Gaza, privée de courant, broie du noir

Faute de carburant, l'unique centrale électrique de la Bande de Gaza a cessé d'alimenter des milliers de foyers dimanche. Les générateurs privés tournent à plein régime pour préserver les produits frais, et le soir, seuls les lampes à gaz et les bougies assurent aux Gazaouis un maigre éclairage.

Olivier le Bussy
Gaza, privée de courant, broie du noir
©AP

Faute de carburant, l'unique centrale électrique de la Bande de Gaza a cessé d'alimenter des milliers de foyers dimanche. Les générateurs privés tournent à plein régime pour préserver les produits frais, et le soir, seuls les lampes à gaz et les bougies assurent aux Gazaouis un maigre éclairage. Israël avait exigé, vendredi, la fermeture, pour raisons sécuritaires, du terminal de Nahal Oz, qui alimente la centrale en carburant, avant d'autoriser la reprise de l'acheminement de fioul. Ce qui n'a pas empêché la fermeture de la dernière unité de production d'électricité de Gaza pour cause de panne sèche dimanche.

Après Israël, c'est l'Union européenne qui se retrouve derrière le bâton. Dimanche, la Commission a suspendu le paiement des livraisons de carburant fourni par la compagnie israélienne Dor Allon pour approvisionner la centrale. Bruxelles s'acquittait chaque mois d'une facture de 6,5 millions d'euros, destinée à assurer un quart de la production en électricité dans la Bande de Gaza - le reste étant pris en charge par Israël et l'Egypte, respectivement à hauteur 70 et 5 pc. Mais l'UE refuse désormais de verser le moindre centime tant qu'elle n'aura pas reçu l'assurance que le Hamas - qui a pris, par la force, le contrôle de la Bande de Gaza en juin dernier - ne lèvera pas une taxe sur la facture d'électricité. "Que ce soit sous la forme d'une taxe ou par un autre moyen, nous avons reçu des informations indiquant que le Hamas cherchait à détourner des fonds provenant de la production d'électricité à Gaza",

Informations fournies par l'Autorité palestinienne (AP) ? Silence radio de la Commission. Des responsables israéliens ont cependant indiqué que c'était à la demande du Premier ministre palestinien Salam Fayyad que l'UE avait cessé de régler la facture de fioul. Et le ministre palestinien de l'Information, Riyad al-Malki, a déclaré que l'AP avait prévenu le Hamas que "Gaza serait plongée dans l'obscurité" si le mouvement islamiste persistait "à conserver les millions collectés auprès de la population et à les distribuer" . Selon le mécanisme d'aide mis en place par l'UE, la compagnie publique percevait les factures d'électricité avant de reverser les sommes au Trésor palestinien. Or, dit-on à Ramallah, l'AP n'a plus vu la couleur de cet argent depuis qu'elle a été chassée de Gaza.

Combien de temps ?

L'UE ayant étiqueté le Hamas comme organisation terroriste, la Commission ne tient absolument pas à ce que les fonds européens garnissent les poches du mouvement islamiste. "Nous sommes prêts à fournir notre assistance, pour autant que les conditions que nous avons fixées soient remplies", justifie Antonia Mochan.

Le Hamas, de son côté, dément les accusations de l'AP et reproche à l'UE de lui faire un procès d'intention : "Il n'y a aucune nouvelle taxe et nous n'avons pas l'intention d'en introduire sur l'électricité. Nous sommes prêts à donner toutes les assurances nécessaires", s'est défendu un haut responsable du mouvement islamiste. "Nous reprendrons notre aide quelques heures après avoir reçu les garanties que nous demandons", rétroque Antonia Mochan. Avant d'ajouter : "Mais je ne peux pas dire quand nous les recevrons." Autrement dit, nul ne sait combien de temps se prolongera la pénurie d'électricité.

En attendant, ce nouvel épisode aggrave les conditions de vie, déjà précaires, de la population. "Notre vie devient de plus en plus difficile. Les frontières sont fermées, il n'y a plus de travail, et maintenant, on nous coupe l'électricité" , se lamente la Gazaouie Oum Jaber.

(avec AFP)

© La Libre Belgique 2007

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