec tact une communauté prompte aux querelles internes. La question de la surface publique du candidat, assurée avec brio par Gilles Bernheim avant le scandale, n'est même pas un critère décisif cette fois. Les juifs de France voient trop de nuages hostiles s'amonceler: ils entendent serrer les rangs.

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60 commentaires
  • doremifa

    le

    @ FOLKE LORE, bonjour... @ doremifa - coucou Marc... Coucou Israelienne .. "L'indifference, est le plus profond des mepris.." laissez brairent ces jaloux. vous vivez dans le plus democratique pays au monde." Merci, oui,il faut laisser dire...
    ils ne me procurent ni mepris ni colere...ce sont les sympthomes [anciens...toujours renouveles ] de la societe francaise. mais il y a contre cela des gens comme vous et Deus vult qui retablissent l'equilibre...c'est reconfortant. Amities a vous, a Israelienne et a deus vult et Chantal.

  • ISRAELIENNE

    le

    Seraient ce les "suceptibles" qui alertent les messages ou la verite derriere les mots!?

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