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Violences à Barbès et Sarcelles : inquiétude et fermeté au sommet de l'État

Manuel Valls lors de son discours pour le 72e anniversaire de la rafle du Vél d'Hiv, dimanche à Paris. FRANCOIS GUILLOT/AFP

VIDÉO - Conformément à la crainte formulée par le président de la République le 14 Juillet, le conflit israélo-palestinien s'est bel et bien «importé» en France.

Samedi, un drapeau d'Israël que l'on brûle et un déchaînement de violences dans le quartier de Barbès, à Paris. Dimanche, des jets de cocktail Molotov en direction de la synagogue et des dégradations à Sarcelles, une ville de la région parisienne où réside une importante communauté juive. Une semaine plus tôt, plusieurs synagogues parisiennes avaient déjà été visées tandis que des manifestants extrémistes scandaient: «Mort aux juifs.»

Conformément à la crainte formulée par le président de la République le 14 Juillet, le conflit israélo-palestinien - «ces querelles trop loin d'ici» - s'est bel et bien «importé» en France. Les manifestations pro-Gaza se multiplient dans l'Hexagone. La grande majorité se déroule dans le calme. D'autres, interdites, dégénèrent dangereusement, donnant à voir l'image d'une France morcelée, fragmentée.

Au sommet de l'État, c'est l'inquiétude qui prévaut. «Nous sommes vigilants et attentifs. Nous cherchons à apaiser la situation», lâche un conseiller de l'Élysée où les réunions s'enchaînaient dimanche en fin de journée. «Le premier ministre est très préoccupé par l'état de la société et il s'inquiète de ces débordements qui mélangent tout», confie-t-on à Matignon. Manuel Valls, ancien maire de la ville sensible d'Évry, redoute-t-il de voir s'enflammer d'autres banlieues après Sarcelles? «Le contexte national et international est tendu mais, à ce stade, aucun signe ne nous permet de dire qu'il pourrait y avoir une contagion», confie une source policière. Sur ce point précis, Matignon ne souhaite pas répondre. Même silence à l'Élysée.

«Un antisémitisme d'une forme nouvelle»

L'inquiétude était perceptible dimanche matin lorsque Manuel Valls a prononcé son discours pour la commémoration du 72e anniversaire de la rafle du Vél d'Hiv. Notamment quand il a évoqué «un antisémitisme d'une forme nouvelle qu'il est hors de question de nier ou de cacher, et qu'il faut regarder en face». Un antisémitisme qui, a souligné le premier ministre, «se répand sur Internet, sur les réseaux sociaux, se répand aussi dans nos quartiers populaires, auprès d'une jeunesse souvent sans repères, sans conscience de l'histoire et qui cache sa haine du juif derrière un antisionisme de façade et derrière la haine de l'État d'Israël».

Dans l'après-midi, François Hollande affichait la même gravité en décorant à l'Élysée Beate et Serge Klarsfeld. Il faut, a dit le président, «faire en sorte que ne soit toléré aucun acte, aucune parole qui puisse faire ressurgir l'antisémitisme et le racisme».

« Ce qui s'est passé (samedi) encore à Paris, des débordements inacceptables, justifie d'autant plus le choix qui a été fait avec courage par le ministre de l'Intérieur d'interdire une manifestation »

Manuel Valls

Les deux têtes de l'exécutif ont choisi la fermeté en interdisant certains rassemblements. Valls a réaffirmé dimanche cette fermeté. «Ce qui s'est passé (samedi) encore à Paris, des débordements inacceptables, justifie d'autant plus le choix qui a été fait avec courage par le ministre de l'Intérieur d'interdire une manifestation. La France ne laissera pas les esprits provocateurs alimenter je ne sais quel conflit entre les communautés», a-t-il martelé, ajoutant que la lutte contre l'antisémitisme est «le combat de chacun d'entre nous, de toute la nation».

Le premier ministre répondait là aux critiques concernant l'interdiction de certains rassemblements. Le député UDI Yves Jégo estime qu'elle peut être considérée comme une forme de «provocation». Et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), unique parti à avoir appelé à manifester, juge les débordements inévitables «au vu du dispositif policier» et «de la volonté du gouvernement de museler toute opposition à son soutien à la guerre menée par l'État d'Israël». Un autre rassemblement pro-Gaza est prévu mercredi à Paris. La décision de son interdiction éventuelle n'était pas prise dimanche soir.

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256 commentaires
  • Levieu

    le

    Ça fait deux ans qu'on constate le contraste entre la fermeté des propos gouvernementaux, souvent volontaristes, et l'absence d'actions cohérentes pour se débarrasser de cette lèpre qu'est devenue, chez nous, la violence urbaine.
    Les causes les plus diverses y sont prétexte. Par contre, on y retrouve toujours les mêmes fauteurs de troubles. Seul le gouvernement semble l'ignorer!

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