Gaza : Le Hamas refuse un cessez-le-feu
Le chef du Hamas, Khaled Mechaal, a annoncé mercredi son rejet d'un cessez-le-feu avec Israël dans la bande de Gaza avant une levée du blocus imposé depuis des années à l'enclave palestinienne.
- Publié le 23-07-2014 à 21h01
- Mis à jour le 23-07-2014 à 21h13

Le chef du Hamas, Khaled Mechaal, a annoncé mercredi son rejet d'un cessez-le-feu avec Israël dans la bande de Gaza avant une levée du blocus imposé depuis des années à l'enclave palestinienne. "Nous rejetons aujourd'hui et nous rejetterons à l'avenir" la proposition d'un cessez-le-feu préalable à des négociations sur les revendications du Hamas, dont la levée du blocus, a déclaré M. Mechaal lors d'une conférence de presse à Doha, au Qatar.
Des "progrès" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza, selon Kerry
Le chef de la diplomatie américaine John Kerry a estimé mercredi que des "progrès" avaient été faits vers une trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, après des entretiens en Israël et en Cisjordanie.
"Nous avons fait des progrès ces dernières 24 heures" en vue d'un cessez-le-feu, a dit devant les journalistes M. Kerry, qui a rencontré également en soirée le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
En début de journée, au début d'une rencontre à Jérusalem avec le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon qui s'est ensuite rendu à Amman, M. Kerry avait souligné que "quelques pas" avaient été faits, mais qu'il restait du travail.
Après sa rencontre à Ramallah en Cisjordanie occupée avec le président palestinien Mahmoud Abbas, il a dit qu'il était ouvert à tout forme de trêve. "Toutes les questions seront sur la table", a-t-il dit, refusant d'élaborer, notamment sur les changements qui pourraient être apportés à une proposition égyptienne de trêve présentée il y a une semaine.
Celle-ci, soutenue par la Ligue arabe et acceptée par Israël, mais rejetée par le Hamas prévoit un cessez-le-feu puis des négociations indirectes.
La formation palestinienne qui contrôle la bande de Gaza conditionne tout accord à la levée du blocus israélien imposé depuis 2006, la libération de prisonniers et l'ouverture de la frontière avec l'Egypte.
M. Kerry a souligné que la proposition égyptienne pouvait servir de "cadre de travail", tout en affirmant que l'urgence était de mettre rapidement fin aux violences qui ont fait depuis le lancement de l'opération israélienne le 8 juillet plus de 680 morts palestiniens, 34 israéliens, dont 32 soldats, et un travailleur thaïlandais.
Si un compromis est trouvé, il y aura ensuite "de sérieuses négociations pour trouver une solution durable à la situation à Gaza", a expliqué un responsable voyageant avec M. Kerry, sous le couvert de l'anonymat.
M. Kerry a annoncé qu'il retournerait au Caire après ses entretiens en Israël. L'Egypte, voisin de l'Etat hébreu et de la bande de Gaza, a longtemps été le médiateur traditionnel dans les conflits entre Israël et le Hamas.
Mais la situation est désormais plus compliquée, car le Hamas a été interdit en Egypte, les nouvelles autorités le considérant comme un allié des Frères musulmans du président destitué Mohamed Morsi, déclarés "terroristes".
M. Kerry a en outre téléphoné aux ministres des Affaires étrangères de Turquie et du Qatar -des alliés du Hamas- ainsi qu'avec des diplomates égyptiens et français.
L'ONU lance une enquête
Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a lancé mercredi une commission internationale d'urgence pour enquêter sur "toutes les violations" qui auraient été commises dans le cadre de l'offensive israélienne à Gaza, où plus de 670 Palestiniens ont été tués, en vue de juger les responsables.
Une résolution en ce sens, déposée par la Palestine, a été adoptée par 29 voix pour, 17, 1 voix contre (les Etats-Unis) et 17 absentions, lors d'une session extraordinaire du Conseil demandée par les pays arabes pour exiger le respect du droit international dans les Territoires palestiniens occupés.
Parmi les 47 Etats membres du Conseil, seuls les Etats-Unis se sont opposés à la résolution palestinienne. Le représentant américain auprès du Conseil, Keith Harper, a souligné que "nous travaillons intensément pour garantir une cessation immédiate des hostilités mais cette résolution ne va pas nous aider". Tous les pays européens présents au Conseil, dont la France, l'Allemagne et le Royaume-Unis, se sont en revanche abstenus. Tout comme le Japon.
Un peu plus tôt, la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, avait appelé à une enquête sur de possibles crimes de guerre commis par Israël à Gaza, et avait dénoncé aussi les attaques aveugles menées par le Hamas contre des zones civiles.
La résolution adoptée par le Conseil après presque sept heures de débats condamne "les violations généralisées, systématiques et flagrantes des droits de l'Homme et des libertés fondamentales" découlant des opérations militaires israéliennes menées depuis le 13 juin, dans les Territoires Palestiniens occupés, "en particulier la dernière offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza (...) qui a impliqué des attaques sans discrimination et disproportionnées (...) , qui peuvent constituer des crimes internationaux".
Elle demande "d'envoyer d'urgence une commission d'enquête indépendante, internationale" pour enquêter sur ces violations et invite les enquêteurs à dresser une liste des "violations et des crimes perpétrés" et "d'identifier ceux qui en sont responsables" en vue de les juger et de "mettre fin à l'impunité".
Le texte demande par ailleurs de placer les Palestiniens sous "protection internationale immédiate". Il appelle à "une cessation immédiate des attaques militaires israéliennes" et "à mettre fin aux attaques contre les civils, y compris des civils israéliens".
La résolution demande aussi à la Suisse, en tant qu'Etat dépositaire des conventions de Genève - des textes fondamentaux du droit humanitaire -, d'organiser une conférence d'urgence sur la situation dans les Territoires occupés. Une lettre en ce sens, datée du 9 juillet, a déjà été envoyée par le président palestinien Mahmoud Abbas à Berne.µ