« La haine qui s'exprime n'est pas liée à ce qui se passe à Gaza ». A la suite des incidents qui se sont produits dimanche en fin d'après-midi devant des synagogues parisiennes, en marge d'un rassemblement en soutien à Gaza, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, dénonce un climat de haine contre les Juifs en France, dans un entretien à Libération mercredi 16 juillet.
Après une marche propalestinienne qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes à Paris, certains manifestants se sont rendus à proximité de deux synagogues, rue de la Roquette et rue des Tournelles. Des CRS ont dû intervenir pour les repousser et mettre fin à un début d'échauffourée avec des membres de la communauté juive devant la synagogue de la Roquette.
« La situation était très traumatisante, vraiment traumatisante pour ceux qui étaient à l'extérieur et à l'intérieur, pour les amis, pour la famille », explique Haïm Korsia, évoquant « une foule complètement hystérique et dangereuse ».
« Une fois de plus ce sont les juifs qui sont l'objet d'une haine profonde, mais ne soyons pas dupes du prétexte géopolitique : l'antisionisme a les mêmes habits que l'antisémitisme. (...) Si c'était vraiment lié à l'actualité internationale, on aurait vu des gens manifester à Paris contre ce qui se passe en Syrie ou des massacres de populations dans le monde. Mais non, ce qui s'exprime c'est l'obsession anti-israélienne et antisémite. Une haine qui se manifeste au quotidien même quand il n'y a pas de guerre : des jeunes juifs sont frappés dans le métro, dans la rue… »
« UNION ET RASSEMBLEMENT »
Le premier ministre Manuel Valls a également évoqué ces incidents à l'Assemblée nationale, après avoir été interpellé par le député-maire de Nice Christian Estrosi, qui avait affirmé que la « République » était « en danger » en raison des « violences communautaires ».
« Je souhaiterais que dans ces moments-là et face à des débordements tout à fait intolérables, il y ait de la part de la représentation nationale et de la part de tous les responsables politiques – comme cela a été souvent le cas – une capacité d'union et de rassemblement », a répondu M. Valls.
Lundi, François Hollande avait déclaré au cours de l'interview télévisée du 14-Juillet que « le conflit israélo-palestinien ne p[ouvait] pas s'importer », ajoutant que « l'antisémitisme ne peut pas être utilisé parce qu'il y a un conflit entre Israël et la Palestine ».
LES LEADERS MUSULMANS APPELLENT AU CALME
Les leaders musulmans ont également réagi après ces violences. Le recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP), Dalil Boubakeur, a appelé « l'opinion musulmane » au calme, « recommand[ant] fermement le respect des lieux de culte sans exception ». Avant de condamner « de tels débordements », qui « ne doivent pas perturber la vie des Français, quelle que soit leur confession ».
De son côté, le président de l'Union des mosquées de France, Mohammed Moussaoui, « considère que les manifestations pacifiques de soutien au peuple palestinien face à l'escalade meurtrière dont il est victime sont légitimes et justifiées », mais il « considère que les manifestations pacifiques de soutien au peuple palestinien face à l'escalade meurtrière dont il est victime sont légitimes et justifiées ».
« Une telle action, fermement condamnable et moralement injuste et inacceptable, nuirait également aux intérêts du peuple palestinien et au soutien qu'il pourrait avoir dans l'opinion publique française. »
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