Un ado Palestinien tué au lendemain des obsèques de 3 jeunes Israéliens

Des manifestants palestiniens enflamment des pneus dans une banlieue de Jérusalem.
Photo : Ammar Awad / Reuters
Prenez note que cet article publié en 2014 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des heurts entre forces israéliennes et manifestants palestiniens ont éclaté mercredi à Jérusalem après la découverte du corps d'un adolescent palestinien, au lendemain des obsèques des trois jeunes Israéliens enlevés le 12 juin en Cisjordanie.
De source proche des services de sécurité israéliens, on évoque la piste de représailles à ce triple meurtre. L'imputant à des colons juifs, Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, a sommé l'État hébreu de « punir les assassins avec la plus grande sévérité s'il veut vraiment la paix ».
La Maison-Blanche a condamné « dans les termes les plus vifs » l'assassinat du jeune Palestinien et appelé Israéliens et Palestiniens à empêcher que s'enclenche le cycle de la vengeance.
« Les États-Unis condamnent dans les termes les plus vifs le meurtre odieux de l'adolescent palestinien Mohamed Hussein Abou Khoudaïr », a déclaré Josh Earnest, porte-parole de la Maison-Blanche. « Nous demandons au gouvernement d'Israël et à l'Autorité palestinienne de prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher que s'installe un climat de vengeance et de punitions ».
À Paris, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a exprimé dans un communiqué son « horreur face à [cet] assassinat » et appelé à identifier et traduire en justice les auteurs « de ce crime ».
Des habitants de Chouafat, un quartier arabe de la banlieue de Jérusalem, ont dit à un photographe de Reuters avoir vu un adolescent nommé Mohammed Abou Khoudaïr et âgé de 16 ans poussé à bord d'un véhicule devant un supermarché.
Selon Micky Rosenfeld, porte-parole de la police israélienne, les forces de l'ordre ont été averties qu'un jeune homme avait été « poussé dans une voiture et peut-être kidnappé » et des barrages routiers ont été mis en place.
La police, qui a par la suite découvert « un corps dans une forêt de Jérusalem, vérifie s'il existe un lien entre les deux événements », a-t-il ajouté.
Des membres de la famille de Mohammed Abou Khoudaïr ont identifié son corps, selon un membre du Fatah, le parti de Mahmoud Abbas. « Le gouvernement israélien est responsable du terrorisme juif ainsi que des enlèvements et des meurtres commis dans Jérusalem occupée », a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou enjoint à la police d'établir rapidement les responsabilités dans ce « meurtre répugnant ». Le chef du gouvernement appelle également toutes les parties « à ne pas rendre justice elles-mêmes ».

Des enquêteurs de la police israélienne sur la scène de crime, dans une forêt près de Jérusalem.
Photo : Ronen Zvulun / Reuters
Un acte « méprisable et choquant »
Après l'annonce de la découverte du corps de l'adolescent enlevé à Chouafat, plusieurs centaines de manifestants ont bloqué une voie ferrée de Jérusalem et s'en sont pris aux services de sécurité israéliens. Cibles de jets de pierres, ils ont riposté par des tirs de balles caoutchoutées. Aucun blessé grave n'a été signalé.
Les trois jeunes Israéliens, dont les corps ont été retrouvés lundi, près de trois semaines après leur disparition à proximité de la ville de Hébron, en Cisjordanie, ont été inhumés mardi à Modi'in en présence de plusieurs milliers de personnes. Le gouvernement israélien a imputé leur mort au Hamas, qui n'a ni confirmé ni démenti, mais s'est félicité de leur enlèvement.
Réagissant à la mort Mohammed Abou Khoudaïr, l'oncle d'un des trois jeunes Israéliens s'est opposé à toute vengeance. « Le sang est le même pour tous. Un meurtre est un meurtre. Le ciel interdit qu'on se fasse justice soi-même », a-t-il déclaré au micro de la radio militaire.
Pendant les obsèques des trois adolescents, des manifestants scandant « Mort aux Arabes ! » se sont rassemblés dans une rue de Jérusalem. La tension était également très vive en Cisjordanie, où 40 Palestiniens ont été arrêtés ce jour-là. Mercredi matin, quatre personnes ont en outre été blessées par balles lors d'une opération israélienne à Jénine.
Mahmoud Abbas, qui a condamné le meurtre des trois jeunes Israéliens, a demandé au premier ministre israélien de faire de même pour celui de Mohammed Abou Khoudaïr, rapporte l'agence de presse Wafa.
Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Yitzhak Aharonovitch, a souligné qu'il était trop tôt pour tirer des conclusions sur les mobiles du meurtre. « Nous savons qu'un
garçon a apparemment été enlevé et nous établissons un lien avec la découverte d'un corps. Mais les examens médico-légaux et le travail des enquêteurs sont encore en cours », a-t-il dit.
Son collègue de l'Intérieur, Uri Ariel, a parlé pour sa part d'un acte « méprisable et choquant » et invité la police « à ne pas ménager ses efforts pour appréhender les assassins aussi vite que possible et pour les livrer à la justice. »
Renouant avec une pratique abandonnée depuis 2005, les forces israéliennes ont par ailleurs rasé mercredi la maison d'un Palestinien accusé d'avoir abattu un policier en avril.