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À Gaza, une incursion terrestre plutôt qu'une invasion

Les rues de Gaza sont désertes vendredi 18 juillet. Lefteris Pitarakis/AP

REPORTAGE - L'idée du cabinet de sécurité israélien ne semble pas être de reconquérir la bande de Gaza qu'Israël avait volontairement évacuée en 2005.

Jonchées d'ordures non ramassées, les rues de Gaza sont absolument désertes ce vendredi 18 juillet. Avertis par des messages préenregistrés, reçus sur leurs portables, prononcés en langue arabe et envoyés par les Forces de Défense d'Israël (FDI), les Gazaouis savent que ces dernières sont passées à l'offensive terrestre. Chacun reste chez soi, en priant qu'aucun immeuble du quartier proche ne sera pris pour cible par les bombes guidées au laser de l'aviation israélienne.

Du toit de notre hôtel, situé le long du littoral à 5 kilomètres au sud de la frontière avec Israël, on n'entend que le bruit des vagues, le murmure des drones dans le ciel et le ronronnement d'un groupe électrogène, dans un territoire où la centrale électrique ne fonctionne que par intermittence. En direction du nord-est, on aperçoit de temps à autre un champignon de poussière s'élevant vers le ciel, puis on entend le bruit sourd de la détonation. C'est Tsahal qui dynamite les tunnels construits sous la barrière de protection d'Israël par les combattants du Hamas, le mouvement islamiste contrôlant Gaza d'une main de fer depuis 2007.

La hantise de l'état-major israélien est que se reproduise l'incident du 25 juin 2006, où un commando du Hamas avait réussi, grâce à un tunnel, à s'infiltrer sur le territoire de l'État Juif, à faire prisonnier le caporal Gilad Shalit, et à le ramener dans la bande de Gaza. Lancée le 28 juin, l'Opération «Pluies d'été» des FDI n'avait pas réussi à ramener chez lui le jeune conscrit. Par l'intermédiaire de l'Allemagne et de l'Égypte, des négociations furent ouvertes. Elles n'aboutirent qu'en octobre 2011. Le soldat israélien fut libéré en échange de la libération de mille prisonniers palestiniens, dont 280 purgeaient des peines à perpétuité, car condamnés pour avoir commis des crimes de sang.

Le 16 juillet 2014, l'aviation israélienne avait repéré un commando de treize palestiniens armés sur le territoire israélien, alors qu'ils sortaient d'un tunnel et se mettaient à courir. Ils furent immédiatement tués par un tir de missile air-sol.

Détruire tous les tunnels

L'idée du cabinet de sécurité israélien, dirigé par le Premier ministre Benyamin Netanyahou, ne semble pas être de reconquérir une bande de Gaza qu'Israël avait volontairement évacuée en 2005. Son objectif réel n'est même pas de désarmer le Hamas, mission impossible, tant ses roquettes sont nombreuses et disséminées à travers tout le territoire. Il s'agit d'une incursion plutôt que d'une invasion terrestre. Avec pour but de détruire tous les tunnels qui permettent au Hamas de se ravitailler en armes à l'extérieur ou de faire pénétrer des commandos sur le territoire israélien.

L'opération a déjà fait au moins trente morts parmi les Palestiniens, selon les autorités médicales sur place, ainsi qu'un mort dans les rangs de l'armée israélienne. Mais cela reste une guerre de basse ou moyenne intensité, sur un territoire aujourd'hui peuplé d'1,8 million de Palestiniens, petits-enfants des réfugiés de la guerre israélo-arabe de 1948. Dans ce conflit asymétrique qui est tout sauf une guerre totale, la politique et la diplomatie restent au premier plan. Netanyahou doit rester ferme face à son opinion publique, tout en tenant compte des appels à la modération lancés par le secrétaire général des Nations Unies et par le président des États-Unis d'Amérique, le principal allié de l'État hébreu. Au moment même où les chars israéliens tirent sur les positions du Hamas, les tractations entre les deux parties se poursuivent discrètement au Caire…

À Gaza, une incursion terrestre plutôt qu'une invasion

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110 commentaires
  • Poulun17

    le

    Palestiniens, vous êtes des êtres humains à part entière. Vous ne devez pas acceptez la colonisation, ne courbez pas l'échine...

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